> Le seum
Après avoir lu une tonne de livres sensés m'expliquer comment être heureux, je me pose toujours la même question : mais putain... qu'est-ce que je fous ici ?
Les gens sont fades, les gens sont faux, les "j'en branle pas une car point trop n'en faut". Les gens sont vides, sans émotions, des gens sans passions, sans vie, sans foutus avis. Je suis entouré de zombis dont la seule préoccupation est de savoir quelle série de merde ils vont mater avant de baiser comme des automates.
Cette vie, c'est l'enfer. L'innocence a foutu le camp avec la gentillesse et l'amour. L'amour naturel, pas celui qu'on prépare comme on prépare un cheese cake.
T'as pas envie d'être comme les autres ? T'as juste à être gentil, c'est facile.
C'est leur faute si j'ai autant de défauts. C'est peut-être de la mienne s'ils ne font pas d'efforts. J'en sais foutre rien mais il y a des jours où je me demande pourquoi on reste là à se regarder comme des cochons sur le point de partir à l'abattoir, se gavant une dernière fois avant de finir en chipolatas.
Je vous conchie, vous, la bien-pensance. Je vous haïs, vous, les humains cupides et programmés. Je ne sais même plus comment être quelqu'un de bien. Y'a plus personne pour me montrer.
Les curés sont des fils de putes, les policiers sont des raclures, les juges sont des sociopathes et les héros des livres d'histoire sont des tueurs en série.
Il m'arrive de croiser un humain sympa, de temps en temps. La détresse se lit dans ses yeux. Il fait tout pour rester comme il est mais c'est pas facile. Pauvre humain.
Il y a des jours où j'ai même plus envie d'essayer de me convaincre. Il y a de longues journées noires et froides. La violence est froide, la guerre est l'excuse de notre médiocrité. Il m'arrive de pleurer, seul et idiot. Quand des petites voix numériques me décrivent la misère du monde.
Tout va mieux qu'avant paraît-il.
On vit plus vieux pour être plus con encore plus longtemps. La médecine fait des miracles, merci la médecine. On va pouvoir mieux se foutre en l'air. Il y a moins de guerres paraît-il. Nous vivons une ère de paix. Allez dire ça aux dizaines de milliers d'espèces disparues depuis qu'on sait faire pousser des carottes.
N'importe quoi, voilà que je délire. Les animaux, ça parle pas. Heureusement pour nous, ils en auraient des choses à dire. Les hérissons écrasés au bord de la route, les lions dans les cirques et les poulets en batterie.
L'argent nous rend stupide. L'amour nous rend stupide. À croire que tout est potentiellement une excuse pour devenir stupide.
Je suis stupide.
Ce sont mes attentes qui me trahissent. Il est peut-être temps d'entrer dans les rangs, de baisser la tête et d'en finir avec mes émotions. Et merde, je suis déjà dans les rangs. Ma médiocre existence m'a rendu aussi avisé qu'une cuillère en plastique. À aimer celles qui ne m'aiment pas et à faire souffrir celles qui m'auraient tout donné.
Ça devait être trop simple.
Les gens sont fous. Ils sont prêts à croire tout et n'importe quoi pourvu que ça les éloigne de leur souffrance et de leurs doutes. Les psys sont uniquement là pour nous aider à changer de folie : avant t'es mal dans ta peau et après tu passes ton temps à te convaincre que t'as changé.
Nous sommes un peuple de petites bulles, incapables d'apprécier la beauté. Des petites bulles solitaires et tristes persuadées de vivre en société. Et à part trois péquenots perdus au fin fond de la forêt amazonienne, l'humanité, c'est juste une assiette de viandes froides oubliée sur le banquet de l'existence.
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Le cabinet des curiosités
ContoIl y a dix ans, j'entamais l'écriture d'une série de chroniques. Sujets de société, histoires, poèmes, coups de gueule, à lire dans l'ordre ou dans le désordre... En voici une sélection, une ébauche de ce projet qui compte aujourd'hui plus d'une cen...