CHAPITRE 11 - En colère

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SCHHHHLAC ! Mes rideaux de baldaquin brusquement repoussés contre la colonne en bois de mon lit, la lumière du jour me brûla les paupières.

— Rose, lève-toi !

— Weasley n'est toujours pas debout ? s'étonna la voix de Sasha Kirkman plus loin.

Je me retournai dans mes couvertures, avec la ferme intention de me noyer dans mon lit. Mais Rachel en avait décidé autrement. J'avais super mal au ventre, et j'avais l'impression que la fanfare de l'école s'était décidée à jouer l'un de leurs abominables concerts dans ma tête. Quelqu'un s'assit dans mon lit et une main glacée se posa sur mon front. Je gémis.

— Tu es malade Rose ? Tu veux que j'aille chercher le professeur Londubat ? demanda Rachel avec une insupportable considération.

— Non. Pas...Malade.

— Elle n'est pas malade, claqua la voix de Laura et je devinai le regard curieux et préoccupé de Rachel sur elle. Elle a la gueule de bois.

Je sentis le mouvement de recul de Rachel dans mon lit. Les vagues de son jugement qui s'abattirent sur moi et qui émanaient d'elle me firent frissonner. Mes narines se dilatèrent, ma respiration se fit ample et lourde, comme si elle pesait physiquement sur mon cœur dont les battements s'étaient accélérés. Et si le monde se décidait à me foutre la paix, hein ? J'enfouis mon visage dans mon oreiller, fuyant l'accablante clarté du jour.

— C'est vrai, Rose ?

— Laisse-moi dormir, baragouinai-je.

Laura émit un ricanement méprisant. La porte du dortoir claqua dans ma tête comme un coup de feu. La main de Rachel, froide, relaxante, et bizarrement agaçante, me caressait les cheveux. J'avais envie de la prendre et de la serrer très fort, pour lui faire le plus de mal possible.

— Je rêve ! protesta Rachel, depuis quand tu bois en semaine, Rose ?

Je poussai un long soupir. Elle ne me laisserait pas me rendormir et sécher les cours. Je maudis ma meilleure amie et la traitai de tous les noms dans ma tête. Elle ne pouvait donc pas me laisser tranquille ? Je savais qu'elle pensait bien faire en prenant soin de moi de la sorte, mais je n'avais qu'une seule envie : qu'on cesse de m'importuner. Pas qu'on me materne et qu'on me dise ce que je dois faire comme si j'étais un enfant de cinq ans incapable de s'habiller seul. Quoique. A cinq ans, les enfants savent sûrement déjà s'habiller seuls. A quel âge en moyenne, un enfant apprend-t-il à s'habiller seul ? Je me redressai et adressai un regard noir à Rachel. J'avais quand même très envie de lui demander son avis sur les enfants de cinq ans.

— Je n'ai pas besoin que tu me fasses la morale Rachel pour que je sache que j'ai déconné ! Tu te prends pour qui ? Ma mère ? Ma conscience ?

Je vis dans son regard que mes propos l'avaient heurtée. Une part de moi s'en voulait, et l'autre part – celle qui subissait les assauts criards de cette fichue fanfare – s'en fichait et désirait enfoncer le clou.

— Très bien, conclut-elle d'un ton sec. Je suis désolée de m'inquiéter pour toi, parce que tu as la gueule de bois et que tu es incapable de te sortir de ton lit pour aller en cours, apprendre et pouvoir réussir tes examens de fin d'année.

— Je suis parfaitement capable de me sortir du lit toute seule, beuglai-je la voix pâteuse.

Rachel arqua un sourcil, pas convaincue. Je rejetai brusquement ma couverture à mes pieds et me levai. Le coin de sa bouche frémit, comme si elle se retenait de sourire. Elle m'avait eu la garce. Je soufflai, à la fois agacée et amusée. En me dirigeant vers la salle de bain, je lui dis :

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant