Chapitre 178

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"Q-Quel mal y a-t-il à essayer ? M-Même mon père doit savoir... q-qu'un conflit avec les Chevaliers Remdragon serait à son désavantage. Si nous p-prenions du recul... et lui proposions des c-conditions qu'il serait prêt à négocier_" 

"Je crains que nous ayons dépassé le stade des négociations, ma Dame. Vous devez en être consciente vous-même", murmura Ruth. 

Incapable de trouver une réplique, Maxi serra sa jupe dans ses poings. Le duc de Croyso est un homme qui tient par-dessus tout à sa réputation et au prestige de son nom de famille. Jamais auparavant il n'avait connu l'humiliation d'être battu de façon sanglante et de ramper sur le sol. Rien de ce qu'ils pourraient lui offrir ne pourrait calmer son indignation. 

Maxi en était certaine. Elle serra ses avant-bras froids en tremblant devant le désespoir de tout cela. 

Ruth la regarda tranquillement pendant un moment. "Ne voulez-vous pas faire payer le duc pour ce qu'il vous a fait ? C'est peut-être votre père, mais... ça ne pardonne pas ses actions atroces." 

Le visage de Maxi a blanchi à la question inattendue. Elle regarda Ruth, la honte gravée sur ses traits, avant de tourner les yeux sur le sol. 

"J-Je... me fiche de ce qui arrive à cet homme", a-t-elle marmonné froidement. "J-Je ne veux juste pas... q-que Riftan et les autres... repartent en guerre." 

"Ces hommes ont vécu toute leur vie sur le champ de bataille, et ils continueront à le faire. Vous ne durerez pas si vous vous énervez à chaque fois." 

Maxi serra la mâchoire. Le regard de Ruth s'attarda sur elle avant de pousser un soupir. "Je comprends vos sentiments, ma dame, mais je vous prie de vous en tenir à la décision de Sir Riftan pour cette fois." 

Maxi hocha la tête à contrecœur. Elle avait beau se creuser la tête, elle n'arrivait pas à trouver le moyen de faire changer d'avis son père, ni les mots pour persuader Riftan. Elle se mordit la lèvre, dépitée, lorsque Ludis entra dans la pièce avec un plateau de tisane fumante. Malheureusement, aucun des deux n'était d'humeur à boire.

Maxi s'excusa et est retourna dans sa chambre. Elle avait été si tendue pendant l'échange qu'elle se sentie épuisée dès qu'elle s'asseya sur son lit. Se laissant tomber sur les draps, elle essaya de se rappeler les visages des chevaliers vassaux de son père. Aucun d'entre eux ne serait à la hauteur de Riftan. C'est ce qu'elle se marmonnait à elle-même pour tenter d'apaiser ses craintes, mais cela s'avérait inefficace. Se frottant les tempes, Maxi ferma les yeux. 

Les préparatifs de la guerre commencèrent pour de bon. Maxi voyait souvent des mercenaires et des chevaliers faire des exercices ensemble sur les terrains d'entraînement, et elle apercevait parfois des charrettes chargées d'armes et de boulets de canon qui roulaient vers le château. 

Elle était obligée de fermer les yeux sur tout cela. Bien qu'un torrent de mots la harcelait chaque fois qu'elle voyait le visage de Riftan, elle ne trouvait pas les bons mots à dire à haute voix. 

Dois-je m'excuser d'avoir provoqué cette guerre ? Ou dois-je insister sur le fait que je n'ai aucun désir de vengeance ? 

Ne sachant pas quoi dire, Maxi lui a jeté un froid à plusieurs reprises. Il n'y avait aucun doute que Riftan aurait senti l'anxiété qui l'enveloppait, mais il refusait toujours de lui dire quoi que ce soit. 

Son comportement était la principale raison de son découragement. Il était toujours indûment courtois et prudent avec elle, et cela lui faisait craindre qu'il ne ressente plus la passion qu'il avait autrefois. Et même s'il s'occupait d'elle avec plus d'attention que jamais, cela ressemblait plus à un père s'occupant d'un enfant qu'à un mari s'occupant de sa femme. 

Sous le chêne  [TOME 1]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant