Chapitre 47

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Nina

— Nina Anderson, appela la gynécologue.
Je me levai tandis qu'Angel attrapa mon sac et posa une main dans le bas de mon dos pour me faire avancer.
— Comment vous sentez-vous ?
— Fatiguée, mais plutôt bien.
— On approche de la fin, dit-elle en nous invitant à nous asseoir.
— Oui.
— Aujourd'hui on va juste vérifier si le bébé grandit correctement et ne présente aucun problème.
— D'accord.
— Vous pouvez vous installer dans la pièce à côté.
Je me levai et parti dans l'autre pièce afin d'enfiler cette blouse. Je m'allongeai ensuite sur la table d'examen.
La gynécologue entra dans la pièce suivie d'Angel. Il prit place sur le fauteuil à côté de la table.
— On va commencer par vérifier son poids et sa taille ensuite nous pourrons écouter son cœur.
Elle appliqua le gel sur mon ventre et alluma la machine. Je tournai la tête vers Angel et remarquai qu'il fixait l'écran avec les sourcils froncés.
— On va voir le bébé grâce à cette machine et ce gel, questionna-t-il.
— Oui, répondis-je avec un sourire aux lèvres.
— Étrange.
Pendant plusieurs minutes, elle vérifia la taille et le poids du bébé, et s'il se développait correctement.
— La petite fille semble être dans les normes, cependant, je vous incite à manger plus pour éviter des complications.
— Je me chargerai de cela, affirma Angel.
— On va écouter le cœur du bébé et vous pourrez vous rhabiller.
Elle plaça la machine à nouveau sur mon ventre, et la bougea avant de s'arrêter. Les battements du cœur résonnèrent dans la salle, mes yeux se mirent à brûler et les larmes menaçaient de couler.
Je n'aurais jamais cru devenir une mère et encore moins tomber amoureuse d'Angel.
La vie nous réserve bien des surprises.

***
— Tu as entendu la gynécologue, mange.
Je me retrouvais dans un restaurant avec une assiette pleine à craquer de nourriture.
— Je mange la moitié.
— Tout.
— Non, je ne peux pas.
— Tu manges la moitié alors.
— Oui.
Je ne pouvais pas m'empêcher de penser au nombre de calories que j'allais ingérer, mais je devais le faire pour mon enfant et pas pour moi.

***
— Je suis pardonné ? questionna Angel.
J'étais assise sur le fauteuil de son salon, pendant qu'il préparait quelque chose pour le dîner. J'avais passé toute la journée avec lui, après le restaurant, il m'avait emmené au cinéma et avait préféré me tenir éloigné des magasins pour enfants en m'amenant chez lui.
Je lui avais pardonné, mais j'avais préféré garder cela pour moi. Pour voir ce qu'il pouvait faire de plus, s'il allait m'abandonner ou continuer de s'occuper de moi.
— Je ne sais pas.
— Tu le sais, je le vois dans tes yeux, dit-il en posant deux assiettes devant moi.
— Tu vois quoi dans mes yeux ?
— Que tu m'as pardonné, mais que tu ne veux pas me le dire parce que tu penses que je vais arrêter de te prêter attention. Si c'est exactement ce que tu penses, tu as totalement tort.
J'affichais un air résigné. Les gens disent souvent que le regard trahissait, et je venais de comprendre cette expression.
Il déposa deux verres sur la table, avant de s'asseoir à côté de moi. Il prit mon visage en coupe et s'approcha de moi.
— J'ai appris à mettre des mots sur mes sentiments Nina. Je sais ce que je ressens pour toi, je comprends que tu aies peur de t'aventurer dans une relation avec un homme comme moi. Mais si ton cœur te dit de le faire, fait le. Car ça sera nous deux contre le monde. Je t'aimerai toujours quoi qu'il arrive. Toi et notre enfant.
Je hochai la tête. Je me sentais bête, parce que depuis Noah, j'avais peur de ressentir des choses pour d'autres hommes. J'avais peur de trouver le bonheur et d'un jour le perdre.
— Je peux ?
— Pouvoir faire quoi ? questionnai-je confuse.
— Ça, dit-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.
Son baiser se fit d'abord doux avant de devenir plus insistant. Et j'y répondis avec la même passion.
Parce que c'était nous contre le monde.
C'était lui, notre princesse et moi.

***
— Je veux te raconter ce qu'il m'est arrivé. Quand j'étais plus petite.
— Je t'écoute, mon ange.
Je pris une grande inspiration et calais ma tête sur son épaule.
— Les gens m'ont toujours critiqué et harcelé sur la manière dont j'étais. J'étais la fille bizarre, sans amis avec des vêtements sans marques et qui passait son temps à lire. En primaire, je pouvais tout supporter, parce que je ne me rendais pas compte de tout cela. J'étais encore petite.
Il passa son bras autour de ma taille et me rapprocha de lui.
— Au collège, j'ai commencé à comprendre. Ils continuaient à me faire des remarques sur mes vêtements ou encore mes livres. Mais le pire, ce fut les remarques sur mon corps. Ils disaient que j'étais trop fine, que je n'avais pas de forme. Dans les couloirs, on me traitait de planche à pain, en cours, on me jetait des morceaux de papier. Tout cela sous le regard des adultes qui n'intervenaient jamais. Je passais mes journées à essayer de les éviter. Je me faisais ridiculiser par les filles et les garçons. Le jour où je ne sais qui à raconter que j'avais des vues sur Gaël, tout le monde s'est moqué de moi. C'était un cauchemar. J'avais plusieurs fois pensé à mettre fin à mes jours et un jour, j'ai essayé, mais cela n'a pas marché.
Il embrassa ma tempe, comme pour me donner le courage de continuer.
Son silence ne me faisait pas mal, je savais qu'il m'écoutait.
— Au lycée, cela s'est un peu atténué parce que j'ai changé d'établissement. J'ai rencontré Mia qui est une fille extraordinaire. Le jour ou le mec populaire du lycée à commencer à s'intéresser à moi, j'ai vraiment pensé qu'il m'aimait. Pour une fois, on s'intéressait à moi. Alors on a commencé à sortir ensemble, il insistait pour avoir des rapports, mais je ne voulais pas, car je ne me sentais pas prête à perdre ma virginité. J'ai toujours voulu trouver le bon. Deux ans après le début de notre relation, on l'a fait et il a pris ma virginité de la pire des manières. Le matin, j'ai découvert qu'il avait couché avec moi pour un pari, un putain de pari. J'étais un pari, sanglotai-je.
Un son étrange sortit de la gorge d'Angel.
— Alors je n'ai plus jamais fait confiance aux hommes. Je me vois grosse dans le miroir, c'est pourquoi j'essaye de manger le moins et que je me fais vomir. Mais les autres me disent que je suis trop maigre, mais je ne me vois pas comme les autres. Pour moi, je suis énorme et je dois maigrir.
— Regarde-moi Nina.
Je levai les yeux vers lui.
— On va se battre ensemble, ces gens-là, ne connaissent pas ta vraie valeur. À mes yeux, tu es magnifique, tu es la plus parfaite. On va passer ces épreuves ensemble. Tu vas me soigner et moi, je vais te soigner.
Je hochai la tête avant d'enfouir ma tête dans son cou.
C'était nous contre nos démons.

***

3 mois plus tard.
— J'ai perdu les eaux, paniquai-je.
J'étais dans mon neuvième mois de grossesse, donc à la fin.
Après avoir pardonné à Angel, il m'avait proposé d'emménager dans son appartement, pour qu'il puisse me surveiller dans mon alimentation. J'avais accepté, pour mon bien, et bien sûr sous l'insistance de Mia, qui m'avait presque poussé dans l'appartement d'Angel.
Angel avait pris soin d'aménager la deuxième chambre de son appartement pour notre princesse.
Nous avions eu du mal à choisir le prénom de bébé, car je voulais un prénom original, et Angel un prénom commun.
J'avais réussi à renouer les liens avec mon père, car il avait compris que je n'étais plus un bébé et que j'étais capable de contrôler ma propre vie. Il a aussi pu se faire à l'idée qu'Angel et moi, on s'aime et qu'il devait l'accepter.
Ma mère s'était plus qu'investie dans ma grossesse, tout en me rendant souvent visite ou en me préparant des repas. Ou encore remplir la garde-robe de cette princesse.
Nous avons finalement opté pour le prénom Leia. Après cela, Angel avait acheté plusieurs bodys avec le prénom « Leia » brodé à l'avant.
Il m'avait aussi offert un collier en or avec écrit « Leia Hernandez Anderson ».
Nous avions aussi appris il y a deux mois que Val venait d'accoucher d'un petit garçon nommé « Levi Suarez ».
La seule chose que je voulais en ce moment, c'était de pouvoir enfin tenir ma fille dans mes bras.
— La valise est où ?! cria Angel en se précipitant dans la chambre.
— Je l'ai mise sur le lit.
Il revint avec la valise, je lui indiquais d'abord de mettre la valise dans le coffre avant de venir me chercher.
Quelques minutes, plus tard, j'étais installé sur le siège passager en train de souffrir dû aux contractions.
— Respire, m'indiqua Angel.
— C'est ce que je fais !
Il conduisait sûrement à 100km/h, mais je m'en fichais. J'avais besoin d'accoucher au plus vite.

***
Cela faisait trois heures maintenant que nous étions dans cette salle d'accouchement. La main d'Angel pouvait témoigner de la souffrance que je subissais, je l'avais sûrement broyé tellement je la serrai fort.
Il était maintenant derrière moi, à me faire des massages comme on l'avait appris, il essayait de me rassurer comme il pouvait, mais je savais que lui aussi était terrifié.
Une sage-femme entra dans la salle.
— Je vais vérifier le col.
Je m'allongeai, et elle fit son travail.
— C'est parfait, je vais appeler mes collègues, on va procéder à l'accouchement.
Je hochai la tête, soulagée que la douleur allait passer.
— Monsieur, suivez-moi. Vous devez enfiler cette blouse.
Angel la regarda incrédule.
— C'est elle qui va accoucher et pas moi.
— C'est pour l'hygiène.
Après qu'Angel eut enfilé cette blouse, il revint s'asseoir à mes côtés.
— Ça va aller. On va le faire tous les deux, chuchota-t-il.
Plusieurs infirmiers et sages-femmes entrèrent dans la salle. Une sage-femme m'installa dans la position correcte, elle m'expliqua comment je devais pousser. Respirer et pousser. C'était le rythme que je devais garder.
— On va y aller. Prenez une grande inspiration et poussez dès que vous sentez qu'il y a une contraction.
Je suivis ce qu'elle me dit de faire tout en broyant la main d'Angel. Au bout de plusieurs minutes, j'entendis les cris du bébé et une personne demanda à Angel s'il voulait couper le cordon ombilical.
Mais je n'étais pas présente, mon corps était là, mais mon esprit divaguait. Quand ils posèrent ma fille sur ma poitrine, je ne réagissais pas.
Je me sentais partir, basculer dans un autre monde.
La voix d'Angel retint mon attention, quelques secondes.
— Qu'est-ce qu'elle a ? Pourquoi elle ne régit pas ! Faites quelque chose.
— Elle fait une hémorragie ! Il faut essayer de l'arrêter.
Et ce fut la phrase que mon cerveau enregistra avant de sombrer
J'avais promis à Angel que ce serait, Leia, lui et moi.
Mais ce sera Leia et lui, contre eux.

Angel

Pour la première fois de ma vie, j'avais peur.
J'avais peur de la perdre.
Deux heures que les médecins sont avec elle dans cette chambre à essayer de stopper cette hémorragie.
Quand elle avait fermé les yeux, elle avait sombré. J'avais eu l'impression que mon monde s'était écroulé autour de moi.
J'avais besoin de Nina dans ma vie.
Parce qu'elle était mon soleil, et que sans elle mes journées seraient éteintes.
L'amour arrivais quand on ne s'y attendais pas. Alvaro m'avait tellement répété cette phrase que j'avais cessé d'y croire, sauf qu'il avait raison, parce que je ne pensais pas aimer Nina plus que ma propre vie.
C'était nous. Elle et moi.

This day                                     Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant