Chapitre 42: le feu

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Chapitre 42 : le feu

Fébrile, je fermais la porte de l'appartement et je quittais l'immeuble. Luc était resté au près de Yohann, je n'avais pu. Je ne pouvais pas le regarder en face en sachant que nous étions tous deux en froid avec Clémence lors de ses derniers instants. Je ne pouvais même pas me regarder en face moi même.

Et pourtant la colère brûlait toujours en moi, ravivée par la diffusion de son exécution en direct. Elle était devenue un symbole, une martyre, un signe de ralliement. Chaque artiste étaient Clémence, chaque résistant étaient Clémence, au fond, nous étions tous Clémence, exception faites que nous étions pour la plupart vivants.

Yohann était cloîtré chez lui. Nous nous relayions pour lui apporter une présence et de la nourriture mais il ne mangeait quasiment rien. Luc passait la majorité de ses nuits chez lui quand il n'était pas au QG et je m'y rendais dès que je pouvais, pour dire bonjour ou juste rester assis dans le noir en silence, ensemble.

J'expirais avec toutes mes forces, tentant de détendre mes épaules en prenant le volant. Sur la route je coupai la radio violemment lorsqu'ils passèrent en boucle les discours du gouvernement sur l'exécution de Clémence et je la rallumai lorsque son sifflement recommençais à me scier le crâne.

Les images de l'exécution repassaient en boucle dans ma tête. J'avais regardé malgré moi, je m'y étais forcé, abasourdie. Je n'avais pu détourner le regard de la télévision et avait vu son corps s'effondrer tel une poupée de chiffon contre le mur, plusieurs fois. Les images repassaient sur chaque chaînes à intervalles réguliers, de sortes à ce qu'il y en ai constamment une pour la diffuser.

Clara avait poussé un cri d'horreur en voyant se corps inanimés percutés la brique en même temps que les vêtements blancs immaculés de la victime se souillait de son sang. Émilie avait violemment tressaillis, malgré ses yeux fermés et je m'étais agrippée à sa main malgré moi comme si nos vies à tous en dépendaient. Luc aurait préféré s'exilait dans la cuisine avec son meilleur ami, mais il refusait de quittait la pièce. Ce dernier s'était effondré en silence sur Ashley qui n'avait su comment régir, les larmes aux yeux.

Dans chaque foyers c'était l'émotion. Mêmes les plus insensibles ne pouvaient cacher leur trouble face à une jeune adulte qui n'avait fait qu'écrire et paraissait si frêle à travers l'écran.

Le lendemain, la vengeance était en route. Des manifestations plus importantes et plus ou moins pacifiques avaient éclatés un peu partout dans le pays et surtout dans notre ville. J'avais été débordé ces derniers jours.

Enfin, je me garais dans la rue de mon ancien collège où Clara travaillait comme pionne et descendis de la voiture. Je luttais contre une brusque nausée et sonnai à l'accueil. On me laissa entrer après présentation de mes papiers d'identité et je me dirigeais vers la vie scolaire où était censé se trouver mon amie. Je toquais doucement alors que je commençais a avoir chaud et voir trouble. Une jeune femme d'environ vingt-cinq ans m'ouvrit la porte.

- Bonjour, je suis venue rapporté quelque chose à Clara, elle l'a oublié à la maison.

J'avais le souffle court et sentais des sueurs froides couler le long de ma colonne vertébrale.

- Je vais lui donner ne vous inquiétais pas. Me sourit elle agréablement.

Alors que je lui tendais le tupperware, mes oreilles se mirent à bourdonner et je l'entendis à peine me demander si je me sentais bien. La nausée était revenue et ma vision était tellement brouillée que je ne la voyais plus. Elle m'aida à m'asseoir sur une chaise et suréleva mes jambes sur une autre.

Lentement je sentis le poids sur ma poitrine s'alléger et ma température corporelle devenir à nouveau normale. J'avais un goût acre dans la bouche et ma vision ne s'améliorais pas mais je me sentais moins pâteuse.

La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant