CHAPITRE 2 - Les cauchemars

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Je rêvais. Tout était flou mai je pouvais sentir l'horrible chaleur de début septembre me comprimer les poumons. L'air ondulait sur l'asphalte, le bruit de la circulation londonienne bourdonnait dans mes oreilles. Il n'y avait pas de place pour la tranquillité sur ce trottoir et la journée était à peine entamée que je rêvais déjà de rejoindre mon lit à baldaquin. Albus venait de traverser la route à la suite de ses parents et j'allais emboîter son pas quand je la vis à mes côtés.

Jamais je n'avais eu la chance auparavant – ou bien l'infortune, tout dépendait du point de vue – de voir et rencontrer une créature aussi captivante que Rose Weasley. Je flairais le danger à des kilomètres et alors que je voyais le véhicule débouler et Weasley qui s'apprêtait à le percuter comme si elle voulait l'épouser, mon cœur lui, fit une embardée des plus désagréables. Ma chair se hérissa et mon bras la repoussa rudement, tétanisé par la peur et la colère. Je lui hurlais :

« Fais attention Weasley ! ».

Elle me lança un regard perdu, comme si elle venait de s'éveiller d'un long rêve paisible que la réalité aurait interrompu, ce qui en un sens était probablement le cas. Elle semblait m'en vouloir de lui avoir sauvé la vie et d'avoir osé briser sa bulle de confort et pour cela, j'eus envie de l'étrangler. A la place, je me détournais de sa face atterrée, pressé de mettre le plus de distance entre elle, le danger public, et moi, la force tranquille. Il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre à quel point la présence de Weasley avait des répercussions toxiques sur mes neurones et ma tension artérielle, principalement perturbée dans la zone sud.

Mon rêve changea et je me retrouvais face à ma mère dans mon salon.

— Mère, aimez-vous père ?

Ma voix était fluette. Une voix d'enfant. Elle me fixa, droite comme un i, dans son éternelle posture stoïque et son regard vide. Je cru voir un frémissement au coin de sa bouche, comme si elle se retenait de faire quelque chose. Mais de faire quoi ?

— Oui, Scorpius.

— On ne dirait pas.

— Je sais. C'est comme ça.

— Pourquoi ?

— Tu comprendras quand tu seras plus grand.

— Mais je suis déjà grand ! J'ai sept ans mère !, s'indigna le petit garçon que j'étais alors.

— Parfois, l'amour rend faible, Scorpius.

— Mère ?

— Oui ?

— Je crois que je comprendrais quand j'aurais huit ans.

Mère esquissa un sourire indulgent.

— Ne montre jamais qui tu es réellement Scorpius.

Mon rêve se mélangea à nouveau dans le brouillard. C'était le soir, il faisait sombre. Le salon était éclairé d'un lourd chandelier.

— Tu es ami avec Potter ?

La voix de père avait claqué. Il me foudroya du regard. Je frémis d'horreur. Mon rêve se changeait en cauchemar.

— Oui.

Il posa brutalement son verre sur la table et quitta la pièce en claquant la porte. Mère ne sursauta même pas, se contentant de me lancer son regard vide habituel.

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