21 mai 1997

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Je l'ai attendu, à l'afflux du moindre signe venant de sa part. Je me suis rendue au cours des derniers jours sur tous les lieux où nous avions l'habitude de nous fréquenter. J'ai même fixé le feu de cheminée de notre Salle Commune et ce, à toutes les heures de la nuit en espérant y voir son visage. J'ai attendu, inlassablement, mais il n'est jamais revenu. Anthéa et moi avions désormais officiellement arrêté de nous fréquenter, pour ce qui est de Gabrielle et Audrey, elles étaient plus ou moins toujours présentes mais jonglaient entre moi et mon ancienne amie. Comment leur en vouloir ? Elles n'avaient pas cherché à faire face à de tels problèmes en acceptant mon amitié. Puis elles tenaient tout autant à Anthéa et honnêtement ça m'était bien égal. Seule, j'avais moins de chance de blesser ceux à qui je tenais. Seule c'est le terme, Pansy m'ignorait ce qui n'avait rien de particulièrement changeant mais c'était aussi le cas d'Astoria. Elle était toujours présente en cours et inséparable de Pansy mais elle faisait comme si je n'avais jamais existé, elle ne répondait pas à mes questions le concernant et j'avais donc cessé de la solliciter. La réaction la plus étonnante avait été celle de Blaise, celui qui avait tant souhaité ma présence à ses côtés. Il m'avait tout simplement et bêtement lâché, alors que j'aurais pensé qu'il allait saisir l'occasion pour que nous nous rapprochions davantage sans la présence de Draco, il avait agi tout autrement. Après mûre réflexion, je ne pense pas que cela vienne de moi, ni de lui, je pense tout simplement que ce n'était pas le bon moment. Draco était avant tout son ami et il n'avait certainement pas envie de sortir avec une fille que celui-ci avait fréquenté jusqu'à il y a encore quelques semaines. En fait, nous étions plus ou moins tous en train de faire notre deuil de ce garçon que nous avions un jour fréquenté, qu'importe la nature de la relation entretenue avec lui. Il nous fallait à tous, du temps avant d'envisager reprendre notre vie et cela se ressentait, si j'avais cru que l'ambiance de Poudlard était étrange depuis le début de l'année scolaire, cela n'en était rien comparé à celle des derniers jours. Mes pensées étaient occupées par lui jusqu'à en devenir une obsession. Être séparée de lui était définitivement insoutenable. Cela n'avait rien à voir avec une simple séparation amoureuse, avec une rupture, non c'était bien plus douloureux. C'était douloureux de ne pouvoir avoir aucun contact visuel sur lui, de ne pouvoir connaître son quotidien. C'était comme s'il n'avait jamais existé, et de toutes les douleurs vécues celle-ci était de loin la pire. Mon corps tout entier le réclamait, mes yeux d'abord qui était à vide de se perdre dans le bleu des siens. Mon nez même, réclamait l'odeur de son parfum. Mes doigts demandaient à parcourir longuement sa peau. Et même si nous pouvions nous retrouver comme je le souhaitais, j'aurais accepté de le retrouver de toutes les façons possibles. Je me serais satisfaite de le voir avec Astoria, sincèrement, je ne me serais plus battue, j'aurais tenu parole, j'aurais conservé nos adieux d'amoureux. Mais j'étais seule, plus seule que je ne l'avais jamais été. Et je ne pouvais m'empêcher, même dans la douleur, même dans toute la haine que j'avais envers lui de m'avoir abandonnée, je ne pouvais m'empêcher de penser à lui. Je m'inquiétais au point de ne pas dormir de la nuit, de ne plus supporter l'idée même de manger. Ce flot de pensées me retourna l'estomac comme bien souvent, je me suis levée précipitamment de mon lit et je me suis dirigée jusqu'aux toilettes du dortoir. La pièce était seulement éclairée par les réverbères extérieurs du château. Je me suis mise à genoux devant la cuvette avant de vomir, mais il n'avait rien à vomir, je ne mangeais plus. Je suis retournée dans mon lit après m'être rincée la bouche et les mains. Gabrielle était assise sous ses draps, je l'avais réveillé, elle m'a regardé jusqu'à ce que je sois à nouveau dans mon lit. Puis au bout de longues minutes je l'ai entendu se rendormir, son souffle léger et régulier. J'ai attendu que le jour se lève, comme depuis qu'il était parti.

InlassablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant