Chapitre 27

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Chapitre 27:
Pdv : ashley

Déborah venait de déposer une assiette sur la table de chevet. Elle était gentille. Elle partageait sa chambre avec moi et s'assurait toujours que je me nourrisse et m'hydrate. Et moi j'étais imbuvable. Je ne parlais pas, me levais rarement de mon lit et ne descendait jamais. Je n'avais parlé à personne depuis que j'étais arrivé. C'était trop dur. Trop fort pour moi. Et j'en avais honte. Je me sentais salis de n'avoir était torturé qu'une fois alors que je les entendais ce faire passer à tabac, ce faire arracher les ongles ou les dents juste pour des réponses sans doutes inexistantes... j'avais honte de souffrir. De ressentir physiquement toutes ces émotions, tout ce trop plein qui ce mélangeait. Lynda était morte. Ils n'avaient pu la sauver, ce que j'avais fait n'a servis à rien. Elle ne rouvrira jamais les yeux.

Je culpabilisais, de ne pas avoir pris les coups à sa place quand ce fut celui de trop. De m'en être sortis contrairement à la plupart, de ne pas m'être battue comme Karoline où Julien qui c'était enfuis. D'être en vie à l'inverse d'Anaë et d'Ally. De ne rien faire pour me battre, pas comme Justine ou Émilie.

Et j'étais triste. Incroyablement triste. Ça me rongeais de l'intérieur, me coupait l'appétit, m'empêchait de sortir de cette pièce sombre. C'était fort et ça faisait mal. Le vide laissé par la mort faisait mal. Où pouvaient-elles bien être ? Enterrées. Où est mon frère ? Pour lui je n'avais aucune certitude et s'en était d'autant plus angoissant, il pouvait aussi bien agonisé depuis des mois qu'être en très bonne santé ou mort depuis longtemps. Et ne pas savoir me bouffait, littéralement. Je n'avais pas repris de poids et mes capacitées me semblait régresser. J'étais minable.

En colère aussi. Contre le Royaume de m'avoir emprisonner et d'avoir torturé et tué tous ces gens, la Résistance de m'avoir sauver, Justine de pouvoir se battre et sauver des vies quand j'étais réduite à être une loque sur un lit, Émilie de penser que je lui ai manqué, Yohann de s'inquiéter, Déborah d'être si gentille, Luc de me comprendre et moi même d'en être réduit à la colère.

*

- Coucou Ashley. Salua prudemment Déborah en entrant dans la pièce. Je vais me balader dans le jardin tu veux venir avec moi ?

Étonnamment je sentis l'envie pointer dans la roue de mes émotions et me surpris à rêver d'extérieur, d'arbre et d'autre chose que le silence.

- oui. Murmurai je. Oui je veux bien venir. Si elle était surprise elle ne laissa rien transparaître et me sourit tout en me demandant quel vêtement je voulais.
- Tu aurais pas un sweat ?
- Attend, les filles doivent en avoir laissé un quelques part.

J'avais finis par enfiler un de ses jeans, un sweat à Émilie et des rangers à une prénommé Keyra qui était la seule à faire à peu près ma pointure.

- On ira t'acheter des chaussures si tu veux. Ri l'adolescente blonde en marchant à côté de moi dans l'herbe humide.
- Ce serait peut être pratique. Admis-je.

Oui j'avais mes affaires chez mes parents. Mais je en pouvait pas rentrer à la maison comme ça, et c'était plus sécurisant pour eux si je restait éloigné. Alors je leur avait écris une lettre que Tania avait déposé chez eux. Cette lettre n'était pas trop profonde mais l'essentiel y était.
Je suis en vie, ne vous inquiétez pas, je vous aimes fort. Votre fille.

Nous nous baladâmes pendant plus d'une heure, c'était apaisant de sortir de la monotonie qu'était devenu
mon quotidien. Et d'avoir des conversations légères. La jeune Ronsard était vraiment gentille, attentionnée et drôle qui plus es. Elle ne cherchait pas à aller plus loin quand je me murait dans le silence et c'était reposant même si je savais qu'un jour il faudrait que je parle, que je m'ouvre avant d'imploser.

*

Je m'étais lancé dans une partie ( désastreuse ) d'échecs avec Clémence qui était exceptionnellement au QG. Je descendais de plus en plus fréquemment quand j'étais certaines que Émilie, Justine ou même Luc et Yohann ne s'y trouvaient pas. On pourrait dire que je les fuyais et ce n'était pas totalement faux, mais je préférais me concentrer sur les choses futiles en encaissant la vague au lieu d'y refaire face alors qu'elle me noyait déjà.

*

Bon j'avais perdu la partie. Mais Clem m'avait prêté un livre et je me plongeai dedans. Je le dévorai jusqu'à ce que mes paupières ce ferme tandis que le soleil se levait dehors.

Je me réveillai tard, très tard, ce qui fit beaucoup rire Déborah de me voir débarquer à moitié réveillé dans la cuisine à 16h.

La journée bien entamée, je fus prise d'un soudain questionnement. Mes études ? Je devais reprendre les cours en novembre et j'ai était kidnappée, est-ce ce que j'allais pouvoir finir l'année ou devoir la refaire ? Déjà que je n'avais pas pu aller dans la fac que je voulais à cause de ce stupide gouvernement voilà que je risquais de perdre un an de plus. Je m'y refusais et nota mentalement de demander ses cours à Yohann quand je le reverrais.

*

J'avais échangé deux mots avec Émilie. Petite victoire. Une petite victoire pour moi un grand pas pour la reconquête de mon amitié.

*
Ok c'est bien plus dur avec Justine. Alors que les conversations reviennent avec Em malgré son regard inquiet, Justine et moi étions revenus à la base de notre amitié, au tout début où on enchaînait engueulade sur engueulade, et ce n'était pas franchement agréable, pour aucune de nous deux. Je ne sus même pas comment on en arrivait à ça. C'était étrange. C'était désagréable. Ce n'était plus nous. Mais je mit ça sur le compte de la fatigue dû à ses heures monstrueuses de travail et à mon anti socialisme qui revenait avec force. On allait finir par y arriver. Même si il fallait passer par des disputes.

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Clémence viens de faire une crise d'allergie en plein milieu du QG. C'était terrifiant. Je n'ai jamais vu Justine aussi sereine devant une telle situation et j'en fus bluffée. La détermination avec laquelle elle exerçait les premiers secours me secoua. Elle avait un air froid peint sur le visage. Ses traits étaient durcis, elle faisait plus âgée, plus maître d'elle même. Mais je savais très bien que ce n'était pas le cas. Les petits regards quelle ne cessait de jeter en arrière le prouvait.

*
Clémence va mieux. Yohann viens de me le dire. Il est accompagné de Luc. C'est étrange ce sentiment de lien que j'ai avec lui désormais. Comme si enfin je comprenais ses réactions et ses choix il y a 3 ans. La jeune adulte Ashley comprenant l'adolescent contre lequel elle s'était fermement battu. Le destin avait un certain humour.

Je le vois dans ses yeux. Il sait. Il serait en capacité de mettre des mots sur ce qu'il ce passe dans ma tête. Mais je ne le laisserai pas approcher. Qu'il me laisse vivre dans le flou, sans le poids d'un diagnostic. C'était moins effrayant.

La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant