Chapitre 95

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Pour la première fois de sa vie, Maxi a joué aux dés, bu de la bière éventée en regardant les artistes de rue et goûté une tarte à la croûte fine et à la garniture qu'elle ne connaissait pas. Lorsque son estomac fut rempli de toutes sortes de nouveaux aliments, la princesse l'a entraînée dans un concours de lancer de perche.

"Tenir la perche à l'extrémité la fera voler plus loin. Attrape-la ici et imagine que tu la lances en faisant un grand arc", explique la princesse Agnès.

La princesse elle-même avait déjà lancé sa perche sans effort, obtenant un score élevé.

Maxi monta maladroitement sur le podium et déglutina. À quelques mètres de là, Riftan la regardai, les bras croisés. Si elle s'en sort bien, cela pourrait atténuer un peu son inquiétude excessive.

Avec un air déterminé, Maxi lanca la longue perche de toutes ses forces. Cependant, non seulement la perche n'atteint aucun des drapeaux, mais elle ne réussit pas à voler cinq kevettes[4] avant de s'écraser au sol. Le visage de Maxi brûla d'embarras. L'enfant de douze ans qui l'avait précédée avait fait mieux.

"Mademoiselle ! Vous devez lancer la perche pour qu'elle s'élève !"

Un homme à la barbe touffue rugit de rire et lui tend la perche une fois de plus. Bien qu'elle ait envie de descendre du podium, Maxi avait le sentiment qu'elle deviendrait la risée de tous si elle s'enfuyait. Elle ferme les yeux et lance à nouveau la perche. Cette fois, elle s'envole assez haut dans les airs et atteint le deuxième drapeau.

Le visage rougi, Maxi s'est retournée pour regarder Riftan. Son bonheur s'évapore lorsqu'elle aperçut deux femmes richement vêtues qui tournaient avec coquetterie autour de Riftan et de Sir Elliot.

L'une d'entre elles a tendu la main pour s'accrocher au bras de Riftan, et Maxi a senti la colère la traverser. Elle est descendue de l'estrade et s'est dirigée vers elles.

"R-Riftan !"

Riftan se tenait debout, les bras croisés et les sourcils froncés. Sa tête s'est tournée vers Maxi quand elle a crié. Quatre paires d'yeux se dirigent simultanément vers elle. Maxi a brièvement perdu courage, mais elle a rapidement pris un air déterminé et s'est glissée entre eux.

Elle leur a jeté un regard sévère. "Avez-vous des affaires... avec mon mari ?"

"Oh, mon Dieu. Donc, vous étiez ici pour profiter du festival avec votre femme."

Les femmes ont gloussé et tapé dans leurs mains, ne montrant aucun signe d'embarras. La puanteur de l'alcool assaillit le nez de Maxi, qui fronça les sourcils et recula d'un pas. Comme des chats autour d'un poisson, les femmes ont souri et ont continué à flirter.

"Quel beau mari vous avez. Je suis tellement jalouse."

"Je suis d'accord ! Pourquoi ne pas nous le prêter pour un moment ? Nous, les femmes, devrions partager les bons hommes entre nous, vous savez."

Cette demande effrontée a fait disparaître la couleur du visage de Maxi. Ayant appris que la bienséance était une vertu de dame, le comportement de ces femmes - faire des avances à un homme marié si publiquement sous l'influence de l'alcool - était incompréhensible pour elle. C'était comme si elles étaient tombées dans le piège d'une tentatrice de l'enfer. Maxi sentit un frisson lui parcourir l'échine, et elle s'accrocha au bras de Riftan.

"N-Non, je ne vous le prêterai pas !"

"Aww, vous voulez le garder pour vous toute seule ?"

"Nous voulons seulement l'emprunter pour un court moment."

"J-Je ne le ferai pas !"

Au bord des larmes, Maxi a levé les yeux vers Riftan, le suppliant de dire quelque chose. Il s'était tenu aussi raide qu'une pierre. À l'appel silencieux de Maxi, il cligna des yeux comme s'il reprenait ses esprits et se frotta grossièrement le visage. Une rougeur s'est installée dans son cou magnifiquement bronzé.

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant