Chapitre 41: la colombe

6 1 8
                                    

Chapitre 41 : la colombe

PDV Clémence

Je les suivais dans un silence de cathédrale. Tout autour de moi était flou. Cela faisait des mois que je me préparais à cet instant, et pourtant, vaincue et à la merci de tous, j'étais ridicule.
Ridiculement insignifiante.

Une si petite et inoffensive créature que moi, encadrée par quatre colossaux soldats du royaume.

Leur armes étaient plantés dans le creux de mon dos, et ils m'escortèrent jusqu'à un véhicule blindé. J'étais impuissante, avec pour seul arme mes mots, et seul consigne de ne pas m'en servir.

Ma cellule était minuscule. Au dehors j'entendais le brouhaha de la rue que je ne pouvais voir. J'étais menotté, attaché au pied de mon lit de fer, et bâillonné. Je ne comptais pas parler. Je ne comptais pas leur faire ce plaisir. Si j'étais attaché si fort c'était pour m'empêcher d'user de mes mots, ainsi je ne pouvais graver ma colère dans les murs ou échapper au sort qu'ils me réservait en mettant moi même fin à mes jours.

Dans cette petite pièce souterraine obscure, je ne regrettais rien. Aucuns de mes écrits ni la publication de mon livre. J'avais usé jusqu'à la corde de toutes les allusions possibles et avais fini par dénoncer directement les horreurs de la guerre.

Ma liberté bafouée venait d'être exterminé. Mon seul regret était de ne pas mourir libre.

Mais je serais libre d'esprit.

Lorsque l'on m'interrogeai, je ne crachai aucun nom. Aucun indice. Juste un regard froid, et muré dans un silence imposé.

Ils croyaient facilement à l'histoire d'une autrice en manque de libertés qui avait décidé d'arracher ses chaînes seule, sans l'aide de personne. Un loup solitaire dans l'incendie de la révolte qui faisait brûler le pays.

Un soir, à la faible lueur de la lampe murale, je sentis une larme roulée. Mais je ne pouvais l'arrêter, toujours engoncé dans mes anneaux de fer. Captive et seule. Les larmes ne cessaient leur descente le long de mon visage et allèrent s'écraser sur le métal froid qui entravait mes poignets. Des sanglots me secouaient et je ne sentais plus mes mains, transies de froid.

Elle me détestait. Et ça je ne le contrôlais pas. Ça je m'y attendais, mais je n'y avais pas cru. Jusqu'au dernier moment, j'avais voulu espérer que ce ne serait que passager, mais son regard emplie de tristesse, son air désemparée, sa colère... Je l'avais trahie.

Elle me détestait pour un choix qu'elle aurait fait elle même.

Et ça, ça me broyait les entrailles. Ça me brisait le cœur. En un million de petits morceaux.

***

Quelques jours plus tôt

Yohann venait de rentrer de chez nos amis et moi de chez ma sœur. Il était froid, distant, mais surtout triste.

- Yohann, qu'est ce qui t'arrives ? Inquiète, je m'assisse à coté de lui.

- J'ai vu Justine. Il laissa sa phrase en suspend et je le regardais, soucieuse.

- C'est dangereux. Acheva t'il.

- On le savait depuis le début. Je suis en accord avec ça et tu le savais.

- Oui, mais pas si vite, pas si fort. Il me regarda et ajouta, pas aussi dangereusement.

- Je ne peux pas me taire. Objectai je en croisant les bras.

- Je sais, et je ne te demande pas de le faire. Mais tu aurais du faire attention ! Tu aurais dû prendre moins de risques ! Il s'était levé maintenant et parlait de plus en plus fort.

La RésistanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant