Chapitre 170

298 38 3
                                    

"I-Il l'a fait ?" Maxi cligna des yeux, n'en croyant pas ses oreilles. 

La princesse Agnès avait l'air tout aussi mal à l'aise. Elle balaya d'un geste irrité les mèches dorées qui s'étaient détachées et qui pendaient sur son front. Alors qu'elle étudiait anxieusement le visage de Maxi, son regard lui rappelait celui d'un chevalier jaugeant la force d'une arme. 

Comme pour confirmer la détermination de Maxi, la princesse lui serra les mains et dit : "Les chevaliers ont réussi à le calmer, mais... il n'est pas de bonne humeur. Tu crois que ça va aller ?" 

L'expression de Maxi se troubla. Qu'avait fait son père pour que la princesse ait une telle réaction ? Elle savait qu'il n'était pas le genre d'homme à perdre son sang-froid devant les nobles. Après tout, il avait parfaitement joué le rôle d'un père bienveillant et indulgent. 

Bien qu'il l'ait fouettée devant les domestiques, il pressait ses lèvres froides sur sa joue comme un parent attentionné en public. C'était le genre d'homme qu'il était. Elle se demandait ce qui l'avait rendu si agité. 

Pleine de peur, Maxi se racla la gorge. "Puis-je demander ce qui l'a mis... tellement en colère ?" 

"Eh bien, il est clair qu'il était bouleversé par ce que tu as vécu, et..." 

Agnès déglutit sèchement et baissa les yeux comme si elle ne savait pas comment continuer. Maxi failli rire de l'absurdité de cette idée. Son père n'aurait pas sourcillé si on lui avait dit qu'elle était morte. 

Il était possible qu'il ne soit pas en colère mais qu'il continue simplement à jouer la comédie. Sans doute était-il obligé de faire appel à elle pour maintenir son image. 

Sa tension s'apaisant un peu, Maxi se leva du lit. Elle devrait pouvoir supporter dix minutes. Après tout, ne l'avait-elle pas supporté pendant vingt-deux ans ? 

Elle se ressaisit. Comme le duc de Croyso se souciait beaucoup des apparences, elle ne pensait pas qu'il la frapperait alors qu'elle était sous la protection de la princesse. Elle était une Calypse maintenant, pas une Croyso, se rappela-t-elle. Son père ne pouvait plus la traiter comme bon lui semblait. 

"Je vais m'habiller... e-et je descends dans une minute."

La princesse Agnès s'attarda comme si elle souhaitait dire quelque chose d'autre, mais elle serra les lèvres et quitta la pièce. Si le comportement de la princesse laissait perplexe, le fait de savoir que le duc de Croyso l'attendait au rez-de-chaussée poussa Maxi à se préparer dans l'urgence pour paraître présentable. 

De la lumière jaillit de la porte du salon dans le couloir. L'estomac de Maxi se noua alors qu'elle s'approchait. A quelques pas, elle hésita un instant avant de fermer les yeux et d'entrer dans la pièce somptueuse. 

"Madame." 

Debout près de la porte, Sir Elliot lui tendit respectueusement la main. Maxi la prit maladroitement et traversa la pièce. Ursuline Ricaydo est également présente, et son regard hostile est dirigé vers son père. 

Le duc de Croyso se tient debout, les mains jointes dans le dos. Le cœur de Maxi se transforma en glace. Il lui suffit de regarder ses yeux froids pour savoir qu'il est furieux. 

"Quel long moment cela a été, ma fille." 

La voix de son père était d'une douceur inquiétante. Quand Maxi resta figée, ses lèvres se sont courbées en un sourire. 

"Ne salueras-tu pas ton père ?" 

Entendant la menace voilée, Maxi ouvrit précipitamment la bouche. 

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant