Messieurs-dames.
Oui, je sais. Je suis le premier à le dire. Il y a un moment où il va falloir arrêter de mettre le mot quantique partout. On se croirait dans les années 50 avec le mot atomique. Quand les héros de SF avaient des pistolets atomiques, des fusées atomiques et des robots atomiques.
Maintenant, c'est quantique.
Le pire, c'est que le mot a été récupéré par tous les gogos et pseudos-scientistes new age. Et ils nous sortent des quantiques à toutes les sauces : la médecine quantique, les chakras quantiques et ta sœur la chauve qui mange ses morts quantiques.
Mais là, c'est justifié. Si, si.
D'ailleurs, une équipe internationale de chercheurs a fait des recherches pour chercher des choses à trouver sur la question de la recherche des choses quantiques.
OK, je viens de me relire et j'avoue que cette histoire commence un peu comme un trip sous Psilocybe fer de lance à quatre pattes en plein milieu d'un champ de vaches volantes.
Tant pis hein, allons-y gaiement ! Plus y'a de fous et moins y'a de riz.
C'est en lisant cette étude récente et fort intéressante que je me suis dit qu'il fallait que je vous parle de ma théorie...
Que dit cette étude ?
Elle appuie l'idée d'une cognition quantique au niveau neuronale.
"Lorsque nous pensons, hésitons, raisonnons ou prenons une décision, nous n'obéissons pas aux règles de la logique classique, mais à celles, étranges et biscornues, de la mécanique quantique, où les choses ne sont plus parfaitement définies, mais intriquées, ubiques, oscillantes et superposées. Et voilà qui éclaire d'un nouveau jour toute la psychologie humaine : nos états d'esprit sont d'abord des états quantiques" dit l'article de Science & vie.
Ou pour simplifier : nos choix ne résultent pas d'un cheminement long et chiant, on se décide au dernier moment.
"Ah bah merci les gars... Genre, on le savait pas..."
Et ben non, on le savait pas. Et ce que ça implique au niveau psychologique est juste énorme. Et c'est là que j'en viens à cette intuition qui m'obsessione depuis si longtemps...
Et si nos opinions étaient dues au seul hasard ?
Ouais... Mets ta ceinture de sécurité du cerveau parce que là, on va prendre quelques virages bien serrés.
Ma version de la pensée quantique, c'est que tout le monde a tort et tout le monde a raison. Et cette étude... Et ben, elle s'en approche dangereusement...
Fini de se prendre la tête, fini les guerres, fini de te battre avec ton collègue de travail parce qu'il pense que les dauphins sont des gros cassos. Nos tergiversations seraient aussi absurdes que d'essayer de vider l'océan avec un dé à coudre.
Tiens, prenons un exemple.
Imaginons que tu fasses partie de ces gens qui ne comprennent pas pourquoi on investit dans le programme spatial alors qu'on pourrait faire un tas d'autres choses de cet argent. Et si ton oncle t'avait offert un livre sur l'espace au lieu d'un DVD sur la coupe du monde de foot 98 ? Es-tu sûr que tu penserais la même chose aujourd'hui ? Si ce jour-là, ton oncle avait pris une autre décision, au dernier moment parce qu'il trouvait la couverture du livre était jolie ?
En fait, tu penses ce que tu penses uniquement par hasard.
T'es dégouté hein ? Tu croyais que tes pensées étaient dues à une longue concertation avec toi-même, que t'aimais l'argent parce que t'avais tout compris mieux que les autres ou que la défense des animaux était la seule chose qui comptait pour toi ?
En gros, à une pincée de choix près, t'étais quelqu'un d'autre.
Bien entendu, cette théorie a des limites. Si un cøuillon vient m'affirmer qu'une fille qui dit non veut en fait dire oui, je lui quantique la face à coup de tatane. Si l'idiot du village vient m'expliquer que les noirs sont moins intelligents que les blancs, je lui ferais gentiment remarquer que les blancs dont il parle étaient justement noirs avant. Échec et mat.
Non, non, relativisons.
Ce qu'il y'a de différent entre ma théorie et cette étude de 2020, c'est que ces chercheurs ont mis en avant le fait que les neurones fonctionnent de manière quantique. Pour ma part, je pense que nos opinions aussi, donc le résultat de ces choix, qui deviennent quantiques à leur tour, par projection.
En quoi ça serait utile de savoir ça ?
Je connais beaucoup de gens qui prennent très mal le fait qu'on ne pense pas comme eux. Il faut y aller avec des pincettes avec certaines personnes, je suis sûr que vous en connaissez...
Si effectivement nos opinions étaient dues à des réactions quantiques, presque aléatoires, se braquer deviendrait ridicule et nous ne ferions que discuter des raisons de nos différences pour avancer.
Exactement ce que font deux scientifiques qui débattent. S'ils se faisaient la guėule à chaque fois qu'ils ne sont pas d'accord, comment feraient-ils pour faire avancer la science ?
Je vous le demande.
Prenons moins à cœur ce que nous pensons. Nous aurions aussi bien pu penser le contraire.
Voilà. Je ne suis pas propriétaire de cette théorie et je suis sûr que d'autres ont su mieux que moi la mettre en avant mais j'avais très envie de vous partager ça.
Merci d'être allé jusqu'au bout de cette brève et si vous ne pensez pas comme votre humble serviteur, n'en faites pas toute une histoire. On parle, on se boit une bière, on se met bien et je suis sûr que le résultat pourrait être fascinant.
Tchô bise.
VOUS LISEZ
Le cabinet des curiosités
Short StoryIl y a dix ans, j'entamais l'écriture d'une série de chroniques. Sujets de société, histoires, poèmes, coups de gueule, à lire dans l'ordre ou dans le désordre... En voici une sélection, une ébauche de ce projet qui compte aujourd'hui plus d'une cen...