Chapitre 187

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Même à cette distance, Maxi pouvait voir son père serrer la mâchoire. C'était ce qu'il faisait pour se retenir lorsque sa colère était à son comble. Les veines de ses mains se gonflaient tandis qu'il serrait sa canne. Il lança un regard meurtrier à Riftan avant de répondre au roi. 

"Si je peux me permettre de rappeler à Sa Majesté... J'ai bien insisté sur le fait qu'entreprendre ce pénible voyage n'était absolument pas nécessaire." 

Son discours était légèrement plus lent, mais loin d'être assez pour justifier le ridicule. Le degré d'autorité et de fierté ancré dans l'être du duc de Croyso refusait de faire des courbettes, même devant la royauté. Il ne se permettrait jamais d'avoir l'air pathétique. 

Néanmoins, l'humiliation de son défaut se lisait sur son visage. La colère brillait dans ses yeux à chaque mot qu'il prononçait. Il lança à Riftan un regard si haineux qu'il provoqua une vague de nervosité dans l'assistance. L'animosité de Riftan était tout aussi palpable. 

Le roi Ruben jeta un regard agacé sur les deux hommes qui n'avaient qu'une envie : s'égorger l'un l'autre. Il fit claquer sa langue. "Reposons-nous quelques heures avant de commencer. Il semble que nous devions intervenir avant que nos vassaux préférés ne commencent à se poignarder les uns les autres." 

"Permettez-moi de vous escorter jusqu'à votre chambre, Votre Majesté." 

"Non. Vous surveillez ces deux-là pour vous assurer qu'ils ne s'entre-déchirent pas." 

Le comte répondit par un sourire amer et demanda à l'intendant du château de conduire les invités royaux à leurs chambres. Le roi Reuben conduisit la princesse et ses accompagnateurs dans l'escalier plongé dans une ombre grise. Lorsque la délégation royale quitta la salle, les personnes agenouillées se levèrent à l'unisson. 

Maxi regarda avec inquiétude son père se retirer derrière ses chevaliers. La malice qu'elle lisait sur le visage de son père lui inspira un sentiment d'inquiétude. Il était clair qu'aucun mot ne pourrait le faire changer d'avis. 

Riftan lança un regard méprisant dans le dos du duc, puis se détourna comme si la vue de cet homme le révulsait.

 "Maxi, viens ici."

Il s'approcha avant de se diriger vers l'annexe où ils allaient loger. Alors que sa carrure rassurante cachait la vue de son père, Maxi expira enfin. Riftan la conduisit dans une pièce vide et recommença à la persuader. 

"Je te l'ai dit à maintes reprises, tu n'es pas obligée d'y assister. Ce n'est pas un procès en bonne et due forme. C'est juste une réunion convoquée par le roi Ruben pour servir de médiateur entre moi et le duc." 

Maxi secoua résolument la tête. "Quoi que tu dises... je ne p-peux pas rester en dehors de ça. Mon père a l'intention de te f-faire passer en jugement... pour t'être introduit dans son château et l'avoir agressé alors que... tu ne faisais qu'essayer de me s-sauver..." 

"J'ai toujours voulu battre cet homme à mort", dit Riftan avec sauvagerie. 

Maxi poussa un soupir de fatigue. "Riftan... tu crois que tu avais de bonnes raisons d'attaquer mon père, mais comment le prouveras-tu si je ne fais pas partie de ton histoire ?"

 Riftan prit un air vaincu. Maxi serra ses mains gelées et lui adressa un sourire déterminé. "Je ne suis pas... la noble naïve que tu p-penses que je suis. Tu devrais le savoir maintenant. J'ai eu une enfance difficile... et j'ai traversé la m-moitié du continent. Sans compter que j'ai traversé... une t-terrible guerre. Ce n'est pas suffisant pour me blesser." 

Alors que l'expression de Riftan s'assombrissait et que ses yeux se voilaient de douleur, Maxi se dit qu'elle aurait peut-être mieux fait de se taire. Il semblait sur le point de dire quelque chose lorsqu'on frappa à la porte. 

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant