39 |Terreurs nocturnes|

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Après une longue hésitation, je décide de m'installer dans la chambre adjacente à celle de Justin.

Cette même chambre où je me suis réveillée après avoir pris une balle dans le ventre.

Je me laisse lourdement tomber sur le lit et passe les mains sur mon visage en essayant de faire le point avec moi-même.

Beaucoup trop d'événements viennent de se produire simultanément et j'ai urgemment besoin d'y voir plus clair, après avoir été dans le déni pendant deux semaines.

D'abord Ryan est mort.

Je l'ai tué de sang-froid alors même qu'il m'avouait ne pas être responsable de la mort de mon frère.

Mais il s'apprêtait à le faire.

Mais il ne l'a pas fait alors que je suis moi-même responsable de la perte de ses frères.

Comment peut-on vivre avec ça ?

On ne peut pas.

C'est pour ça que je me noie dans l'alcool et la drogue, pour m'empêcher de penser.

Pour fuir lâchement la réalité.

Parce que c'est ce que je suis.

Je prends la fuite comme le ferait un enfant, mais cette période d'innocence est révolue.

Aaron a été tué par un débutant.

Les policiers avaient peut-être raison après tout : il s'agit d'un règlement de compte entre petits délinquants ou peut-être d'un cambriolage qui a mal tourné.

Mais il n'y avait pas d'effraction me rappelle ma conscience. Aaron connaissait son assassin, ou peut-être pas.

Il était tellement gentil.

Huit balles.

On ne s'acharne pas comme ça si on ne connaît pas la personne, ou peut-être que si ?

Mon rythme cardiaque s'intensifie et mes mains se mettent à trembler à mesure que mes interrogations m'assaillent, me font suffoquer.

« Est-ce que tu serais prête à tout recommencer avec moi ?  ».

« Oui ».

Je mords dans ma lèvre inférieure et mes jambes se mettent nerveusement à bouger.

Je me redresse brusquement et extirpe une cigarette de mon paquet avant de me rendre sur le balcon de la chambre, allumant le cylindre blanc en tirant convulsivement dessus.

Je tire tellement vite et fort que ma tête se met à tourner.

Quelle heure est-il ?

À en juger par la position de la lune, il est plus de trois heures du matin et je n'ai pas sommeil.

Pas sommeil du tout.

Et puis, si je ferme les yeux, mes vieux démons viendront me hanter.

Je ne peux pas le supporter.

Subitement, je me rappelle que ma tête a été mise à prix et qu'à l'heure actuelle, des gens sont à mes trousses pour m'éliminer.

Et si je les laissais faire ?

Avec un peu de chance, ils se contenteront de loger une balle dans ma tête et je n'aurais même pas le temps de souffrir.

Alors je rejoindrai Aaron.

- Éloigne-toi du bord, me surprend la voix grave de Justin.

Je reviens à la réalité et me rends compte que je suis excessivement penchée sur la barrière qui entoure le balcon.

THE SHOT [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant