8 février 1997

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Cet après-midi, n'ayant pas cours, Dumbledore nous avait donné l'autorisation de nous rendre à Pré-au-lard. Visiblement depuis l'incident que Draco et moi avions subi lors de notre excursion interdite, le contrôle des Détraqueurs avait été intensifié. Sans grande surprise presque tous les élèves avaient répondu présent à l'appel, heureux d'échapper durant quelques heures à leurs devoirs. Blaise et moi arpentions les rues en indiquant les boutiques où nous allions nous rendre après nous être réchauffés au Trois Balais. Gabrielle, Anthéa et Audrey étaient derrière nous. Pansy, Astoria et Draco devant. J'avais essayé d'échapper à ce rassemblement mais je voyais que depuis plusieurs jours Blaise avait de plus en plus de difficulté à se tenir éloigné de ses amis pour moi. Et je ne pouvais pas lui imposer cela, j'avais donc accepté d'aller avec eux au Trois Balais à condition de faire mes emplettes sans Draco sur mes talons. Nous sommes entrés dans le bar et nous nous sommes installés, peu de temps après nous étaient servis huit chocolats chauds fait à base de Chocogrenouille. Je réchauffais mes mains autour de la tasse tandis que Blaise a entrepris de commencer une conversation sur un sujet plus que délicat en vue de la tablé que nous étions.


- La Saint-Valentin approche, on va pouvoir voir des hiboux circuler partout dans le château avec divers paquets.


- Les plus judicieux vont faire leurs achats aujourd'hui. Marmonnait Gabrielle.


- Je me ferais mon propre cadeau ! Avait riposté Anthéa.


- De toute évidence. Rigolait Pansy.


- Parce que tu as un prétendant peut-être ? Avais-je soufflé à l'attention de la brune.


Elle avait fixé son regard sur le mien sur un ton de défis avant de lever les yeux au ciel et de commencer une conversation avec Astoria assise à côté d'elle.


- Je dois réfléchir à un cadeau pour toi. Soufflait Blaise.


- Moi ?


Draco assis non loin regardait la scène d'un œil mauvais. Astoria lui parlait et avait la main posée sur son bras mais comme bien souvent il ne semblait pas y prêter attention.


- C'est la fête de l'amour, donc je suppose que je peux.


- Bien sûr que tu peux. Je lui souriais de toutes mes dents.


- Hadès a dû mal à accepter les cadeaux. Il avait fini par prendre la parole.


- Tout dépend de qui il s'agit.


J'avais soufflé mes mots à Draco tout en me levant en direction des toilettes du bar. J'avais besoin de m'isoler, et j'avais besoin désormais besoin de fuir cette conversation qui prenait une mauvaise tournure. Je m'étais senti si bien auparavant aux côtés de Draco que j'avais du mal à réaliser à quel point les choses avaient changé. J'avais chaud et je manquais d'air lorsque j'ai poussé la porte des toilettes. Je me suis avancée vers les lavabos et les ai ouverts pour sentir le frais de l'eau monter jusqu'à mon visage. Puis j'ai tendu mes mains de sorte à m'humidifier réellement la peau. Je me suis regardée dans le miroir. J'avais la peau pâle, des cernes bleus sous les yeux, mes joues étaient plus creusées qu'auparavant. J'avais beau faire semblant, je n'allais pas bien. Longtemps j'avais réussi à souffrir seule, mais ce n'était plus le cas. J'avais besoin de lui. Il me faisait souffrir, de toutes les façons possible, il me consumait de l'intérieur, mais j'avais besoin de lui. Mon souffle s'est accéléré dans cette petite pièce et j'ai balayé du regard les murs pour y trouver une fenêtre. Il n'y en avait pas. Je me suis avancée difficilement vers un rebord de mur pour m'y asseoir, la tête entre les mains. Et j'ai entendu une porte, pensant trouver l'une de mes amies, j'ai dit : 


- J'arrive, laisse moi un instant s'il te plaît.


- Tu as besoin d'aide ?


J'ai entendu sa voix se rapprocher au grès de ses mots et il était désormais à genoux proche de moi.


- Recule Malfoy ! Recule j'ai besoin d'air, j'ai besoin de respirer. Il s'était relevé et éloigné.


- Je suis simplement venu vérifier que tu ne faisais pas ce dont tu as l'habitude.


- Cesse de t'occuper de moi comme si tu devais. Et non je ne suis pas en train de me faire vomir. Je parlais avec difficulté.


- Bien, je devrais te laisser.


- Oui tu devrais.


Toujours la tête entre les mains je l'avais entendu se diriger vers la porte puis l'ouvrir. On entendait les discussions du bar puis de nouveau le silence signe que la porte avait été refermée. J'ai relevé la tête mais il était toujours là, de dos, la main posée sur le poignet de porte. Il s'est tourné.


- Je ne peux pas te laisser.


A ses mots j'ai simplement soupiré bruyamment.


- Tu as besoin de quelque chose ? Il semblait gêné.


- Que tu partes.


- Pourquoi est-ce que tu m'évites ? J'essaye de me rapprocher de toi.


- Il n'y aura plus de rapprochement Malfoy, pas tant que tu ne me diras pas tout, pas tant qu'il y aura Astoria.


Je récupérais peu à peu mon souffle et j'avais entrepris de me lever en direction des lavabos pour replacer mes mèches de cheveux dissipées.


- Dis-moi que tu ne veux plus de moi. Il s'était approché et je pouvais le voir situer juste derrière moi grâce aux reflets du miroir. Dis-moi qu'il n'y a rien d'autre que de l'amitié.


Il s'approchait davantage de mon corps mais dans un mouvement rapide je me suis tournée pour lui faire face. Je l'ai saisi par les épaules et je l'ai placé exactement où j'étais quelques secondes plus tôt. Le dos plaqué contre les lavabos et le visage face à moi, il souriait désormais.


- Il n'y a même pas de l'amitié Malfoy.


Il fronçait les sourcils tandis que je me rapprochais davantage de son corps, je pouvais sentir son souffle saccadé. Je me suis penchée vers son cou pour lui souffler mes mots à l'oreille.


- Mais toi, dis-moi que tu ne veux pas de moi.


Je souriais proche de sa peau. Je me suis ensuite reculée brusquement, relâchant notre étreinte aussi vite qu'elle était née. Draco a réouvert ses yeux bleus qu'il avait fermés tout au long de la scène. Il me regardait lorsque je me suis à nouveau approchée pour cette fois poser ma main sur son épaule et lui faire une petite tape.


- Tu as encore tant à apprendre. Lui ai-je dit avant de prendre la direction du bar.


J'ai traversé à grandes enjambées le lieu et une fois à la table j'ai saisi d'une main mon manteau et mon écharpe posé sur le dossier de ma chaise. Je me suis avancée davantage pour murmurer à Blaise une phrase et je suis sortie seule dans les rues.

InlassablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant