Chapitre 74

351 47 1
                                    

Maxi voulait feindre l'indifférence, mais elle ne pouvait empêcher son visage de se raidir. Son malaise devait être évident, car Ruth se racla rapidement la gorge. 

"Ma dame, il semble que j'en ai trop dit. Ce que je voulais dire, c'est que... il y a une raison à l'hostilité de Sir Ursuline. Le commandant à qui il a juré fidélité a non seulement rejeté la personne à qui il a promis un geas, mais a épousé la fille de l'homme qu'il méprise le plus. Considérant cela, le mécontentement de Sir Ursuline n'est pas si surprenant." 

"Je... je vois..." 

Maxi a hoché la tête d'un air sombre. L'idée que Riftan aurait été mieux avec la princesse avait déjà pesé dans son esprit. Entendre Ruth confirmer ces craintes lui a fait chavirer le cœur.

En épousant Maxi, Riftan s'était non seulement attiré l'ire de la famille royale, mais aussi l'animosité de ses hommes. Elle se sentait désemparée et ne savait pas quoi faire. 

Elle fixa le bord du bureau pendant un moment avant de trouver le courage de demander : "P-Pensez-vous q-que... cela p-pourrait causer un d-désaccord entre les c-chevaliers ?". 

"Vous n'avez pas à vous inquiéter, ma Dame. Le lien que les Chevaliers de Remdragon partagent est plus fort que vous ne le pensez. Et à l'exception de Sir Ursuline, ils ne semblent pas vous en vouloir." 

Maxi s'est sentie légèrement rassurée. Ruth dit toujours ce qu'il pense, alors je suis sûr que c'est vrai. 

 "Néanmoins, il serait d'une grande aide si vous pouviez apaiser Sir Riftan, ma Dame. Cette atmosphère morose ne fait de bien à personne." 

"J-Je vais e-essayer", a répondu Maxi, d'un ton dubitatif. 

Ayant été témoin de l'ampleur de la rage de Riftan, Ruth poussa un soupir comme pour suggérer qu'il savait lui aussi que c'était une tâche impossible. 

Maxi jeta un regard furtif sur le visage fatigué du sorcier, se rappelant la raison pour laquelle elle était venue en courant à la bibliothèque. Sa bouche était sèche. Elle déglutit et réussit tout juste à écarter ses lèvres, qui semblaient collées. 

"Hum... S-Sur une a-autre n-note..." 

Ruth l'a regardée d'un air inquisiteur. Maxi évita son regard en faisant semblant de fouiller dans les livres sur la table. Son cœur battait la chamade ; elle avait l'impression de déterrer la partie la plus honteuse d'elle-même. 

"Je... j'étais juste c-curieuse..." 

Ruth fronça les sourcils, manifestement confus par sa soudaine hésitation. "Qu'est-ce qu'il y a, ma dame ?" 

 Maxi a rassemblé son courage. "P-Pensez-vous que v-vous pourriez me s-soigner avec v-votre magie ?" 

"Vous soigner ?" 

Ruth a cligné des yeux, ne comprenant pas. Alors qu'il regardait le visage de Maxi rougir, quelque chose sembla apparaître au sorcier, et il laissa échapper un petit soupir. 

"Ma dame, la magie ne peut pas guérir les handicaps inhérents." 

C'était une vérité que Maxi connaissait déjà. Si son handicap pouvait être guéri par la magie, son père s'en serait certainement occupé depuis longtemps. Néanmoins, elle avait récemment appris qu'un grand nombre de sorciers pouvaient créer de nouveaux sorts. Elle ne s'était pas renseignée jusqu'à présent par peur d'être déçue. La vérité est qu'elle nourrissait le secret espoir que Ruth serait un tel sorcier, un sorcier qui pourrait la guérir. 

Ses joues s'enflammèrent. Se raccrochant à la dernière parcelle d'espoir, Maxi demanda : "J-Je suis c-consciente de c-cela... mais... n'êtes-v-vous pas c-capable de créer de n-nouveaux sorts ? S-si vous p-pouviez trouver u-un moyen..." 

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant