Et voilà, et vodka !

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J'ai bu jusqu'à plus soif, j'ai enquillé de la bibine jusqu'à confondre les lampadaires avec des princesses. J'ai tisé mon pote, tout ce que le monde avait à m'offrir. Je me la suis mis sévère, j'ai gargarisé, bourboné de la pisse d'âne. C'est bien, bravo.

Pour commencer à croire en l'amour, je me suis fais un an d'abstinence. Mes potos n'y croyaient pas eux. Et pourtant, c'est vrai. J'ai pas touché un coquillage depuis trois cent soixante trois... Depuis trois cent... Depuis un an.

Mais pourquoi donc se demanderont certains ? Non, je plaisante, tout le monde s'en fout.

Qu'importe le flacon, pourvu qu'j'évite l'herpès. Il faut que je rentre seul. Non, mais tu comprends pas, c'est vraiment important.

« Y'a quelqu'un, là, dans mon lit. Oh, mais putain, c'est qui ? Et c'est quoi ce chat ? J'ai pas de chat ! Mais bordel, je suis où ?!! »

Tout va bien. J'ai sympathisé avec Ottok, Luntok et Gendun, mes potes les moines tibétains. On joue au billard ensemble. Ils ont vu dans mon regard que j'étais comme eux maintenant. Leur traducteur, Tenzin, se fout de ma gueule : « Tout ce qu'ils ont vu, c'est que t'as pas remis d'eau chaude dans la théière, boloss. »

Tout va bien. J'ai fais des tests pour voir si j'buvais pas trop. Entre deux états grippaux, mon médecin généraliste un peu barjot a regardé les résultats : « ça va, aucun problème. » Il me ment et je fais semblant de le croire. Il doit faire partie d'une société secrète qui prône l'extinction de l'espèce. Je l'aime bien ce type.

Tout va bien. Si je continue comme ça, d'ici à deux ou trois ans, j'aurais un labrador, une familiale, un pavillon entouré de thuyas bien taillés, un crédit sur vingt ans et bobonne sera en cloque jusqu'au nez. Ravissant. « Non, moi c'que j'veux, c'est un couple super-moderne. On voyagera ensemble et on s'aimera toute la vie juste pour déjouer les statistiques ! » Ou bien : « Le mieux, c'est chacun son appartement, son jardin secret, c'est ça le secret. »

(violons) Non. Moi, tout ce que je veux, c'est juste un peu plus de vérité. Je veux parler à quelqu'un et l'écouter. Du désir, du sens. Pour une seconde ou soixante-dix ans, je veux pouvoir le regarder dans les yeux... (bruit de vinyle qui se crash) - Heu... qui ça ? – Ben heu... le type là, dans le miroir. – Ah OK, pardon. (la musique reprend) Je veux aimer pour de vrai, quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis, je veux... (deuxième bruit de vinyle qui se crash) – Je veux ! Je veux ! Ça va aller oui ? Tu veux pas qu'on te le livre chez toi aussi, non ?!! Boloss. – Bon, je laisse tomber, j'arriverais pas à finir mon histoire.

Tout va bien. L'important c'est pas la chute, c'est l'amortissage. C'est comme ça qu'on dit, non ?

Le cabinet des curiositésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant