Sous le chêne [TOME 1]

Chapitre 182

Les doigts de Riftan se figèrent. Toujours allongée sur ses genoux, Maxi le fixait en regardant les gouttes de pluie éclabousser la fenêtre. Il sembla éviter son regard. 

" J'étais nerveux ", dit-il sans ambages. 

"Le château de Croyso n'était pas l'endroit le plus confortable pour moi." 

Maxi cligna des yeux. Même en tant que chevalier de bas rang, Riftan était apparu plus imposant et confiant que n'importe quel noble. Bien que ses manières manquaient de raffinement, l'air distant qui l'enveloppait toujours suggérait qu'il ne se souciait pas de l'opinion des autres. 

Maxi pinça les lèvres. "T-Tu mens. Comment une personne nerveuse... peut-elle être si hautaine ?" 

"J'étais hautain ?" demanda-t-il en fronçant les sourcils. 

Inclinant son menton vers le haut, Maxi prit l'expression la plus arrogante qu'elle pouvait. "Tu avais l'habitude de regarder les gens comme ça... q-quand quelqu'un te parlait." 

"Je ne savais pas que j'étais aussi adorable", dit Riftan en gloussant.

Il baissa la tête pour planter un baiser sur ses lèvres pincées. Maxi fronça les sourcils en balayant ses cheveux qui lui piquaient les yeux. 

" Et... tu avais l'habitude... de te renfrogner et de me lancer des regards furieux... dès que nos regards se croisaient. C'était assez terrifiant..." 

"Je suppose que c'est la faute de mon apparence sinistre", a-t-il dit sans ambages. "Je ne faisais que te regarder." 

Il a alors écrasé ses joues gonflées, la faisant ressembler à un poisson-globe aplati. Son visage rougit, Maxi repoussa ses mains avec irritation. Sa manière évasive semblait déclencher quelque chose, et elle avait l'impression de se hérisser d'épines. 

Elle le regarda fixement, les yeux pleins de méfiance. "N-Non. Tu semblais être en colère contre quelque chose. C-C'est pourquoi... parfois... je me demandais si tu me détester" 

Son sourire disparut, et ses yeux noirs s'assombrirent comme s'il essayait de dissimuler ses véritables sentiments. Maxi étudia son visage avec anxiété. 

Il dessina un sourire amer sur ses lèvres et marmonna : "Je pensais que tu me détestais. Tu te crispais dès que je m'approchais et tu avais l'air terrifié dès que j'essayais de te parler. J'avais l'impression d'être un horrible monstre."

Il saisit une mèche de ses cheveux éparpillés sur son épaule et la porta à ses lèvres. "Ça a commencé à me vexer au bout d'un moment, alors j'ai décidé de te détester aussi. Je voulais te faire sortir de ma tête pour être à nouveau en paix." 

Maxi resta momentanément sans voix. Elle essaya de se rappeler la première fois qu'elle l'avait vu et se demanda combien de temps elle avait été dans ses pensées. En regardant en arrière, elle le vit entrer dans le château avec les autres chevaliers dépêchés par la famille royale pour régler un différend entre le duché et Drachium. 

Même au milieu de centaines de chevaliers, il avait été le centre d'attention. Les servantes s'étaient disputées la chance de s'occuper de lui, et même les femmes nobles invitées aux banquets n'avaient pu détacher leurs yeux. Maxi, de son côté, avait du mal à comprendre toute cette agitation autour de quelqu'un qui semblait si froid. 

Riftan avait raison, ce fut la première impression qu'elle avait eue de lui qui l'avait figée dès qu'il l'avait regardée. Elle n'aurait jamais pensé que quelqu'un puisse être attiré par elle, et Riftan était un homme extrêmement habile à cacher ses émotions. 

Après une pause hésitante, elle tendit la main pour caresser sa joue de bronze. "C'est pour cela que... tu en es venu à me d-détester ?" 

"Oui."