Les bars

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J'adore aller dans les bars.

Je le vois un peu comme un loisir. C'est même un peu plus qu'un loisir, c'est une passion.

Ça me fait chier de savoir que je suis tout seul chez moi le soir alors qu'il se passe quelque chose dans la rue d'à côté. J'ai vraiment envie de savoir ce que font ces gens, de quoi ils parlent.

J'y vais seul en espérant secrètement que personne ne va venir me parler, à part les gens avec qui j'ai envie de parler.

Je me rends compte que c'est stupide de vouloir aller dans un endroit pleins de monde pour être tranquille mais c'est ce que je fais.

J'aime bien parler à une seule personne. Quand il y a un groupe, les gens deviennent plus bêtes que d'habitude. On sent très vite le besoin de montrer qu'on est le plus intéressant ou le plus couillu.

Un bar, c'est comme un confessionnal. Les gens ressentent le besoin de dire tout ce qu'ils pensent. C'est marrant.

Je regarde et j'écoute, caché dans un coin.

On peut pas empêcher un mec bourré de venir vous parler. A partir du moment où il vous a choisi, vous êtes foutu. Il doit vous dire ce qu'il pense, c'est tout ce qui compte pour lui.

Comment lui expliquer que je suis un peu autiste, que j'aime pas qu'on me touche ou qu'on m'oblige à écouter des histoires qui ne me regardent pas? C'est pas facile, il faut utiliser des stratagèmes.

J'aime les bars. Ils me donnent l'impression que je fais partie de quelque chose, d'une vie secrète.

Les bars sont un miroir, le concentré chaotique d'une époque, la gestation indiscrète d'un mode de vie contemporain, la fable exagérée de ce mécanisme latent qui nous entraîne dans ce tourbillon frénétique qu'est notre existence.

La plupart de ces gens viennent pour trouver quelqu'un, peut-être une âme sœur. Ils font leur possible pour montrer qu'ils sont joyeux et pleins d'espoirs, alors qu'ils sont désespérés.

D'autres viennent simplement pour boire un coup, se mettre un peu mal et rigoler entre potes.

Il y a un peu de tout dans les bars, de la joie, de la violence, des grands discours, de la drogue, des amitiés d'un soir et du sexe.

Quand je repars, j'ai comme un pincement au cœur, j'ai envie d'applaudir tout le monde pour cette scène de vie, de les remercier pour le spectacle.

Mais bon, entre nous, j'aurais vraiment l'air con si je faisais ça.

Le cabinet des curiositésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant