CHAPITRE 39 - L'exil

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Je ne vis pas tout de suite qu'Albus, Rachel et Eglantine se tenaient devant moi, leurs visages défaits. J'avais les yeux trop embrouillés de larmes.

— Je suis désolée, lâchai-je stupidement.

Eglantine posa sa main sur mon épaule, en signe de réconfort. J'évitais de croiser le regard d'Albus. Je n'aurais pas su affronter la moindre trace évidente de déception de sa part. Rachel, quant à elle, semblait troublée.

— Écoute Rose..., commença cette dernière.

Je  relevais  mes  yeux  larmoyants  vers  elle.  Elle  poussa  un soupir.

— Tu ne vas évidemment pas bien et je n'ai pas du tout envie de te faire un sermon, je crois que tu te sens assez mal comme ça.

Bien qu'elle voulait clairement être gentille en me disant cela, le seul effet que cela eut sur moi fut de me faire souffrir sous une nouvelle vague de culpabilité. C'était en tout cas mieux que de ressentir ce vide incroyable, celui que Scorpius avait laissé dans ma poitrine.

— Je... je suis pathétique, continuai-je de pleurer. Il avait raison depuis le début, pourquoi est-ce que je m'acharne comme ça ?! Ça ne sert à rien, il n'y aura jamais rien entre lui et moi. Il faudrait que j'en crève !

J'éclatai en sanglots et allai m'écrouler sur le sol quand Albus me rattrapa de justesse par le bras. J'en venais à renifler contre son costume trois pièces, pour lequel il avait sûrement économisé pendant des semaines.

— Je suis désolée Albus, je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris, il fait ressortir le pire chez moi.

Il me tapota dans le dos.

— Ce n'est pas grave Rose... euh, je l'ai trompé aussi. Nous le dévisageâmes tous à la fois.

— Pas maintenant, je vous expliquerai plus tard, éluda-t-il, je crois que je vais emmener Rose ailleurs.

— Je viens avec toi, décida Eglantine aussitôt.

— Non. Garde un œil sur Scorpius.

Mon corps eut alors une réaction très étonnante. J'eus un haut-le-cœur et rejetai le contenu de mon estomac... sur la robe immaculée de Rachel. Il y eut un blanc. Je retins mon souffle.

— Je suis dés...

— Pars.

La voix de Rachel avait claqué dans l'air. Ses yeux me foudroyaient et étaient larmoyants. Je me sentais insignifiante. Un poids était posé sur ma poitrine. J'avais l'impression de ne plus savoir comment respirer. Je savais que cette fois, j'avais franchi la limite. Mes sanglots reprirent de plus belle.

— Rachel, je te demande pardon, où est ma baguette ? Je vais fixer ça, je te promets...

— Dans ton état, je préfère que tu évides. Va t'en, Rose. Nous discuterons au matin. Si tu te rappelles encore de la soirée...

Elle appuya sa déclaration d'un regard entendu avec Albus, qui hocha la tête en signe d'assentissement.

— Où est ma baguette ? répétai-je, regardant à travers mes larmes de tous les côtés.

Albus la remua devant mes yeux. Je tentai maladroitement de m'en emparer, mais il la tint au-dessus de ma tête.

— Je te la donnerai plus tard. Tu n'es pas en état de faire de la magie, affirma-t-il, impassible.

Je pétai un plomb. Pas en état ?!

— Et pourquoi ça ? fis-je, acide. Car je me suis fait repousser publiquement par l'homme de ma vie ?!

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