Salut à vous, terriens et terriennes !
"Je n'ai pas perdu la magie de l'amour mais j'ai une vision plus claire de la situation. Et pour ceux qui ne connaissent pas le temps de te répondre, je suis en train de mater le dossier de mon père..."
Non, j'ai pas pété les plombs, pas encore. J'étais en train de tester les suggestions de mon clavier. C'est drôle, non ? Ça me fait un peu penser à la société actuellement : ça part dans tous les sens.
Comme beaucoup aujourd'hui, je ne me sens plus en phase avec ce monde. Lequel/laquelle d'entre vous n'a jamais songé à tout plaquer pour devenir un arbre ? Ça doit être cool d'être un arbre. Pas de déclarations, pas de responsabilités, pas de patron qui te casse la tête...
On regarde juste les saisons défiler en servant de perchoir aux gentils petits oiseaux.
Soyons francs : ça va mal pour beaucoup de monde. Y'a plus de sous, plus de motivations, plus de bonheur... Il ne nous reste plus qu'à attendre la mort, chacun dans son coin, persuadé d'avoir raison plus que les autres ou que le ciel nous en veut.
Pas d'inquiétudes, ça va passer. C'est juste que votre cerveau se croit encore en confinement.
Mais peut-être l'est-il ?
Si la société était un humain, celui-ci serait bourrée de nœuds émotionnels. On veut que ça change mais on ne fait rien pour. Il y a trop d'informations, trop d'anxiété, trop de tout. Nos idées se contredisent, incapables que nous sommes de suivre le fil rouge de nos indispensables utopies.
Nous voulons être en bonne santé mais nous nous détruisons chaque jour.
Nous voulons être plus sages mais nous nous laissons dominer par nos émotions.
Nous aimons la nature mais nous ne faisons rien pour la préserver.
Alors que la politique perd peu à peu ses lettres de noblesses sous l'épaisse couche de rouille du pouvoir, les nouveaux récits nous entraînent vers l'illusion d'un monde meilleur.
C'est tout ce qu'il nous reste pourtant. L'humain nous a abandonné. Ce qui revient à dire que nous nous sommes abandonnés nous-mêmes. Ça fait beaucoup de "nous" pour une espèce de singe aussi égocentrée.
Les nouveaux récits ? Pourquoi pas ?
Si la politique ne peut plus rien pour nous, poussons les murs et créons un nouveau monde entre gens sympas. Ceux qui se foutent de l'argent ou des titres. Ceux qui préfèrent boire une bière avec un pote au bord du lac que de passer des vacances dans un cinq étoiles à Bal El Oued.
Je me fous de vos règles, je me fous de votre ordre et de vos obsessions pour le contrôle, je vais juste faire comme j'ai envie.
Cultivons nos légumes, construisons des communautés autonomes, émancipons-nous de cette société malade, de nos factures d'électricité et du service des impôts. C'est à notre portée. Plus à la nôtre qu'à celle de nos parents à leur époque. Détruisons cette illusion qu'est notre vie, libérons-nous de cette torpeur, de cette euphorie béate qui nous empêche d'avancer.
Je ne veux pas vivre en marge de la société, je veux en créer une nouvelle. Rien que ça.
En suivant les règles de la civilisation (avec de l'argent), j'achèterai une forêt un jour. Il y aura un terrain avec une source. Ma maison sera petite mais très confortable, jolie à voir et chiadée comme une Patek Phillipe. J'irais me balader souvent, pour ramasser des noisettes et cueillir des fleurs comestibles. Je me ferais des sirops de pissenlit et des confitures de tomates vertes, des vins de sureau et des gnôles de pommes. Il me faut aussi quelques poules parce que j'adore les nuggets et les toasts aux œufs le matin.
Aaahhh ! Pas besoin de plus. On échangerait des fruits et des légumes avec mes voisins, comme une bande de hippies du troisième millénaire.
Mais... J'aime aussi la technologie.
Bim bam boum, nœud émotionnel. Bah bravo.
J'aime les découvertes de l'homme. Il vivra sur la Lune, sur Mars et sur Europe. Qu'on le veuille ou non, nos semblables ne cesseront jamais de regarder le ciel. S'il survit à ses contradictions, il colonisera son système solaire et puis tous les autres.
Je découvre les avancées de la médecine avec stupéfaction, je me délecte des nouveaux matériaux ou modes de transport. J'aime regarder les belles voitures sans même savoir les conduire.
Quel loup dois-je nourrir ?
Non, il n'y a pas, d'un côté les mystiques qui veulent retourner à l'âge de pierre (présent !) et de l'autre, les obsédés du modernisme. Je ne suis pas d'accord avec cette vision. C'est un tout. Et tant que nous n'assumeront pas ces apparentes contradictions, alors nous continuerons de nous battre les uns contre les autres comme des pantins désarticulés.
La politique ne peut plus rien pour nous. Ces gens-là ont fait trop d'études pour avoir l'esprit affûté. Spoiler alert ! Les visionnaires ont disparu. La vigueur intellectuelle de certains s'apparente à celle d'un concombre de mer. Désolé pour eux (les concombres de mer).
La solution, on la connaît. Vivre en circuit fermé. Plus aucun déchet, plus aucune énergie non-renouvelable. On pourrait vivre sur le dos de notre étoile et on aurait bien raison.
Laissez les dogmes là où ils sont, ils sont réducteurs et incomplets. Il y a plusieurs personnes autour de toi qui ne pensent pas pareil. Il y a plusieurs pensées en toi qui ne demandent qu'à cohabiter.
Je veux vivre avec vous autres, dans un monde utopique. Les aventuriers iraient sur Mars tandis que les hippies vivraient pépouze à la campagne. La seule chose importante, c'est d'arrêter de détruire notre environnement et donc, de nous détruire nous-mêmes. Oui, tu fais partie de l'environnement si jamais tu savais pas.
Ne lâchez pas le film, on arrive au meilleur passage. C'est quand nous sommes acculés que nous nous dépassons. Continue d'y croire et reste encore un peu, nous avons ce qu'il faut pour devenir magnifiques.
Allez, venez les enfants, on va pousser les murs.
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Le cabinet des curiosités
Short StoryIl y a dix ans, j'entamais l'écriture d'une série de chroniques. Sujets de société, histoires, poèmes, coups de gueule, à lire dans l'ordre ou dans le désordre... En voici une sélection, une ébauche de ce projet qui compte aujourd'hui plus d'une cen...