Chapitre 158

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La peau de Maxi se hérissa à la vue du regard ardent de Riftan. Il ne semblait pas du tout se soucier des insultes qui lui avaient été adressées. Son humiliation était la seule raison de sa rage, et il ne semblait pas savoir quoi faire. 

Elle ressentait un étrange mélange de bonheur et de tristesse face à sa réaction. S'il avait divorcé et épousé la princesse Agnès comme tout le monde s'y attendait, il n'aurait pas eu à souffrir d'un tel ridicule public. 

La princesse Agnès aurait été comme une pierre précieuse étincelante dont il aurait pu être fier. Cette pensée surgit comme un champignon vénéneux et refusa de quitter sa tête. 

Agonisante, Maxi ferma les yeux. Elle préférait mourir plutôt que d'entendre quelqu'un se moquer à nouveau de Riftan pour avoir une femme bègue. 

"Nous devrions traiter cela tout de suite. Je vais appeler Ruth pour toi." 

Il a dû penser que son expression douloureuse était due à son poignet, car il se leva en trombe. 

Maxi l'arrêta précipitamment. "C-Ce ne sera pas nécessaire. Appliquer une pommade... devrait être suffisant." 

"Non seulement tu m'as suivi dans un endroit aussi misérable, mais tu t'occupes de milliers d'hommes blessés. Tu devrais soigner tes propres blessures avec le même soin !" 

"C-Ce n'est vraiment pas si grave. Je le ferai soigner correctement plus tard, je te le promets. P-Pour l'instant... je veux juste que tu restes avec moi." 

L'anxiété remplissait ses yeux. Il s'effondra à contrecœur en face d'elle. Le voyant agité comme une créature prise au piège, Maxi baissa tristement son regard. 

"Est-ce...Est-ce que tu ne veux pas rester avec moi ? Est-ce que tu me détestes maintenant... pour être v-venu ici contre ton gré ?" 

"Arrête de dire n'importe quoi !" cria-t-il, l'air incrédule. "Tu crois que c'est possible pour moi de te détester ? Je déteste simplement le fait que tu sois dans un tel endroit perdu ! Te voir travailler comme ça..." 

Riftan a brusquement stoppé son élan. 

Il serra la mâchoire tandis que son regard balayait lentement les cheveux ébouriffés, le visage brûlé par le soleil, la simple robe de laine et les mains couvertes de cloques. C'est comme si sa simple vue le faisait souffrir.

"Je voulais te draper dans des soies", professait-il d'une voix étranglée,"Te faire porter des robes faites uniquement de satin, de fourrure, de tissus coûteux... Je voulais orner chacun de tes doigts de pierres précieuses colorées, ta tête d'un diadème d'or et ton cou des perles les plus exquises. Je voulais que tu vives dans un magnifique château avec des serviteurs qui s'occuperaient de tous tes besoins. C'est la raison pour laquelle j'ai été..." 

Sa voix se brisa à la fin et s'arrêta. 

Ne sachant que faire, Maxi joignit les mains. "Je... je n'ai pas besoin de telles choses. Vraiment... tu n'as pas besoin de faire tant de choses pour moi. Être capable de rester avec toi comme ça... c-c'est suffisant." 

Leurs regards se sont croisés un instant avant qu'il ne la tire dans une étreinte étouffante. Ses lèvres se sont écrasées contre les siennes comme s'il voulait aspirer tout le souffle de sa poitrine. Bien que le mouvement soudain l'ait fait sursauter, Maxi n'a pas tardé à enrouler ses bras autour de son cou et à répondre à son tour. 

La tristesse et l'anxiété qui l'habitaient ont fondu comme neige au soleil. Cette sensation béate d'être blottie contre sa large poitrine était ce dont elle avait tant rêvé. 

Maxi le regarda, les yeux brillants, et caressa sa mâchoire tendue. Ses épais cheveux noirs scintillaient comme du satin dans la lumière de la lampe, et son visage ciselé était plus captivant que d'habitude. Ne voulant pas être séparée de lui, même pour un instant, Maxi gémit et enroula ses bras autour de son large cou. 

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant