6 novembre 1996

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Doux vent dans mes cheveux et herbes virevoltantes qui chatouille mes cuisses nues. Aujourd'hui je ne suis pas allée en classe comme hier, et avant hier, et la cours est vide pendant que tous les élèves s'attellent à leurs tâches. Il y a quinze jours maintenant que notre professeur d'Etude des Moldus nous a demandé de rendre un écrit sur le sujet de notre choix, à condition que cela aborde le mode de vie des Moldus. Sans grande surprise je suis la seule Serpentard qui assiste à ce cours optionnel, et je n'ai donc personne à qui confier mes interrogations. Pour autant ces questions, elles, ne semblent pas vouloir quitter mon esprit. Personne ne sait pourquoi j'ai choisi cette matière, mais personne n'a pris la peine de me demander non plus. Je pense que je pourrais répondre à cette question par le fait que j'aimerais comprendre comment la vie est pour les autres, pour les Moldus. Poudlard était le plus bel endroit que je n'ai jamais connu, l'endroit où je me sentais le mieux, tellement bien que je n'ai pas cherché à connaître autre chose jusqu'à aujourd'hui. Mais cette année ce château est rempli d'incertitudes, chaque seconde passée est une question de plus ajoutée à toutes les autres. Alors oui, je répondrais que je veux comprendre, au cas où, je ne sais pas, je veux savoir comment cela se passe pour les Moldus. Est-ce qu'ils sont en compétition avec d'autres élèves sous prétexte qu'ils n'ont pas les mêmes caractères ? Est-ce qu'eux aussi ont des jugements à la simple évocation d'un nom de famille ? Ont-ils la peur constante d'une nouvelle guerre ? Existe-t-il des méchants et des gentils ? Peuvent- ils avoir le cœur brisé et si oui existe t-il pour eux un remède ? Doux vent dans mes cheveux et herbes virevoltantes qui chatouille mes cuisses nues, une certaine agitation apparaît. Une sonnerie vient de retentir, les élèves sortent pour profiter de leur pause, il y a des pas, bien sûr qu'il s'agit des siens, qui d'autre ? Je peux sentir son regard sur moi et en me tournant vers lui j'aperçois un sourire furtif puis il lève les yeux au ciel tout en prononçant ses mots.


- Tu as encore loupé les cours ?


Je n'ai pas répondu et il a pointé son doigt vers mon parchemin avant de reprendre.


- Les Moldus ?


J'ai froncé les sourcils mais je n'ai pas répondu, face à mon incompréhension il a poursuivi.


- Tu avais l'air perturbé depuis notre retour du Manoir, je me suis simplement renseigné. Il parlait d'un ton détaché comme si cela n'avait pas d'importance.


- Auprès de qui tu t'es renseigné ? J'avais enfin pris la parole.


- Cela n'a pas d'importance.


J'ai reporté les yeux en direction de mon parchemin mais lui restait statique derrière moi comme s'il attendait quelque chose. Au bout de quelques secondes je me suis tournée à nouveau pour me plonger dans le bleu de ses yeux.


- Je t'ai préparé quelque chose si tu veux bien venir avec moi. Son ton détaché s'était dissipé pour laisser place à une certaine gêne.


J'ai regardé rapidement dans quel état j'étais, détail auquel il n'avait pas échappé puisqu'il m'a dit.


- Tu es très bien comme cela.


- Merci. Avais-je soufflé doucement, surprise.


- Je veux dire que ta tenue ne risque rien. Il parlait brusquement.


Je n'ai rien dit, je me suis simplement levé pour le suivre, mon parchemin toujours à la main. Nous n'avons pas marché très longtemps jusqu'à la destination souhaitée, j'ai reconnu que nous étions proches du lac. Et j'en ai eu la confirmation à la sortie du bois lorsque j'ai vu une petite barque accostée sur le rivage. Je devais sourire car lorsqu'il s'est tourné pour regarder ma réaction, il a souri à son tour.


- J'ai demandé à Crabbe et Goyle de surveiller les alentours pour que l'on soit tranquille.


- Tu leur as demandé de surveiller pour que personne ne nous voie.


- Ne sois pas si dur. Il avait surenchéri tout en continuant de marcher, sans prendre la peine de se retourner.


Nous sommes arrivés vers l'embarcation. Il l'a tenu durant mon ascension puis est monté à son tour. Il a ensuite détaché le nœud d'un coup de baguette et nous nous sommes dirigés sur les eaux, tout en silence.


- Ma mère avait l'habitude de m'emmener vers la fontaine du Manoir lorsque j'étais petit et que j'étais agité.


Je le regardais reconnaissante par son témoignage qui je le savais était précieux.


- C'est une habitude que j'ai gardé. Le fait d'entendre l'eau pour m'apaiser. Je viens ici lorsque j'en sens le besoin. J'ai pensé que ce serait bien pour toi.


- Merci, d'être là pour moi.


- Ce n'est rien.


- Tu n'es pas obligé d'être comme ça avec moi.


- Je sais, j'en ai envie. Puis après un petit silence, il a poursuivi. Tu as réussi à avancer sur ton devoir ?


- Pas réellement.


- Je peux te poser une question ?


Je ne lui ai pas répondu trop occupée à le regarder, il était incroyable avec ses cheveux qui se mêlaient au vent, même ses yeux cernés le rendait charmant. Je lui ai fait un signe lui donnant le droit de me poser sa question.


- Pourquoi avoir choisi ce cours ?


A nouveau je n'ai pas répondu, je l'ai regardé davantage. Comment pouvait-il être aussi facilement attachant ?


- Je ne voulais pas te faire pleurer.


- Je ne... Je me suis tue lorsque j'ai senti sa main au contact de mes joues, joues qui étaient en effet, recouverte de larmes.

InlassablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant