Chapitre 113

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Bien que Maxi ait déclaré qu'elle ne souhaitait pas parler à Riftan, ils partageaient quand même une chambre à coucher. Il lui était impossible de ne pas le voir du tout. C'est pourquoi elle a eu recours à la tactique enfantine de faire semblant de dormir.

"Maxi, il faut qu'on parle."

Riftan est rentré plus tôt que d'habitude et se tenait maintenant anxieusement près du lit. Maxi resta immobile, la couverture tirée sur sa tête comme une chenille. 

 Riftan essaya de la retirer, mais Maxi s'y accrocha jusqu'à ce que ses doigts tremblent. Dans une tentative désespérée de paraître endormie, elle a même commencé à ronfler.

"Bon sang, je sais que tu es réveillée. Arrête de faire semblant."

Il devait être irrité, car le tremblement de la couverture devenait de plus en plus rude à chaque seconde. Maxi utilisait toutes ses forces pour s'accrocher à la couverture et gardait obstinément les yeux fermés. Elle pouvait l'entendre grincer des dents à la tête du lit.

"Est-ce que tu vas continuer comme ça ? Tout à l'heure, je..." Riftan a traîné en longueur, semblant soudainement se dégonfler.

Il retira sa main et s'affala à côté d'elle. Après un moment de silence pesant, il a dit froidement, "Bien. Fais ce que tu veux."

Sur ce, il enlèva ses chaussures et s'allonga. Pleine de ressentiment, Maxi se positionna le plus loin possible de lui et se mit en boule.

Il était vrai qu'elle ne souhaitait pas lui parler, mais cela la mettait également en colère qu'il ait abandonné si facilement. Que voulait-elle qu'il fasse ?

Qu'il la prenne dans ses bras et l'apaise gentiment ? Qu'il s'excuse pour ses mots durs et lui dise qu'il ne le pensait pas ? Elle se sentait trahie par son indifférence.

Leur froideur a perduré jusqu'au lendemain. Maxi refusa de bouger sous les couvertures jusqu'à ce que Riftan quitte la pièce. Ce n'est qu'après qu'il soit parti à contrecœur pour la journée qu'elle sortit lentement du lit et s'installa dans la tour de Ruth.

Là, elle passait son temps à lire et à mélanger des herbes comme elle le faisait habituellement. De temps en temps, les mots de Riftan lui venaient soudainement à l'esprit, ce qui rendait sa concentration difficile.

Elle s'effondra sur le bureau et se ronga les lèvres. Peu importe les efforts qu'elle faisait, il semblait que Riftan ne la reconnaîtrait jamais. Mais pourquoi le ferait-il alors qu'elle n'arrive pas à la cheville de la belle et grande sorcière qui aurait pu être sa femme ?

Maxi ne pouvait pas empêcher ses pensées de s'assombrir. Elle était certaine qu'il ne souhaitait partager aucun autre aspect de sa vie avec elle, à l'exception des cinq heures qu'il passait chaque jour dans leur chambre à coucher. Il voulait la traiter comme un chat domestiqué que l'on garde dans sa chambre pour le caresser de temps en temps.

Elle pensait s'être habituée au rejet, mais son cœur lui faisait toujours mal. Incapable de se concentrer sur ses études, Maxi continua à se noyer dans des pensées autodépréciatives.

Tout à coup, il lui vint à l'esprit que c'était l'heure à laquelle elle passait habituellement à l'infirmerie. Maxi hésita. Elle n'avait pas la peau assez épaisse pour paraître imperturbable devant les chevaliers après avoir été humiliée devant eux hier. Pourtant, cela la blessait aussi dans sa fierté d'arrêter ses visites pour cette raison.

Tout le monde doit penser que j'ai été choquée par ses paroles.

Maxi se renfrogna. C'était vrai, mais elle ne voulait pas avoir l'air d'une femme docile. D'un autre côté, elle avait peur d'être comparée à la princesse obstinée.

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant