Tianlong - Tome 1 : Genèse

Chapitre 32 : Liés

Japon, Tokyo, hôpital, chambre de Kazuto Shiota, 2 juillet 2500, 10h30

Sans faire de bruit, Shoto entra dans la pièce, tout en sachant que Mitsune savait qu'il était là. Comme preuve, il vit ses oreilles se mouvoir mais elle ne bougea pas. Il s'approcha un peu et remarqua rapidement que Mitsune tenait entre ses fines mains celle d'une autre personne, celle de son père. Son corps semblait sans vie, seuls les bruits réguliers des machines permettaient d'affirmer qu'il était vivant.

Kazuto Shiota devait être un Kitsune fort et vigoureux, tout du moins c'était ce que Shoto pensait, avant son coma. Malgré l'ample chemise d'hôpital, l'aspect élancé et fin du père de la blonde ne passait pas inaperçu, tout comme, malheureusement, ses nombreuses lésions sur sa peau d'albâtre, similaires à celles de sa fille, même si elles étaient irrémédiablement plus anciennes et complètement guéries. Mais certaines blessures ne disparaîtraient jamais, comme sa propre brûlure...

Ses longs cheveux blonds, identiques à ceux de sa fille, s'étalaient sur son coussin telle une auréole. En dehors de la couleur de la peau, le père et la fille étaient strictement identiques lorsqu'on les voyait comme ça. Shoto se demanda avec un brin de tristesse si la Kitsune avait hérité de son père son talent pour l'art.

« Shoto... pars... », souffla Mitsune sans le regarder, lorsqu'elle sentit qu'il s'approchait trop.

Le plus jeune des Todoroki s'immobilisa, sans pour autant faire marche arrière. A la place, il resta planté là, dans cette chambre d'hôpital qui sentait la tristesse et la détresse. Il ne pouvait se résoudre à la laisser seule avec ses noires pensées, bien qu'il comprenait qu'elle ait besoin de son intimité. Ses oreilles et sa queue pendaient lamentablement vers le bas et il arrivait à percevoir les sanglots qu'elle étouffait. Elle ne voulait pas qu'il la voit faible, visiblement, mais Shoto n'était pas d'accord. Si ce qu'il avait compris était la vérité, alors elle portait depuis bien trop longtemps un fardeau trop lourd pour ses épaules. Si, lui, son père le voyait comme l'enfant parfait, qui surpasserait All Might, sa mère à elle la voyait comme un animal tout juste bon à accomplir ses rêves. Ce poids d'avoir été considérée dès l'apparition de son alter comme un animal, comme un être dénué de conscience et de sentiment, s'ajoutait à celui de devoir suivre le chemin tracé par sa mère, au risque que son père paie le prix fort au moindre faux pas. Ce fardeau était clairement trop lourd pour elle, au vu de la rage qui s'emparait d'elle dès qu'on parlait de sa mère ou de son père.

« Shoto... s'il te plaît... », insista-t-elle, la voix cassée par les sanglots qu'elle retenait.

En silence, il s'approcha d'elle et l'enlaça par derrière, mettant maladroitement ses bras sur les épaules de la blonde, peu habitué à démontrer des marques d'affection, pour essayer de lui transmettre sa propre force mentale.

« Je ne partirai pas. », chuchota-t-il à son oreille de Kitsune, qui frémit en sentant son souffle sur sa fine peau.

Elle ne répondit pas mais dégagea une de ses mains pour la lever et la refermer sur un bras du bicolore. Sa main tremblait tandis que ses griffes lui rentraient dans la peau sans le faire saigner, comme si elle cherchait à se dégager tout en voulant qu'il reste. Il la serra un peu plus fort et posa sa tête sur la sienne avant de la bercer en l'entraînant dans un lent mouvement de balancier. Il sentait distinctement les larmes de la jeune Shiota mouiller sa peau, mais cela lui était égal.

« Tout le monde a ses faiblesses Mitsune, tu as le droit d'avoir les tiennes. Tu as le droit de flancher de temps à temps, de craquer, parce que c'est normal. Tu n'es pas un être dénué d'émotions et de sentiments, tu es un être humain. Tu n'as pas à avoir peur de montrer tes faiblesses à tes amis, ils sont là pour t'aider à les surmonter. Tu n'as pas à te cacher si tu as envie de pleurer ou de crier. Tu n'es pas parfaite, personne ne l'est, peu importe ce que peuvent dire les adultes. »