CHAPITRE 7 - Face à face

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            Je me relevai d'un coup dans mon lit, un inquiétant filet de sueur roulant le long de ma nuque. Non non non c'était beaucoup trop tôt. Pourtant, l'humidité entre mes jambes, sous mes fesses et mes crampes dans mon bas-ventre étaient bel et bien là et m'avaient réveillées. Peut-être que je n'avais fait qu'un cauchemar et qu'il ne s'agissait là que de transpiration ? Je n'avais même pas encore glissé un doigt dans ma culotte que je savais que c'était faux. Et quand je vis à la lueur de l'aube mon index ensanglanté, confirmant mes pires craintes, je lâchai un râle plaintif.

J'avais mes règles. Priant pour ne pas voir mon linge tout tâché de sang, je me précipitai hors de mon lit, ouvrant d'un geste brusque les rideaux de mon baldaquin, sans me préoccuper ou non du sommeil de mes camarades. De toute façon, elles dormaient trop. Un large cercle rouge s'étalait au milieu de mon drap. On aurait dit un drapeau japonais. J'arrachai avec colère l'objet du délit, projetant avec hargne mes couvertures sur le sol. Protégé par une alèse, le matelas n'avait – heureusement – rien.

— Rose ? Tout va bien ? Pourquoi tu ne dors pas ? me demanda Rachel d'une voix engourdie de sommeil, à moitié relevée dans son lit.

Je me retins de justesse de lui hurler dessus qu'il m'arrivait que j'étais une fille et que ça me faisait bien chier, que j'avais mal et que j'avais une scène de crime à nettoyer. Au lieu de quoi, je répondis calmement, prenant sur moi ma colère que je savais plutôt illégitime.

— J'ai mes règles.

Une lueur de compréhension alluma son regard et elle se releva d'un coup, balançant ses pieds hors de son lit. Ses yeux se dirigèrent naturellement vers mes fesses, et constatant l'ampleur des dégâts – je pouvais sentir mon pyjama me coller désagréablement l'arrière train – elle eût une moue compatissante.

— Vas te changer, je vais envoyer tes draps aux elfes.

Je lâchai un long soupir de reconnaissance et me précipitai vers la salle de bain. Rachel était la meilleure amie du monde. Je jetai directement mon bas de pyjama et ma culotte sous la douche avec moi pour les rincer – à l'eau froide, sinon il reste de traces. J'avais super mal au ventre, et le jet d'eau chaude que je me passai sur le ventre ne calma pas vraiment la douleur. J'avais toujours eu des règles très douloureuses (je prenais même des potions pour ça) et surtout très abondantes. Un carnage. Je laissai mes vêtements souillés dans le bac à linge sale, au bon soin des elfes et enfilai mon bas de survêtement complètement effiloché spécial règles. Quand je rejoignis le dortoir, mes draps étaient changés et Rachel s'était rendormie.

Trop angoissée à l'idée de tâcher à nouveau mes draps et complètement paralysée par la douleur je ne parvins pas à m'assoupir. Je fus donc fatiguée, irritée et courbaturée lorsque le réveil de notre dortoir sonna. Ma journée commençait très mal.

— Un Acceptable, Miss Weasley. Vous m'avez habitué à mieux, il va falloir faire mieux que ça si vous tenez à obtenir des ASPICS convenables.

Je récupérai la copie que me tendait cet affreux professeur de Sortilèges – mon premier cours du jour – et fusillai le parchemin des yeux. J'avais travaillé d'arrache-pied tout le week-end sur ce devoir. J'étais sûre que Mr Kay m'avait saquée. Ce n'était pas possible autrement. Et d'où il se permettait de dire que je l'avais habitué à mieux ? C'était le premier devoir que je rendais à ce prof. Je le détestais.

A la fin du cours, je courus à la bibliothèque, bien décidée à vérifier chacune de mes réponses. Mon devoir méritait bien plus qu'un lamentable Acceptable et j'étais bien déterminée à le prouver à ce troll. Je ne mis pas longtemps à remettre la main sur le livre que j'avais utilisé pour mon devoir. Je m'installai à une table juste à côté et m'attaquai immédiatement à ce problème de taille. Alors que j'étais plongée dans mon ouvrage, un raclement de gorge se fit entendre. Je l'ignorai. Le raclement recommença et lorsque je levai la tête, décidée à faire comprendre à l'imbécile que s'il avait des problèmes de gorge, il ferait mieux de prendre un sirop contre la toux au lieu d'emmerder les travailleurs, je reconnus mon interlocuteur et mes protestations moururent dans ma gorge.

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