CHAPITRE 8 - Retenue

164 14 8
                                    


            Chère Miss Weasley, puisque vous semblez préférer faire exploser des chaudrons plutôt que de simplement les vider de leur contenu, votre retenue consistera à nettoyer tous les chaudrons que des potions ratées ont endommagés. Bien entendu, cette retenue s'effectuera sans l'aide de votre baguette. Je vous attends dans mon bureau à vingt heures.

Paul Gowan,

Professeur émérite de Potions dans l'école de Sorcellerie Poudlard, trois fois détenteur du titre de potionniste anglais, et auteur des Potions cambodgiennes illustrées.



Weasley,

Vingt heures ce soir devant la statue de Gregory Le Hautain. Ne sois pas en retard.

S. Malefoy.

Oh putain. Ça sentait mauvais ça. Très mauvais. Ça sentait l'embrouille à plein nez. L'embrouille qui puait. Je n'avais pas le don d'ubiquité par Merlin. Ma retenue tombait au même moment que mon rendez-vous avec Malefoy. Rendez-vous que j'attendais et appréhendais depuis le matin. Je ne pouvais décemment pas sécher ma retenue. M. Gowan n'était pas connu pour sa patience. Si je n'y allais pas, j'aurais sans doute une autre semaine de retenue et tout cela n'annonçait rien de bon. Je fixai avec hébétude chacun des deux parchemins que je tenais dans mes mains, au bord de la crise de nerfs. De toute façon, pour Malefoy c'était un peu mort : j'avais mes règles. Le mieux, et je le savais, c'était d'aller à ma retenue et de reporter mon entrevue avec le blondinet albinos.

Je craignais la réaction de Malefoy néanmoins. Je ne pouvais pas lui envoyer un parchemin pour le prévenir, j'étais déjà en train de dîner et supposée être dans le bureau de mon professeur dans vingt minutes. Et la volière était trop loin. Je ne pouvais pas non plus lui faire passer un message puisque personne ne devait savoir qu'on s'apprêtait à fricoter ensemble. Et puis merde, s'il osait se plaindre que je lui avais posé un lapin, je lui rappellerais que c'était avant tout sa faute si j'étais en retenue pendant deux semaines, et qu'il n'avait qu'à s'y prendre plus tôt pour me donner rendez-vous et surtout, qu'il aurait pu me demander mes disponibilités ! Il n'avait pas à m'imposer ni l'horaire, ni le lieu de la sorte. Ça lui ferait les pieds. Je n'étais pas à sa disposition punaise !

Rassérénée par ma petite minute d'auto-persuasion, je m'autorisai un petit soupir de soulagement. Je jetai un coup d'œil discret à la table des Serpentard, où Albus mangeait ce soir. Au même moment, je croisai le regard acier de Malefoy qui me cloua sur place. J'eus l'impression d'être en apnée, et qu'on cherchait à séparer mon âme de mon corps. C'était sûrement à ça que devait ressembler un baiser de Détraqueur. Une main se posa sur mon avant-bras, je sursautai et rompis le contact visuel, me tournant vers la propriétaire de ladite main. Rachel m'observait, un air soucieux peint sur ses traits.

— Rose ? Tu ne manges pas ? Tu es malade ?

— Hein ? Si si.

Je pris une grande cuillère de purée pour ponctuer ma déclaration. J'étais cependant encore trop distraite – et stressée – pour accorder à mon repas toute l'importance qu'il méritait. Après avoir mangé, je pris donc tout naturellement la direction des cachots, la mort dans l'âme, pour aller effectuer cette fichue retenue. Rachel me retint.

— Bah Rose, où est-ce que tu vas ?

— J'ai ma retenue ce soir, lui rappelai-je d'une voix sombre.

Tout au bord du mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant