Qui nous dirige ? Nos gouvernements ? Des sociétés secrètes ? Des reptiliens ? Des vieux blancs friqués en costard ?
Commençons par le début. Maintenant que j'y ai un peu traîné mes guêtres, je commence à y voir plus clair en politique. Et wow ! Je me demande si ce n'est pas pire que ce que j'imaginais à 17 ans...
À droite, on se persuade d'en avoir des grosses en prenant soi-disant des mesures que d'autres n'auraient pas osé prendre mais tout ce qu'on prend en réalité, c'est encore plus aux pauvres pour le donner aux riches. Les têtes de file de la droite sont des sortes de robins des bois inversés, les serviteurs du dieu Argent, les porte-valises d'une méritocratie et d'un ruissellement imaginaire.
À gauche, on n'ose pas dire qu'on est libéral, on n'ose pas dire qu'on est écologiste, on n'ose pas exister, on n'ose pas respirer. À gauche on ne sait plus vraiment qui on est, une masse informe de nantis institutionnalisés et déconnectés du monde réel. On se donne du tempérament en défendant des causes de plus en plus radicalisées, comme le féminisme, le genrisme, la grossophobie et tout ce qui ne coûte pas trop cher à défendre.
Les écolos n'ont toujours pas de charisme alors qu'ils seraient peut-être les seuls à comprendre les enjeux de notre temps mais il faut bien le dire : ils sont aussi efficaces que des couteaux émoussés et aussi sexy que des profs d'histoire-géo. Même les écolos ont peur de faire de l'écologie. Ceux à qui il reste un peu de verve sont des mystiques qui nous verraient bien retourner au temps des pyramides pour chanter des psaumes à la gloire de Gaïa. L'écologie de terrain a disparu des débats pour faire place au green washing politiquement correct ou au mysticisme exalté.
Les communistes, malgré leurs tentatives de dissimuler leur véritable visage derrière des noms pompeux essaient désespérément de rallier la classe moyenne à leur pseudo révolution qui se solderait, n'en doutez pas, par le remplacement d'une oligarchie capitaliste par une dictature étatique.
À l'extrême droite, on ne sait plus sur quel pied danser, la droite décomplexée s'est emparée de la plupart de leurs chevaux de bataille. On est obligé de partir sur des délires encore plus extrême à base de test génétique ou je ne sais quelle aberration pour faire un peu d'audimat. Autant le dire clairement : chez les identitaires, le débat est au ras des pâquerettes.
Où est le citoyen dans tout ça ?
Rien ne change. Nos politiques n'ont pas d'idées, ils n'ont pas de visions et se complaisent dans l'idéologie aveugle, le déni et l'autosatisfaction.
Impossible de se sentir représenté dans ce court-bouillon de promesses, dans cette mascarade acerbe et hypocrite.
"Les partis garantissent l'équité", m'a-t-on dit. Oui, celle de leurs propres idéaux quand ils ne représentent qu'eux-mêmes.
Vous l'aurez compris, je ne me sens pas représenté.
La politique me déçoit, encore et encore mais je ne cesse d'y croire, idéaliste borné que je suis. Bien sûr, nos élus ne sont pas tous pareils et quelques-uns ont encore de bonnes intentions et défendent ce qu'ils croient juste.
Trop peu hélas et de leurs aveux, ceux-là se sentent bien seuls...
Nos élus devraient être des techniciens à la recherche d'un monde meilleur. Au lieu de ça, beaucoup sont des acteurs, des menteurs ou des fainéants, à la recherche de la moindre occasion pour en faire le moins possible, pour se faire mousser, prendre du galon et placer ses billes. Ils sont à l'image de notre société moderne : tournés vers eux-mêmes, au service de leurs propres intérêts.
Si le mot politique a eu un sens noble un jour, il serait peut-être temps de lui rendre.
Le problème aujourd'hui n'est ni la gauche, ni la droite. Nos véritables ennemis sont le pouvoir et l'argent. Les partis sont des illusions, les politiciens, les marionnettes du libéralisme, d'un système malade et autodestructeur.
Le libéralisme, c'était mieux avant. Quand il promettait à n'importe qui de réussir dans la vie. Réussir, c'est bien mais s'épanouir, c'est mieux.
Qu'est-ce qui a vraiment changé depuis quarante ans ?
Rien. Ou presque rien. Aucune grosse avancée sociale, aucune mesure phare pour remédier à la situation catastrophique de la planète. Nous stagnons dans un état léthargique personnifié par l'insouciance de la classe moyenne. Ça arrange les affaires de ceux qui dirigent réellement nos pays : les ultra-riches. Pas besoin d'imaginer un groupuscule en toge qui fait des réunions le samedi soir pour décider du sort de la planète, la réalité est souvent beaucoup plus cynique et terre à terre.
Cette poignée "d'élus" dont les comptes en banque et les actions dépassent des PIBs ne sont sûrement pas des reptiliens qui sacrifient des nouveau-nés dans des chapelles sataniques, ce sont de simples humains persuadés d'être plus intelligents que les autres et dont les intérêts convergent. Ils sont tellement riches que certains pensent être des sortes de dieux ou des surhommes au service d'une cause qui dépasse les préoccupations des petites gens.
Je le redis : notre ennemi n'est pas la politique, c'est l'argent, c'est le modèle qui profite de cette léthargie.
Les partis ne sont qu'une illusion : celle d'avoir le choix.
Parenthèse : savez-vous pourquoi certains d'entre eux se moquent de l'écologie ? Pourquoi ils ne prennent pas les alertes données par les scientifiques au sérieux ? Parce qu'ils sont persuadés que l'humain va créer des technologies qui nous sauveront tous. Comme la fusion nucléaire, par exemple. Nous ne faisons rien parce que nous nous croyons plus fort que la nature, plus fort que les éléments.
Cette époque est terrible, elle est moche.
On a oublié de dire que c'est le libéralisme, par la destruction des milieux sauvages et de nos systèmes de santé, qui est à l'origine cette pandémie Hitchcockienne. Ce même libéralisme qui prétend nous sauver aujourd'hui. On oublie de dire que les courants identitaires qui font tant polémique en ce moment seront eux aussi les pions du libéralisme et qu'une fois au pouvoir et que vous pourrez gentiment vous asseoir sur vos rêves de fière République et d'identité.
Oui, il y a des choses qui changent. On a sauvé les tortues des Galapagos. L'espérance de vie de ces animaux magnifiques est de deux cents ans. Certains ont vu la révolution industrielle, ils ont pu se rendre compte de la vitesse à laquelle nous avons tout foutu en l'air.
Il me vient alors une question étrange... Croyez-vous que les tortues des Galapagos nous en veulent de les avoir sauvés ?
De son côté, le citoyen pourrait être au cœur de tout. Il pourrait être l'instigateur, l'étincelle et les idées.
Si nous n'étions pas à aussi narcissiques, à l'image de nos politiciens, à l'image de cette société malade, alors notre évolution serait fulgurante. Si nous réussissions à nous organiser, à nous fédérer à prendre conscience de notre rôle sur cette planète, notre environnement se transformerait tellement vite que nos gouvernements n'auraient pas le temps de comprendre. Ils seraient juste obligés de suivre la cadence.
Et nous l'avons fait pendant cette crise car il n'y avait rien à attendre de la politique. Nous avons consommé plus local et plus sain, nous nous sommes posés des questions et les actions citoyennes ont connu une croissance exponentielle.
Représentons-nous nous-mêmes, on a meilleur temps.
La crise que nous vivons aurait dû être l'occasion de changer de modèle mais il faut regarder les choses en face : nous avons été les témoins de la division et de la folie humaine. Prenez deux minutes pour imaginer ce qu'il pourrait se passer quand l'eau potable viendra à manquer...
Et à quoi elle sert cette chronique ?
Pour moi, c'est le travail le plus important, "comprendre que ça ne va pas". Au moment où vous réalisez que vous avez un problème d'alcoolisme, vous avez fait 50% du chemin. Le reste ne consiste qu'à changer vos mauvaises habitudes. Le pire serait de croire que tout va bien.
Évidemment, je sais que nous pouvons encore sauver les meubles.
Cette lecture n'est qu'un constat, mais elle est aussi un point de départ. Oui, j'ai peur de l'avenir et comme le disait Krishna, "la peur bloque la compréhension intelligente de la vie". Nous ne devons pas nous contenter d'avoir peur, le moment est venu d'être plus réaliste, rationnel, agir et changer de modèle par nos réflexions et surtout, par nos actions.
Le temps n'est plus au positivisme béat. Nous avons tristement pu le constater ces deux dernières années : le monde ne va pas se changer tout seul.
Gardez le feu, on se voit vite.
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Le cabinet des curiosités
Historia CortaIl y a dix ans, j'entamais l'écriture d'une série de chroniques. Sujets de société, histoires, poèmes, coups de gueule, à lire dans l'ordre ou dans le désordre... En voici une sélection, une ébauche de ce projet qui compte aujourd'hui plus d'une cen...