CHAPITRE 4 - Party night

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Mr Gowan n'était pas encore arrivé dans le cachot lorsque je m'assis à ma désormais regrettée nouvelle place. Je fus rapidement imitée par Malefoy mais je fis comme s'il n'était pas là. Restreindre les communications au strict nécessaire, écouter le cours, préparer la potion, aller chercher les ingrédients dès que possible (tout prétexte était bon à prendre pour s'éloigner du blondinet prétentieux).

Je ne pouvais (en plus) pas m'empêcher de remarquer sa mauvaise humeur, séquelle de l'échange houleux que nous venions d'avoir à table. Peut-être aussi était-ce dû à ce que Albus lui avait mystérieusement dit à l'oreille et qui éveillait mon imagination depuis tout à l'heure. Je lui demandai sans réfléchir :

— Qu'est-ce que t'as dit Albus tout à l'heure ?

Ses épaules se raidirent et il m'ignora. Je fulminai : pourquoi étais-je aussi curieuse par Merlin ? Agacée et frustrée par son mutisme, j'insistai.

— Malefoy, je te parle.

— Dommage pour moi, oui, tu parles, marmonna-t-il, condescendant.

Je le fixai avec des yeux ronds. Il ne manquait pas d'air tiens !

— Vas en enfer ! m'énervai-je alors.

— J'y suis déjà, répondit-il, lugubre.

Nous étions supposés préparer un philtre de Mort Vivante. Malefoy ouvrit notre manuel à la page 10 et me lut la liste des ingrédients que je m'empressai d'aller chercher dans l'armoire. Il s'occupait de préparer les ingrédients et je les incorporais au chaudron, dont je remuais le contenu quand nécessaire, tout en surveillant la cuisson.

Je l'observai écraser la fève soporifique de son couteau d'argent (le manuel indiquait clairement qu'il fallait la couper mais je ne discutai pas : il était très doué en potion et je lui faisais bizarrement confiance là-dessus). Le Serpentard était concentré, ses gestes méthodiques, il m'évoqua le penseur de Rodin. Il dût sentir mon regard sur lui car il me demanda :

— Qu'est-ce que tu regardes ?

— Tu écrases la fève soporifique, notai-je bêtement.

— Cela permet d'extraire davantage de jus, expliqua-t-il.

— Comment tu le sais ?

— Tu poses beaucoup de questions.

— Tu as le droit de répondre.

Il soupira.

— Mon père m'a toujours incité à travailler les potions, dit-il énigmatiquement, l'air amer.

Je compris que je n'aurais pas davantage d'explications et ne poussai pas plus loin. On continua de travailler dans un silence cordial, sauf qu'à compter de cet instant, Malefoy m'expliquait ses démarches lorsqu'il ne respectait pas scrupuleusement les instructions du manuel. Ce dont je lui étais silencieusement reconnaissante. On semblait avoir enfin trouvé un terrain d'entente et le reste du cours se déroula sans anicroches. Notre potion fût parfaite et Malefoy émit un petit sourire de satisfaction quand le professeur nous félicita. Pas moi : il avait quasiment fait tout le travail et j'avais l'habitude depuis toujours de recevoir les louanges de mes professeurs, j'avais fini par m'en lasser. Néanmoins, j'étais contente : je sus que désormais, je n'aurais plus de boule au ventre en allant en cours de Potions.

Je me trompais lourdement.

Mr Gowan annonça la fin du cours et tout le monde emballa ses affaires pour déguerpir au plus vite. J'amorçai un geste pour moi aussi quitter la pièce, pressée de mettre le plus de distance entre Malefoy et moi, mais ce dernier me retint par le bras.

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