Sous le chêne [TOME 1]

Chapitre 180

Maxi et Rosetta retournent dans la grande salle où la délégation se prépare déjà à partir. Maxi se sentait très mal à l'aise de voir ses invités, qui avaient parcouru une grande distance, être contraints de reprendre la route sans pouvoir se reposer. 

Ignorant l'insistance de Riftan pour qu'elle ne s'occupe pas d'eux, Maxi se rendit à la porte du château avec les serviteurs pour les accompagner. Elle en voulait à la princesse d'avoir menacé Riftan, mais cela ne signifiait pas qu'elle pouvait jeter la délégation royale dehors aussi froidement. 

"Tu n'as pas besoin d'avoir l'air si excusé", a dit la princesse Agnès. "Nous avions l'intention de partir immédiatement de toute façon. Nous avons l'intention de passer une nuit dans le domaine du comte Loverne, puis de nous rendre au château de Croyso. Nous devrions faire savoir au duc que Riftan a retiré sa déclaration de guerre dès que possible." 

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la princesse alors qu'elle contempla une Maxi visiblement mal à l'aise. 

"Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais le duc a dû commettre une grave erreur pour que Riftan soit dans cet état. J'espère que tu me pardonneras de ne pas avoir été capable de prendre le parti d'Anatol." 

Maxi baissa les yeux et marmonna avec raideur : "V-Vous n'avez pas besoin de vous excuser, Votre Altesse. Je comprends... la position de la famille royale." 

Bien qu'elle fut déçue par l'attitude professionnelle de la princesse, en fin de compte, c'était entièrement la faute de Maxi si les choses en étaient arrivées là. Si elle n'avait pas suivi son père ce jour-là, il n'y aurait eu aucune raison pour que la princesse voyage dans tout Wedon pour servir de médiatrice. Maxi fut tellement rongée par la culpabilité qu'elle ne pouvait pas lever les yeux. 

"S'il vous plaît... f-faites attention. Je vous souhaite... un bon voyage." 

"Merci de nous avoir raccompagnés. J'étais..." La princesse, toujours aussi digne, hésita avant de poursuivre maladroitement : "... rassurée de te voir en bonne santé aujourd'hui. Je sais qu'il y a beaucoup de choses pour lesquelles je dois m'excuser auprès de toi." 

"N-Non, pas du tout, Votre Altesse." 

Troublée, Maxi agita ses mains. La princesse a fermement secoué la tête. 

"J'ai bien peur d'avoir été irréfléchie. Je suis désolée que vous l'ayez appris de la pire façon possible. Mais le duc avait tort quand il a dit que tout le monde en parlait au château de Drachium. Cet homme a tout exagéré."

Maxi se raidit lorsqu'elle réalisa que la princesse faisait référence aux ragots entourant la fausse couche de Maxi. 

"Bien sûr", ajouta rapidement la princesse Agnès, "je n'essaie pas de défendre les actions du roi. Il n'aurait pas dû utiliser cette question pour se moquer du duc. Ce n'était pas correct. Permettez-moi de m'excuser au nom de Sa Majesté. Si jamais tu as besoin de mon aide, n'hésitez pas à me le faire savoir." 

Après avoir fixé bêtement le visage solennel de la princesse, Maxi tourna son regard vers Rosetta. Sa sœur leur tournait le dos, comme si elle ne voulait pas écouter leur conversation. Devrait-elle informer la princesse des plans de son père maintenant ? Après avoir brièvement débattu de la question dans sa tête, Maxi ouvrit prudemment la bouche. 

"Si, à l'avenir... le Duc de Croyso... tente de menacer Anatol... intervenez avec autant de s-sérieux que vous l'avez fait aujourd'hui. Je demande... seulement ça." 

La princesse ne devait pas penser que Maxi prendrait si publiquement le parti de Riftan. Elle sembla un peu surprise avant de donner à Maxi un signe de tête résolu.