CHAPITRE 45 - Dîne avec moi

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Scorpius

— Je n'arrive pas à croire que tu sois ici...

— Je viens de la part de tes amis.

— Pourquoi ?

— Ils savent que tu continues de boire.

Elle m'adressa aussitôt un regard sévère, et je devinai qu'elle avait l'impression que j'avais dépassé les bornes. Pourquoi eus-je soudain le sentiment de ne plus reconnaître cette Rose ? Le doute se mit à  me submerger. Je ne m'attendais pas à ce que la revoir me déstabilise autant. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle ait changé. J'étais parti dans l'optique de retrouver la Rose qui m'avait brisé le cœur afin de la sauver d'elle-même, et je me retrouvais face à un mur de glace et de rancœur. Comment avais-je pu laisser cela arriver ? Je commençai à comprendre ce qu'elle avait dû ressentir durant toutes ces années lorsque je refusais de m'ouvrir à elle et que je m'efforçais de rester impassible à chaque fois que je pensais qu'elle allait briser mes défenses. Pourquoi avais-je dû écouter Albus ? Comment avait-il osé m'embarquer dans ce genre d'histoire ?

— Laisse tomber, taclai-je soudain. Je ne sais même pas pourquoi je suis en train de me donner tout ce mal.

Elle déglutit. Il y avait en tout cas une chose qui n'avait pas changé. J'avais toujours autant envie d'elle.

— Est-ce que c'est Rachel qui t'envoie ? demanda-t-elle sans l'air de trop y croire elle-même.

Visiblement, elle ne s'attendait pas à ce retournement de situation. Je décidai de jouer cartes sur table alors que fut un temps, je n'aurais eu aucun scrupule à lui mentir sans vergogne.

— Entre autres. Albus s'est aussi déplacé pour venir me chercher.

— Te chercher ?

— J'habite à New York.

La surprise se peignit sur ses traits. Depuis combien de temps avait-elle coupé les ponts ? Je commençai à en vouloir à tout le monde de chercher à la ramener dans leur vie. Avaient-ils seulement envisagé qu'elle n'en avait pas envie ? Je poussai un soupir. Je refusai malgré tout d'avoir fait tout ce chemin pour ne rien tenter.

— Écoute, Rose, je sais que beaucoup de choses se sont passées entre nous et avec les autres. Seulement tu dois reconnaître que de l'eau a passé sous les ponts et que nous avons tous avancé dans nos propres vies. J'aimerais juste discuter avec toi un peu, je te promets que ça ne t'engage à rien. Je ne te demande que cela : une soirée avec moi. Tu pourras retourner à ta petite vie anonyme ici si tu le souhaites ensuite et je retournerai à New York et ceci ne sera juste qu'un dîner entre deux vieux amis qui se retrouvent après de longues années.

— Nous n'avons jamais été amis.

— Je suis en train de jouer cartes sur table et tu le sais, aie au moins la décence de faire de même.

Elle se mordit la lèvre inférieure, signe de concentration. Je devinai qu'elle était en train de peser les pour et les contre d'un dîner avec moi.

— Juste un dîner ? demanda-t-elle au bout d'une seconde qui me sembla être une petite éternité.

— Juste un dîner, assurai-je.

— Je ne peux pas ce soir, j'ai promis à Jackson de passer la soirée avec lui.

— D'accord.

— Demain soir, ça devrait être bon. Tu as réservé dans un hôtel ?

— À vrai dire, je n'y ai pas vraiment pensé, mais je devrais pouvoir me débrouiller.

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