CHAPITRE 35 - Les copines avant les connards

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J'avais quitté le manoir de Scorpius en Magicobus. Même si j'avais obtenu mon permis de Transplanage, je détestais ça et m'en pas-sais volontiers. Tout le long du trajet qui me ramena chez moi, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qui venait de se passer entre le blond et moi. J'étais perdue, déboussolée. Comment était-il possible qu'il ressente si peu de choses en ma présence ? Je n'étais pas folle, je n'avais pas imaginé tout cela : nous venions de faire l'amour. J'avais eu suffisamment de sexe aléatoire et passable pour me rendre compte de la différence. Mais alors, comment expliquer son manque total d'émotions ? J'avais bien remarqué qu'il n'avait pas porté son masque, à  aucun moment. Il s'était simplement mis à nu devant moi. Mais nu, il était aussi froid qu'un glaçon. Je ne pouvais pas croire qu'il s'agissait simplement d'indifférence à mon sujet. On ne fait pas l'amour à quelqu'un pour qui on ne ressent rien. Et on insiste encore moins pour que cette personne jouisse. Ce n'est pas possible, ce n'est pas tolérable.

Je lâchai un gros soupir lorsque le Magicobus s'arrêta devant la porte de ma maison. J'avais fini les cours deux jours plus tôt et je n'avais toujours absolument aucune idée de ce que j'allais faire de ma vie. Nous n'aurions pas les résultats des ASPIC avant deux bonnes semaines de toute manière, ce qui me laissait du temps pour me détendre avant de m'inquiéter. C'était sans compter sur ma très chère mère, qui malgré ses obligations au travail, ne pouvait s'empêcher de me questionner tous les soirs, en soulignant à quel point il était important et décisif que je fasse le bon choix. J'avais rarement ressenti autant de pression. J'avais blâmé Scorpius quelques fois au sujet de la façon dont ses parents ne lui laissaient pas le choix, mais je commençai à l'envier. Si l'on m'avait directement annoncé dans quelle direction je devais me tourner, je n'aurais pas eu à m'inquiéter de faire le mauvais choix.

Mon père lisait La Gazette du sorcier assis sur le canapé lorsque j'entrai dans le salon. Il leva ses yeux, décorés de pattes d'oie, vers moi.

— Tu as passé une bonne soirée ma chérie ?

Je souris. Au moins, je pouvais compter sur lui pour ne pas me faire suer avec mes projets – ou plutôt mon manque de projets.

— C'était pas mal, oui.

Voilà qui résumait bien ma soirée tien. Pas mal. J'ai eu un orgasme avec le garçon que j'aime Papa. C'est juste dommage que lui s'en fiche complètement. Sans m'en rendre compte, je poussai un soupir. Cela passa complètement au-dessus de mon père, qui ne remarquait jamais ce genre de détails.

— Il reste à manger sur la table de la cuisine si tu as faim.

Je hochai la tête d'un air entendu et me traînai jusqu'à la cuisine. Je mourais d'envie de discuter avec Eglantine et Rachel de ce qui s'était passé ce soir. C'était tout de même un évènement. Je voulais aussi décortiquer le comportement de Scorpius avec elles et comprendre ce qui clochait chez lui. Après avoir fini mon dîner, je montai dans ma chambre et écrivis une courte missive à leur intention, leur proposant de me rejoindre demain chez moi. Nous pourrions discuter dans ma chambre. Un hibou frappa à ma fenêtre quelques heures plus tard, alors que mes yeux se fermaient.

Les filles viendraient le lendemain, dans l'après-midi. Je m'endormis comme une masse.

🥀

— Rose ?

La voix de ma mère résonna depuis le rez-de-chaussée, modifiée par des inflexions étranges que j'assimilai au doute qu'elle ressentait. Je me demandai vaguement ce qui lui arrivait en descendant les escaliers depuis ma chambre pour la rejoindre dans l'entrée. Elle m'adressait un regard incertain, ses yeux naviguant entre Rachel et Eglantine, qui venaient d'arriver.

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