CHAPITRE 24 - L'anniversaire d'Albus (partie 3)

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Il savait. C'était évident. Je déglutis péniblement tandis qu'un nœud se formait dans mon ventre, témoin de ma culpabilité. Scorpius était en train de m'assassiner du regard et j'essayai tant bien que mal de soutenir son œillade. Mon souffle était devenu court et même si je savais que je n'avais rien fait de mal je ne parvenais pas à me détacher de cette impression étrange : celle d'avoir été prise sur le fait.

— Je t'ai vue, m'accusa-t-il sans préambule d'une voix dure comme de la pierre.

Une pellicule de sueur commença à se former dans mon dos. Mon cœur battait à tout allure, ma gorge était sèche et nouée alors que mes paumes étaient plus moites que jamais. Il fallait à tout prix que je lui explique que ce n'était pas de ma faute, que je m'étais simplement laissée emporter par mes émotions, que ça ne signifiait rien. J'étais terrifiée à l'idée de perdre cette relation bancale qui nous unissait.

— Scorpius, suppliai-je en m'avançant mais il m'interrompit en levant sa main entre nous, comme une première barrière visible qui s'immisçait et rendait l'ambiance plus pesante et collante.

Je déglutis. J'étais à deux doigts de fondre en larmes. C'était trop d'émotions à gérer d'un coup.

— Non. Cette fois, tu la fermes et tu m'écoutes, Weasley. Tu as mérité cette discussion et tu le sais.

Il était tellement injuste. Je ravalai mes sanglots coincés dans ma gorge pour m'indigner.

— Cette discussion ou ce procès ? lançai-je en tremblant, mais la voix ferme.

— Ta gueule ! hurla-t-il, les traits déformés par la rage et je me tus aussitôt, trop surprise par son éclat pour réagir autrement.

Je n'avais jamais vu Scorpius dans un tel état de fureur et cela m'intimidait quelque peu. J'avais rarement été l'objet d'une telle rancœur.

— Quand je pense que tu t'es permise de me faire une scène parce que Eglantine m'avait embrassé et que toi, tu te permets de te taper Finnigan ! Dans ma maison qui plus est ! Comment as-tu pu faire une chose pareille ? À moi !?

Il marqua une pause et fit les cent pas sous mes yeux. La colère qui émanait de lui me pétrifiait et je le suivais du regard, redoutant ses mots. Agité, ses mouvements étaient secs, saccadés, et il passait sans arrêt ses mains dans ses cheveux comme s'il voulait les arracher de son crâne.

— Quand je pense, reprit-il en me pointant d'un doigt accusateur, quand je pense que je t'ai consolée quand Saddler s'est moqué de toi, que je t'ai dépannée en potion quand tu n'y pigeais rien, que je t'ai même aidée à relâcher la pression et que toi tu me fais un coup pareil...!

Je croisai les bras et je le fusillai du regard en sentant mon sang s'échauffer dans mes veines et courir sous ma peau à toute allure. Il se planta face à moi.

— Comment as-tu pu !? hurla-t-il. Et ne me mens pas ! Pourquoi tu m'as fait ça ?

Je pressai mes lèvres l'une contre l'autre et déglutis, essayant de soutenir son regard sans faiblir. J'étais lentement en train de passer de l'intimidation à la colère. Sa réaction me révoltait. Qu'est-ce qu'il croyait ? Que j'étais sa chose ? La fureur était une émotion qui lui siait parfaitement. Ce qui était étrange quand on connaissait son obsession pour le contrôle. Quand il était énervé, son corps et son visage semblaient reprendre vie. Son masque tombait enfin. Et si Scorpius était attirant avec son masque, il était absolument irrésistible lorsqu'il s'en débarrassait. Une mèche de ses cheveux s'était échappée de sa coiffure et retombait un peu sauvagement sur son front, assombrissant ses prunelles, puit sans fond dans lequel je me plongeais toujours sans la moindre prudence.

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