Inlassablement

11 mars 1997

En début de semaine était parvenu un courrier aux Serpentard, certains organisaient une fête ce samedi soir dans la Salle Commune. L'invitation avait été donnée à tous mais une grande partie des élèves l'avaient décliné à l'approche des examens. Je n'avais pas pris ma décision immédiatement et j'avais pris le temps de réfléchir tout au long de la semaine. J'ai fini par conclure que cela ne pourrait pas me faire de mal et que je n'étais pas obligé d'y rester longtemps. Draco s'était montré présent samedi dernier avec Slughorn mais depuis je n'avais pas beaucoup eu l'occasion de le revoir, j'étais curieuse de savoir s'il nous ferait part de sa présence ce jour. C'était un bon compromis, m'amuser avec Blaise et d'autres Serpentard tout en portant un œil sur lui. Ce n'est certainement pas ce que je devrais faire, du moins pour la seconde partie de ma pensée. Mais j'en avais assez de prétendre que ça ne m'était pas égal, j'en avais assez de lutter contre ça. Bien sûr je voulais avancer, et sans lui. Je n'avais pas changé de valeurs et je ne voulais pas d'un partisan actif de Voldemort à mes côtés, ni blesser sa petite amie et future femme. Mais tout ça ne m'empêchait pas de m'inquiéter pour lui. Qu'importe s'il m'avait menti et s'il ne se préoccupait pas de mon bonheur à moi, je l'avais aimé, comme je n'avais encore jamais aimé. Ce sentiment, je le lui devais. C'est lui qui m'a appris à aimer, à l'aimer. Et j'avais beau faire semblant rien n'effacerai jamais cela. Je voulais avancer, aller mieux de mon côté mais je ne voulais pas que cela m'empêche de me soucier de son propre bonheur. Il avait fait de moi quelqu'un de différent, ou peut-être avais-je seulement retrouvé à ses côtés celle que j'avais été un jour. Après le cours d'Histoire de la Magie, alors que les élèves étaient nombreux à se diriger à la bibliothèque, j'ai pris la direction de la Salle Commune. Celle-ci n'était pas encore prête à accueillir une soirée mais l'on pouvait voir les élèves monter dans leur dortoir pour se préparer. J'ai mis une robe et retouché mon maquillage de la journée puis j'ai remis la cape de notre uniforme pour dissimuler ma tenue. En effet nous avions tous convenu de faire acte de présence lors du repas du soir pour ne pas attirer les soupçons. Lorsque je suis redescendue dans la Salle Commune, divers amuse-bouches avaient été placés sur les tables qui accueillaient habituellement des élèves qui étudiaient. Il y avait aussi des verres et ce qui semblait être de l'alcool dissimulé dans des fioles anodines. Rusé pensais-je, nous étions des Serpentard après tout. Je réfléchissais, tout en mangeant, aux générations précédentes qui elles aussi avaient dû organiser des années plus tôt, des soirées interdites dans leurs salles communes. Le repas fut court, peu consistant comme bien souvent mais tout de même suffisant pour rendre compte de l'image d'une élève qui s'apprêtait tout comme la plupart de ses camarades à rejoindre les bras de Morphée. Par groupe de deux ou trois, les Serpentard quittaient la Grande Salle et dévalaient les escaliers en direction de la soirée. Je me suis levée pour quitter la table et descendre à mon tour sous le lac, je pensais que Blaise me rejoindrait dans le couloir mais lorsque j'ai entendu la grande porte s'ouvrir, c'est sa voix que j'ai reconnu.

- Le hasard fait bien les choses.

- Le hasard. Répétais-je.

- Sympa ta tenue. Il pointait du doigt mon uniforme.

- Ne prétends pas faire la conversation Draco, ne rend pas tout plus compliqué que ça ne l'est.

- Je voulais simplement bavarder un peu. On se voit beaucoup moins maintenant.

- Sans doute parce que tu es occupé à d'autres choses.

La porte s'est à nouveau ouverte, nous sommes retournés rapidement avec Draco pour voir Astoria.