Chapitre 52 : Elerinna Shiota

47 4 11
                                    

Mondstadt, Vallée Tombétoile, temple des Hakushin, bibliothèque secrète, 31 juillet 2500, 20h

« Voyons voir... normalement, les actes de naissance des Shiota sont dans ce tiroir... », murmura Mitsune en ouvrant un des tiroirs d'une des très nombreuses armoires à dossier.

Du bout de sa griffe, sa fatigue étant occultée par la curiosité qui la rongeait, elle lut tous les petits bouts de pierre attachés à des feuilles de plastique séparant les dossiers par ordre alphabétique. Dans la journée, elle avait discuté avec Nagisa à propos de la fresque, et il l'avait vivement encouragé à découvrir la vérité, en promettant qu'il informerait lui-même son père. La blonde n'avait donc pas hésité beaucoup plus longtemps.

Ne connaissant pas le nom de sa petite sœur, Mitsune chercha d'abord son dossier à la lettre M, mais elle ne le trouva pas. Elle regarda donc à la lettre K pour trouver celui de son père, tout en se fustigeant sur le fait qu'elle avait oublié que son prénom restait Katsuko, même si elle se faisait appeler Mitsune par tous, sauf quelques exceptions comme Rei, Xiao, et Miko, et les Archons quand ils étaient entre eux qui l'appelaient Kokomi. Bien évidemment que son dossier était à la lettre K. Ce fut d'ailleurs le premier qu'elle trouva.

Elle le prit et l'éplucha, rigolant de temps en temps en tombant sur des photos ridicules d'elle enfant, comme celle de sa période « mon corps est ma toile ». En dehors de l'école, elle était toujours en petite culotte et peignait sur son corps. Son père s'en étranglait à chaque fois et la mettait vite sous la douche pour retirer sa parure de couleur avant qu'Aiko ne rentre. Mais quand il savait qu'elle ne rentrerait pas avant le lendemain soir minimum, il l'aidait à terminer son œuvre en peignant les zones qu'elle ne pouvait pas colorer seule, comme son dos. Elle avait six ans à l'époque. Maintenant qu'elle y réfléchissait, elle avait ressenti une étrange joie cette année-là, comme si quelque chose d'extraordinaire allait se passer et que son corps devait arborer ce bonheur débordant qui existait dans son coeur.

Mais il ne s'était rien passé. Son bonheur avait disparu six mois plus tard, aussi mystérieusement et rapidement qu'il était apparu. Peut-être qu'elle avait senti inconsciemment l'arrivée de sa petite sœur, à cette époque. Sauf que son père l'aurait senti aussi, et beaucoup plus précisément qu'elle.

« Aiko l'avait peut-être drogué pour l'empêcher de découvrir l'existence de cette enfant qui grandissait en elle. Si cela se trouve, elle nous droguait tous les deux avec ses fluides, pour qu'on ne remarque pas que son ventre grossissait... », murmura Mitsune. « Ah ! Famille ! C'est ce que je cherchais. »

Elle fit glisser son doigt sur les noms de ses parents et leurs professions pour arriver à la case « frère et soeur ».

« Soeur aînée d'Elerinna Shiota... », lut Mitsune. « Elerinna... comme la petite sœur de Wolfy. Andrius ne veut pas que je la rencontre... »

Prise d'une impulsion, elle rangea son dossier et alla à la lettre E du tiroir pour en tirer celui de sa petite sœur. Dans son propre dossier, elle avait remarqué que ses lieux d'habitation passés et présent étaient notés, avec des détails sur la situation de sa famille. Tout ce que Miko savait sur sa vie, même la violence dont faisait preuve Aiko envers elle et Kazuto, tout était noté là, avec photos et documents à l'appui. Des informations qu'elle avait vite sauté tant elle en avait la nausée, mais belles et bien existantes. Elle chercha donc les informations sur le lieu d'habitation de sa cadette, et fut à peine surprise d'apprendre qu'elle était sous la tutelle d'Andrius, et non pas adoptée comme Klee et les autres enfants Lykensen.

« C'est pour ça qu'ils ne voulaient pas que je la rencontre, ils savaient que je la reconnaîtrais, sans doute à l'odeur. »

En songeant cela, sa discussion avec la fillette de la forêt lui revint en mémoire. Elle lui avait dit qu'elle n'avait pas le droit de lui parler, de la voir, mais que leur rencontre réelle n'était qu'une question de temps. La fillette avait bloqué son sens de l'odorat, rendant impossible son identification par ce moyen-là.

Tianlong - Tome 1 : GenèseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant