Tout au bord du monde

CHAPITRE 46 - La vérité

Scorpius

Nous atterrîmes dans un CRAC retentissant. Je sentis que cela faisait un moment qu'elle n'avait pas pratiqué le transplanage à la façon dont elle me jeta un regard un coin, comme pour vérifier que je n'avais rien de désartibulé. Je lâchai un ricanement moqueur et elle me fusilla du regard en rougissant.

Elle ne s'attendait pas à ce que je la prenne sur le fait, c'était plutôt clair.

— Alors, où nous emmènes-tu ? m'enquis-je poliment.

— Tu verras.

Nous marchâmes un peu avant de voir la façade d'un époustouflant restaurant français. Je compris au premier coup d'œil que l'établissement était hors de prix. Les colonnades sur la façade du bâtiment en pierre blanche ne trompaient personne. Au milieu de toutes ces rues en briques rouges et grises, il détonnait.

J'explosai de rire et elle croisa les bras de manière défensive.

— Qu'est-ce qui te prend Malefoy ?

— Toi ?! Dans ce type de restaurant ? 

Elle me foudroya du regard.

— Tu crois que je ne suis pas à la hauteur ? Je te rappelle que ma mère a été Ministre de la Magie. Les restaurants chics ont été mon quotidien.

J'esquissai un sourire narquois.

— Ma chère, la haute société coule dans mes veines. Aucun restaurant dans lequel tu auras pu vagabonder enfant ne viendra à bout de décennies de bonnes manières et d'étiquette. Je suis certain que tu ne sauras même pas quelle fourchette utiliser.

Elle ne répondit pas, et, la tête haute, elle entra dans le restaurant quand le portier lui ouvrit la porte. Je sortis mon portefeuille en soupirant et donnai un billet de monnaie moldu au portier.

J'étais absolument nul avec l'argent moldu, alors j'espérai que le billet rouge que je venais de tendre était suffisant, mais, au vu du regard choqué du portier, je lui avais beaucoup trop donné. Trop tard pour le reprendre. Je me giflai mentalement et entrai. Il était de toute façon clair que Weasley avait décidé de nous emmener ici, car elle savait que j'allais payer.

« Cette vicieuse bonne femme veut me dépouiller de tout mon argent », songai-je amusé. J'aurais dû le voir venir, en fait. J'avais toujours su à quel point elle pouvait être malicieuse.

On nous plaça à une table à l'écart et j'offris à Weasley un échantillon de mes bonnes manières en retirant son manteau, dévoilant sa tenue.

Elle portait une robe noire, courte et sans artifices : pas de bijoux, de vernis sur les ongles, ou de maquillage. Pour un peu, on pourrait penser qu'elle se rendait à des funérailles, mais la lueur brillante dans son regard ne démentait pas la situation et aurait été particulièrement inappropriée dans un cimetière. En dépit de la simplicité de sa tenue, elle était ravissante.

— Tu es très belle.

Elle leva les yeux au ciel et je devinai qu'elle ne me croyait pas. Voilà encore quelque chose qui n'avait pas changé. Elle ne croyait toujours rien de ce qui sortait de ma bouche.