Chapitre 37: la vie des autres

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Chapitre 37: la vie des autres

Me voilà dans la grande ville. Je comprenais d'où elle tenait son surnom. Non seulement elle était bien plus peuplée que ma ville d'origine mais aussi tout y était plus grand. Habituée aux vieux immeubles bas, au centre historique bimillénaire et aux vestiges d'un autre temps je redécouvrais la ville avec une autre vision, les immeubles plus haut, les rues plus larges et le tout plus moderne.

Une dame d'une soixantaine d'année m'ouvrit la porte de l'immeuble auquel je venais de sonner. Elle était courbé par des années de travail et peu bavarde. Arrivées au bout du couloir elle me montra la chambre que le concierge de l'immeuble (un membre de la résistance locale) me sous-louait, elle était minuscule, juste la place pour une commode et un lit. Je remerciai la dame qui prit congé et retourna à sa tâche. Je fermais la porte derrière elle et m'assieds sur le lit craquant, mon sac à mes pieds. Je pris le temps d'observer mon environnement. Le lit sur lequel je me trouvai, surplombé d'une fenêtre floutée, à une cinquantaine de centimètre en face de moi, la commode entre deux portes, un petit lavabo et un miroir. La porte de gauche était celle par laquelle j'étais entré et l'autre donnait accès a une petite douche. Malgré sa taille ( qui ne me dérangeai pas plus que ça ) la pièce était très agréable et la luminosité filtrant par la fenêtre trouble, apaisante.

J'avalai un anti douleur puis décidai de troquer mon pantalon fluide contre une jupe longue et mon débardeur contre un chemisier léger. J'attachai mes cheveux avec une pince et me réjouis de savoir que je pourrais enfin les recouper en rentrant. J'attrapais mon sac à main ( cadeau de Madame de Ronsard ) et les clés que la dame avait laissé sur la commode puis quittai le lieu.

*

J'arpentai, d'un pas précipité, les couloirs du journal dans lequel j'avais éte embauchée et ma première mission avait été de servir du café, café que je ne trouvais pas dans les bureaux et que j'avais dû aller chercher dans la boutique d'en face. Enfin je retrouvai la pièce où était censé se trouver l'homme à qui je devais un café. Exception faite que la porte était entrouverte et je voyais du sang s'écouler entre le lino et le battant. Je tentai tout de même de toquer, aucune réponse. Je couru déposer le café sur un meuble du couloir et prévint un stagiaire qui passait par là. J'ouvris doucement la porte tandis que le jeune Jonah alla chercher une autorité compétente « juste au cas où ». Quand nous eûmes une vue complète sur la pièce, Jonah était de retour derrière moi et je l'entendis avoir un haut le coeur. Je jetai un rapide coup d'œil circulaire sur la pièce, la victime était avachi sur le tapis, du sang coulant de sa nuque jusqu'à ses papiers, la fenêtre à sa droite était brisée, sûrement l'impact de la balle.

La dite « autorité compétente » ( le directeur, monsieur Le Duc ) apparut à mes cotés tandis que son stagiaire était au téléphone avec les secours. Il avança dans la pièce, observa son collègue étendu au sol puis revins près de nous tandis que je luttais contre mon instinct de secouriste pour ne pas courir au près de la victime, retenu par mon autre instinct, l'instinct de survie. Le directeur eu un soupir puis s'approcha de Jonah et posa une main sur son épaule:

- Je pense que ça ne servira à rien, il est mort Jonah. Le jeune homme acquiesça lentement et passa le téléphone a son patron qui reprit l'appel téléphonique. Il me pria silencieusement d'amener le stagiaire sous le choc dans une autre pièce ce que je fis.

Nous retournâmes à l'entrée, au secrétariat et je lui proposai un verre d'eau qu'il accepta. J'expliquais brièvement la situation à ma collègue, secrétaire générale, Cathy et elle prit en charge le jeune homme.

La victime s'appelait Guillaume Le Duc, il était l'oncle du directeur du journal, ancien propriétaire, toujours journaliste à ses heures perdues. Après cet événement monsieur Le Duc était venu me voir, dissertant à propos de ma première journée « hors du commun » et ma capacité à gérer mes émotions fasse à une scène si traumatisante. Il devait avoir maximum vingt-cinq ans et était plutôt énergique. Dommage qu'il fut à la botte du royaume et que les informations qu'il fournissait soit fausse, il avait une belle plume...

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