Chapitre 32: I was a kid but I wasn't clueless

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Chapitre 32: I was a kid but i wasn't clueless

Alors que je finissais de régler la perfusion de Yohann quelqu'un toqua à la porte. J'allai ouvrir, enjambant un livre de botanique et contournant un tabouret mal rangée dans ce petit espace déjà bien encombré nous servant d'infirmerie. Géronimo me fit un léger sourire avant de me demander si Clémence pouvait venir voir son petit ami - question à laquelle ma réponse fut affirmative - puis me demanda de monter dans son bureau quand j'aurai le temps.

- Je voulais en profiter pour faire le tri, si c'est pas des informations sensibles tu peux me le dire maintenant. Suggérai-je.

- Pourquoi pas. Répondit-il en haussant les épaules. Je te propose pas mon aide parce que si je range pas au bon endroit je vais me faire taper sur les doigts par Aurore. Rit-il.

Il se posa dans l'encadrement de la porte, les bras croisés, tandis que je rangeais enfin ce tabouret qui me barrai le passage depuis quelque jours.

- Tu voulais me demander quoi ? Demandai-je en attachant mes cheveux à l'aide d'une pince qui trainait sur le bureau.

- Te proposer une mission. Et te dire que ton père était en ville, en tant que consultant pour la police.

Je ne me permis pas de réagir et de toute manière mon corps ne pu, trop tendu par la nouvelle. Cela allait faire deux ans que je n'avais pas vu mon père, kidnappé par le Royaume un soir en allant travailler, il était finalement à leur solde et n'était jamais revenu. Je sentais dans tout mon corps les battements de mon coeur dont la fréquence avait accéléré et tenta de canaliser ma respiration sur celle de Yohann derrière moi.

- d'accord. Encore une expiration profonde. La mission, ce serait quoi ?

- Une infiltration.

Il l'avait annoncé d'un ton si calme que je faillis en faire tomber le bocal contenant les tisanes si précieuses aux yeux de ma collègue. Je senti son regard qui tentai de jauger ma réaction. Je me redressai en reposant l'objet de verre et me tourna vers lui.

- Je suis pas certaine d'être la plus apte à ce genre de mission. Avouai-je confuse.

- Ne t'en fais pas pour ça. Tu acceptes ou pas ?

- Oui. Répondis-je sans réflechir.

- Bien. Réunion dans mon bureau dans une heure alors.

- Reçu.

Fébrile, je me dirigeai vers la pièce à vivre d'un pas tanguant afin d'aller chercher de quoi dépoussiérer l'étagère. La pièce était vide. Ashley s'étant enfermée dans sa chambre à la suite de la crise de Yohann, Déborah et Tania avaient décidés de l'emmener se promener, Géronimo était dans son bureau, Aurore au travail, et Clem et Yohann à l'infirmerie que je venais de quitter.

Le canapé gris me donnait envie d'y disparaître. Encore sonné par la nouvelle de la récente réapparition de mon père je ne ressentais pourtant aucune autre émotion vis à vis de la nouvelle et la peur avait par conséquent pris le dessus. J'avais peur que mes sentiments se muent en d'autres, que mes réactions deviennent violentes, que mes émotions ce multiplient au lieu de craquer juste dix minutes...

Je savais pertinemment que je réagirais trop tard, et j'étais terrifiée à l'idée que ça arrive durant la mission.

Finalement je résistai à la tentation de me confondre avec les coussins et m'assis à la table servant pour les diners. Ainsi attablée je pesais silencieusement le pour et le contre à l'aide d'une feuille et d'un stylo qui trainait sur la table.

Il fallait que je fasse le tri des sentiments que je ressentai avant de m'y noyer. La peur. Avais je peur ? Évidemment. Revoir quelqu'un d'important pour nous après plusieurs années sans nouvelles et une mission d'infiltration était une source de terreur tout à fait compréhensible.
Mais j'étais peut-être contente au fond de moi. J'avais tellement risqué de le croiser... je voulais qu'il me vois. Qu'il remarque tout les changements qui avaient modifié mon apparence et mon caractère au cours de ces deux dernières années, qu'il voit les vies que je sauve tous les jours, que je vis d'un métier que j'affectionne particulièrement, que j'ai survécu, que je suis peut-être cassée et plus âgée mais que je suis toujours là, que la jeune fille joyeuse est toujours tapie quelque part, même si elle n'apparaît que rarement. Qu'il voit que j'ai rencontré des gens merveilleux, qui ont changé le cours de ma vie et que je me bats toujours, que je cris toujours plus fort que les autres, que j'ai gardé ma flamme de battante et que désormais c'est elle qui me dirige.

La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant