CHAPITRE 37 - Tout au bord du monde

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Je ne m'étais pas attendue à surprendre des éclats de voix aussi élevés depuis les battants de bois. Pour moi, la maison de Malefoy était tout austère que lui et sa famille, les conventions devaient en suinter les murs. Pourtant, c'était bien les échos de ce qui semblait être une violente dispute qui me venaient.

— Je n'arrive pas à croire que tu aies pu te montrer aussi égoïste et inconscient jeune homme ! Après tout ce que nous avons fait pour toi, afin que tu puisses mener une existence normale, c'est ainsi que tu nous remercies ?!

— Une existence normale ? s'indignait la voix de Scorpius – la seule que je reconnaissais sans l'ombre d'un doute. Rien de tout cela n'est normal ! Je suis vide ! Savez-vous ce que cela fait que de voir, tous les jours, dans les yeux de quelqu'un à quel point cette personne est éprise de vous sans jamais rien pouvoir y faire ? Pire ! Savez-vous ce que cela fait que de ressentir tout cela en sachant que jamais vous ne serez en mesure de connaître cela un jour ? Si je menais une existence normale, je n'aurais pas à subir cela. Je me serai simplement demandé si c'était la bonne, peut-être que j'aurais vraiment pu décider de n'en avoir rien à faire ! Vous m'avez volé toutes mes perspectives !

— Scorpius... tu y vas un peu fort..., commenta Eglantine.

Je me raidis. Que fichait Eglantine ici ? Et surtout, de quoi parlaient-ils tous ? Est-ce qu'Eglantine savait depuis le début ce que Scorpius me cachait comme Rachel le soupçonnait depuis des jours ?

— Non ! C'est de ma vie qu'il s'agit !

— Scorpius, c'est assez !

Il n'y avait aucun doute sur l'appartenance de cette voix : le père de Scorpius faisait sans aucun doute un patriarche des plus autoritaires. Quel dommage que je le déteste cordialement. L'homme ne m'inspirait pas la moindre confiance. Sa mère, c'était autre chose. Je ne l'aimais pas non plus, mais la façon dont elle étouffait son fils d'amour, bien qu'écœurante, avait aussi quelque chose d'attendrissant. Je n'étais pas certaine que Scorpius ait réellement bénéficié de la moindre affection parentale durant ses jeunes années. Je n'aurais pas été surprise d'apprendre qu'il avait été uniquement éduqué par des précepteurs.

Malgré l'éclat de son père, Scorpius ne se tut pas, et cela sembla choquer absolument toutes les personnes présentes dans la pièce.

— Non ! Non, ce n'est pas assez ! Je suis désolé si je te prends de court papa, cependant il y a beaucoup d'éléments que vous semblez tous oublier dans cette équation. À commencer par la malédiction que je dois subir parce que tu as offensé la mauvaise personne, papa. Je suis celui qui doit accepter de vivre sa vie dans la solitude. Je ne suis pas fou, je sais très bien que je ne ressentirai jamais rien de romantique pour elle, mais vous ne vous laisserai pas mettre fin à cette relation. J'en ai trop besoin.

— Scorpius, je ne suis pas certaine que tu réalises des conséquences que cette situation implique...

— C'est moi qui subis ces conséquences maman, penses-tu sin-cèrement que je n'y ai pas songé ?

— Elle finira par tomber amoureuse de toi, c'est inévitable avec ce genre de relation. Que crois-tu que cela lui fera quand elle comprendra qu'elle ne pourra jamais s'autoriser à croire qu'il en sera de même pour toi ? Je comprends que cela soit difficile à envisager pour toi parce que tu ne peux littéralement pas tomber amoureux, cependant je t'assure que tu vas vraiment faire souffrir cette jeune fille si tu persistes dans ton dessein. Je comprends que la solitude t'écrase, mon fils, mais pense au mal que tu répandrais autour de toi.

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant