Rien n'aurait pu me préparer à la journée qui suivit ce retournement de situation avec Scorpius. Bien que tout soit visiblement rentré dans l'ordre et que mes amis semblaient être à nouveau mes amis, j'avais l'impression d'être devenue la personne dont Poudlard devait parler. Je ne pouvais pas mettre un pied en dehors de mon dortoir sans que quelqu'un ait quelque chose à dire là-dessus. J'étais en permanence dévisagée, pointée du doigt, critiquée. J'avais toujours eu l'habitude d'entendre des rumeurs à mon sujet : avec des parents comme les miens, c'était inévitable, mais je n'étais pas habituée à cette vague d'hostilité. Je ne pouvais pas me moucher sans entendre des chuchotements autour de moi. C'était à me rendre folle. Je me consolais en me disant que Scorpius subissait la même chose, bien qu'il soit bien plus doué que moi pour faire taire tous ces bruits environnants. En effet, la plupart du temps, un regard glacial de sa part suffisait à faire fondre les attitudes les plus déplacées.
Je commençais en tout cas à comprendre ce que mon oncle Harry avait dû ressentir – ressentait probablement toujours – à chaque fois qu'il faisait une apparition publique. Cela aurait été supportable si les regards qui convergeaient vers moi n'avaient pas été aussi méchants et méprisants. J'avais la sensation d'être devenue la risée de l'école. On aurait pu croire cela ironique, si on considérait le fait que j'avais été celle qui avait insisté pour que nous cessions de nous cacher. Je pouvais en tout cas compter sur la loyauté indéfectible de Rachel et d'Eglantine. Ces dernières ne s'entendaient toujours pas et ne cessaient de se lancer des piques à longueur de journée, mais je les soupçonnais de bien aimer cela. J'avais l'impression que Rachel se réjouissait d'avoir trouvé un nouvel adversaire pour ses joutes verbales quotidiennes.
— Vous ne voulez pas cesser ce petit jeu deux minutes, le temps que je me concentre sur mes devoirs ? aboyai-je justement à leur intention alors qu'elles continuaient de se disputer pour ma présence.
Albus s'assit à nos côtés. Nous étions à la bibliothèque et j'essayais de terminer le devoir que Neville nous avait donné. J'avais tellement eu la tête ailleurs ces derniers jours que j'avais l'impression d'avoir épuisé tout mon ratio de concentration.
— Je ne vois pas de quoi tu te plains, Rose. Ça fait des années que vous me faites bien pire avec les garçons et je l'ai très bien supporté, commenta mon cousin en contemplant ses ongles.
Je lui adressai un regard noir. La situation n'était pas du tout comparable. J'avais néanmoins remarqué que depuis l'incident entre Scorpius et Donovan, Al était plutôt distant.
— Tu devrais être content alors ! s'exclama Rachel d'un ton triomphant.
Il lui lança une expression confuse. J'avais peur de savoir à quoi elle faisait référence.
— Content ?! De quoi ?
— Bah, pour Rose et Malefoy.
Eglantine eut l'air mal à l'aise et se dandina sur sa chaise, comme si elle rêvait de se trouver n'importe où ailleurs. Je n'en étais pas loin moi-même.
— Et pourquoi je serais content ? ironisa Albus. Ces deux-là font tout à l'envers.
— Comment ça on fait tout à l'envers ? fis-je d'un ton agressif. Al haussa les épaules.
— Tu sais, d'abord vous vous détestez, puis vous commencez à fricoter ensemble, et maintenant, je vous vois comploter entre deux couloirs en permanence... Je ne sais pas ce que vous mijotez tous les deux, et je ne veux surtout pas le savoir, mais tu ne peux pas nier qu'en général, ce n'est pas exactement dans ce sens-là que ça se passe, explicita-t-il.
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Tout au bord du monde
Fanfic[𝗙𝗔𝗡𝗙𝗜𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗛𝗔𝗥𝗥𝗬 𝗣𝗢𝗧𝗧𝗘𝗥 🥀] J'étais une droguée, shootée à l'ocytocine, perturbée par mes hormones et ce fichu désir insatiable qui me rendait si faible. Et notre petit jeu - ce truc qu'il y avait entre nous - était tout ce qu'...