Mercredi 7 octobre 2015, 4h du matin. J'arrive pas à dormir, j'ai faim, j'ai pas de thunes et je viens de faire un test sur internet qui me dit que je suis un sociopathe.
Vie de merde, j'ai le syndrome de la feuille blanche, à croire que j'ai plus une seule de mes banalités à vous cracher au visage. Demain, je postule au mac do et j'arrête de me prendre le chou. Réfléchir, c'est de la branlette pour les attardés du monde réel.
Il pleut. Super...
Vie de merde, les gens m'ennuient. J'ai envie d'être seul et riche, planqué dans un manoir high-tech au fin fond d'une forêt suisse-alémanique à fumer des rhums de luxe et à boire des barreaux de chaises. (...) Ou l'inverse.
Vie de merde, j'arrive plus à me rappeler si j'ai déjà eu une femme qu'avait pas de mec.
Vie de m... mercredi ! On est déjà mercredi, et aujourd'hui, j'ai un chier de truc à faire.
J'arrive. Je vais juste me resservir un verre de rhum...
Je disais quoi ? ? Ah oui ! Vie de merde, la société est toute mal foutue. Alors on râle, on se plaint et on ne fait rien pour que ça change. Une petite canadienne fait le buzz sur le net en parlant des vices du monde de la finance, on s'émeut 5 minutes et puis... On râle, on se plaint et on ne fait rien pour que ça change. On regarde un reportage sur le business des armes orchestré par les grandes puissances, ça nous rend dingue. Alors on râle, on se plaint et on ne fait rien pour que ça change...
Vie de merde, on baise parce que ça fait du bien. L'instant d'après, on se met chacun d'un côté du lit pour regarder notre fil d'actualité facebook, sans se parler, sans se toucher, sans se comprendre.
Vie de merde, je ne suis pas assez lâche pour lâcher l'affaire. Si seulement j'avais pas de couilles. Au pire, je ferais comme si de rien n'était. J'aurais un pavillon à la pelouse bien tondue, un labrador, une haie de thuyas parfaitement taillés, un break, des 'tites têtes blondes et un crédit sur 20 ans, pestant les SDF de ne pas vouloir s'en sortir et les politiques d'être tous corrompus. Au mieux, je me mettrais une balle dans la tête.
Vie-de-merde, y'a plus de rhum.
Vie de merde, je ne supporte plus la médiocrité, l'hypocrisie et la bien-pensance. Alors imaginez ce que je ressens quand une quadragénaire en manque d'affection me fait croire qu'elle est altruiste (hypocrisie) parce qu'elle essaye de me vendre un sandwich dégueulasse (médiocrité) pour aider des réfugiés politiques (bien-pensance) qui vont servir de mains-d'œuvre dans le pays qui les accueille... Ça me donne envie de lui mettre un grand coup de pelle derrière la tête. Je veux dire, physiquement.
Vie de merde, ce gros moustique transgénique va-t-il sérieusement rester toute la nuit à virevolter au plafond alors qu'il y a une fenêtre grande ouverte à côté de lui ?
Vie de merde, les pains briochés, les ouvertures faciles, les trèfles à trois feuilles, les tocs de ta sœur, les potes en plastiques, la 5G, les dragées, les trajets blablacar, les blablas, les bibelots, les babines aiguisées, le gaz, le schiste et les chiards au resto, les pâtes au pesto, les putes au placard et les quarts d'heure mytho, m'as-tu-vu, médisants, malappris, misogynes, la gale, la guigne et les gosses des autres, les hommes, les femmes et les zones de guerre, la faune, la flore et la terre entière !...
Pfffiouuu !... Ça fait du bien. Je vais pouvoir reprendre ma vie d'autiste maintenant : « Tu voudrais pas être comme tout le monde des fois ? ». Mais je suis comme tous les autres chats... Surtout la nuit. A la fin de la neuvième symphonie, je m'en irais en sifflotant vers ce lieu mystérieux où s'en vont les cowboys au soleil couchant, en mangeant des spaghettis...
Houuuu, hou hou hou houhou houhouh houhouuuu, don't worry... hou houhou houhou houhouuu... Be happy !
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Le cabinet des curiosités
Historia CortaIl y a dix ans, j'entamais l'écriture d'une série de chroniques. Sujets de société, histoires, poèmes, coups de gueule, à lire dans l'ordre ou dans le désordre... En voici une sélection, une ébauche de ce projet qui compte aujourd'hui plus d'une cen...