CHAPITRE 10 - Magnétisme

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En face de moi, Luke Donovan se servit une quatrième part de tarte, qu'il dévora. Je me demandai, une fois de plus où est-ce qu'il pouvait bien stocker toute cette nourriture. Plutôt grand et sec, Luke Donovan semblait être l'allégorie vivante de ce vieil adage qui stipule qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Il avait la tête du bon copain, toujours souriant lorsqu'il n'était pas plongé dans un de ses bouquins.

Des yeux noisette, des cheveux bruns, de grandes fossettes, Donovan me donnait l'impression d'être le rigolo de la bande de Malefoy avec son humour pince-sans-rire qui s'accordait magnifiquement bien avec son caractère studieux. Albus m'avait dit qu'il avait l'ambition d'écrire de grands best seller. J'étais sceptique. Cependant, malgré son caractère paisible mais pas trop, Donovan me laissait une étrange impression. Comme s'il cachait quelque chose ou qu'il jouait un rôle.

Parfois, je surprenais un regard, un sourire, un tic nerveux, qui me hurlaient que Donovan n'était pas vraiment celui qu'il laissait croire qu'il était. J'étais certaine qu'il y avait un truc en plus, un truc qu'il ne montrait pas. J'avais cette impression, au fond de moi : on ne savait pas tout. Mais j'étais désormais bien placée pour savoir que nous avions tous nos petits secrets et celui de Donovan ne m'intéressait pas une seule seconde. Ce qui m'intriguait en revanche, c'était qu'Albus semblait déterminé à faire semblant de ne rien à voir.

Et je connaissais Albus par cœur. Au fond de lui, il savait que Donovan cachait un truc, c'était trop évident. C'était juste trop bizarre qu'Albus ne cherchasse pas à en savoir davantage. Il n'était pas du genre à être dans le déni. Je n'avais jamais abordé ouvertement le sujet avec Albus, pourtant.

— Luke, tu peux me donner une part de tarte s'il-te-plaît ? demanda Al à son ami, dont les yeux convoitaient avec avidité ladite part.

— Non, répondit tranquillement Donovan, engloutissant la part en question.

Albus ouvrit des yeux ronds, faussement scandalisé et mit ses mains sur sa poitrine d'un air théâtral.

— N'as-tu donc pas de cœur ? fit mon cousin.

— Mon estomac prend déjà trop de place, rétorqua Donovan sans broncher.

Albus explosa de rire et se résolu à prendre un pancake à la place.

— Rachel n'est pas là ? m'interrogea Albus la bouche pleine.

— Elle pionce, expliquai-je la voix enrouée de fatigue.

Al acquiesça. Malefoy arriva à cet instant et se laissa tomber lourdement entre Albus et Donovan, pile en face de moi. Je me plongeai immédiatement dans la contemplation de mon assiette, pourtant dénuée d'intérêt. Si je l'observai, j'allais encore brûler d'envie de le toucher. Jamais je n'avais eu à lutter autant contre mes désirs. C'était insupportable.

— Tu aurais pu me réveiller, grogna Scorpius à l'intention de Donovan.

— Sûrement pas, pour une fois que tu dormais normalement, répondit tranquillement le Serpentard.

Scorpius avait des difficultés pour dormir ? Voilà qui expliquait sa perpétuelle attitude passive/agressive. Il ignora la remarque de son ami et releva les yeux sur moi. J'eus le malheur de l'imiter – pur hasard – et je croisai son regard. Mon cœur rata un battement. Comme à chaque fois que je le voyais depuis ce qui s'était passé la semaine dernière, je ne pus m'empêcher de repenser à cette fameuse soirée. Un nuage de chaleur éclata dans ma poitrine. Et évidemment, j'eus envie de passer mes mains sur la sienne en attrapant le même plat que lui, ou bien d'effleurer malencontreusement sa cheville avec mon pied. Je résistai. J'avais évité Scorpius toute la semaine.

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant