Existence

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Nous sommes vivants, voilà. 

Notre santé mentale repose sur un équilibre fragile mais essentiel. Si ce n'était pas naturel d'aller vers l'avant, de voir ce qu'il y a après, tout le monde se suiciderait. Alors on trouve des raisons d'exister, de vivre, d'être heureux. On le fait naturellement. 

On apprend à supporter le fait qu'on ne saura jamais. Notre existence n'est peut-être qu'un capriceabsurde au milieu d'un monde froid et indifférent. Nous expérimentons, nous trouvons des raisons.C'est angoissant ou rassurant, suivant l'angle d'approche, nous devenons alors les architectes de notre conscience. Nous façonnons le monde à notre image sachant qu'elle n'est, elle-même, qu'un écho de celui-ci. 

Tous les gens qui vous entourent flottent ainsi dans l'espace comme de simples résidus d'étoiles dansant silencieusement dans la pénombre. 

Les humains sont des équilibristes, sans cesse en recherche d'une raison. Dieu, les extra-terrestres, lascience ou l'art, n'importe quel archétype peut devenir le ciment des raisons qui nous ont amenées ici. 

 Mais il n'y en a peut-être pas. 

Nous devons nous contenter de rien. Nous ne sommes que des singes abasourdis par le spectaclegrandiose de la création. Classifiant tout ce qui nous échappe, donnant des noms à notre ignorancepour la rendre moins effrayante. 

Nous ne sommes que le fruit du hasard, issu de quelques réactions chimiques chanceuses. Nouspourrions disparaître demain en un claquement de doigt, d'un toussotement du soleil ou sous lesradiations courroucées d'un pulsar voisin. Les pyramides, la Joconde ou les constructions en bois dupetit Benjamin disparaîtraient alors comme si elles n'avaient jamais existé. 

On en parle pas trop entre humains. Cette pudeur naturelle nous empêche de sombrer dans la folie où l'indifférence. On en parle avec nos proches qu'après plusieurs décennies passées ensemble. C'estpresque un tabou. 

Il n'y a nulle raison sacrée pour que nous soyons là, aucun but caché, aucune vie après la mort niaucun être supérieur qui nous surveille depuis sa navette ou son colisée. Nous sommes seuls, pourl'instant, et nous pouvons disparaître à tout moment. Notre temps est infime et vertigineusementrelatif. Nous ne sommes qu'une nanoseconde égarée dans une infinité de possibilités, que desmolécules de carbone et d'hydrogène siégeant à la surface d'un amas de matières réchauffée par une boule de gaz en fusion. 

Mais je crois que je vais essayer d'oublier tout ça et aller regarder le coucher de soleil moi..

Le cabinet des curiositésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant