12 décembre 1996

372 36 3
                                    

Les couloirs étaient agités, il s'agissait d'une fin de journée. Je marchais seule en direction de ma Salle Commune dans l'objectif d'avancer sur mes devoirs avant le bal de Noël qui approchait à grands pas. C'est alors que j'ai senti une main me saisir le bras, je me suis retrouvée rapidement dans une pièce vide, une classe. Il me souriait, ayant toujours sa main sur mon bras, je me suis rapidement dégagée, surprise


- Jolie ton nouveau pantalon. A-t-il dit en me regardant de ses yeux emplis de désir. Ça change des jupes.


- Tu m'as emmené de force dans une classe vide pour me parler de mon pantalon ? Répondis-je en levant les yeux au ciel.


- Non, mais je sais que t'apprécies l'intention.


Je me suis assise sur une table pendant que je le voyais s'approcher de la porte et la fermer à double tour. Je pouvais voir depuis les fenêtres l'agitation extérieure. Des amis, des amoureux jouant dans la neige aux yeux de tous tandis que nous étions tous les deux dans une classe sombre. Je l'ai senti s'avancer en ma direction, posant à nouveau son regard sur moi.


- Comment as-tu eu accès à cette classe ?


- J'ai volé les clefs à Rusard dans son bureau lors de ma dernière retenue.


- La salle de bain des Préfets ne te suffit plus ?


Cela faisait plusieurs jours maintenant que Draco et moi nous rejoignions secrètement dès que l'occasion se présentait à nous. À la fin des cours, ou le matin très tôt, lors des pauses du midi. De toute évidence nos amis les plus proches se doutaient de quelques choses mais à part des regards assassins de la part d'Anthéa et des sourires malicieux de Gabrielle et Audrey, rien n'en ressortait. Astoria aussi était au courant, mais depuis la dénonciation au retour de notre sortie à Pré-au-Lard, celle-ci s'était montrée discrète. Je pouvais désormais sentir ses longs doigts froids dessiner de petites formes insignifiantes sur mon pantalon. Ses cheveux blonds les plus longs chatouillant mon cou. Je l'ai approché davantage de moi en le saisissant par la taille. Il a relevé la tête à cette action pour me regarder. Puis il a enlevé ses mains de mes jambes pour les approcher en direction de ma chemise, où il a déboutonné quelques boutons et a sortit ma petite chaîne où s'y logeait habituellement sa bague de famille. J'ai vu ses longs doigts pâles glisser sur la chaîne puis relever les yeux dans ma direction.


- Où est-elle ? A-t-il dit brusquement, se reculant.


- Je l'ai enlevé.


- Depuis combien de temps ?


- Quelques jours déjà, je pensais que tu l'avais remarqué.


- Pourquoi l'enlever ? Répliqua-t-il sa main désormais dans les cheveux.


- Viens. Ai-je dis en lui désignant calmement la petite table à côté de moi.


- Tu vois quelqu'un d'autre ?


- Quoi ? Mais non, et quand bien-même je ne pense pas que cela te regarde.


Il avait commencé à faire les cent pas, arpentant la pièce en long et en large.


- CELA NE ME REGARDE PAS ? Il criait désormais.


- Malfoy ne nous fait pas prendre, on peut parler calmement, on a passé l'âge pour ce genre de choses. Ai-je dit de façon lasse.


- Tu recommences.


- De quoi tu me parles ? Exprime-toi, cesse de faire comme si tout tournait autour de toi, comme si je pouvais tout comprendre.


- Ce nom, ces actes.


- J'ai juste retiré ta bague de mon collier, n'en fais pas toute une histoire.


- Qu'est-ce qui a changé ?


- Rien n'a changé. Tu sais très bien qu'on a toujours été ainsi depuis le début de l'année. Pas de stabilité, pas de relation, pas d'engagement, c'est nous ça, c'est toi-même qui le voulait.


Il continuait de marcher, la main dans les cheveux, me lançant des regards par moment. Je restais moi, assise, lasse de la situation.


- Je devrais partir. A-t-il fini par dire.


- Tu n'es tout de même pas sérieux ? Ai-je dit la colère montant à mon tour.


Il s'est dirigé vers la porte tandis que je sentais les larmes monter. Je me suis alors hissée de la table pour le rejoindre. Il était en train d'ouvrir la porte mais il a posé une dernière fois ses yeux sur moi.


- Dis-moi pourquoi je devrais rester ? Regarde-nous, nous sommes pitoyables.


Je détestais qu'il me parle ainsi, me faisant sentir banale, comme si je ne le connaissais pas, comme s'il ne me connaissait pas. Il a attendu un instant que je réponde, ce que je n'ai pas fait, puis il m'a souri ironiquement et a claqué la porte. Me laissant seule, encore. Après un court instant à fixer la porte, je suis allée en direction des fenêtres. J'ai parcouru de mes doigts la table où il y a encore quelques instants avait eu lieu des marques d'affection de sa part. Je voyais, ces amis, ces amoureux, pensant à mon bonheur sain interdit.

InlassablementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant