•Chapitre 55•

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Willow était contre le mur, les yeux fermés, les bras mollement posés aux mains menottées sur ses genoux posés. Il n'y avait pas un bruit dans la prison si ce n'étaient que des ronflements des détenus. Enjo était lui aussi en train de dormir, paisible et silencieux. Elle avait tellement de choses dans la tête, tant d'idées et d'informations, que le temps semblait ralentir sous le silence pesant et mort du couloir. Elle finit par s'endormir, fatiguée de cette journée mouvementée qui l'avait mise dans tous ses états.

Une paire d'heures plus tard, il eut du bruit dans les escaliers, des pas sourds. La jeune femme était trop profondément endormie pour les entendre.
Elle repensa au baiser qu'elle aurait voulu lui voler, et qu'elle avait une fois de plus repoussé. Elle sentit les sensations que ses lèvres sur sa joue avaient réveillées, le long frisson, la chaleur, son parfum, sa voix si près d'elle, ses yeux envieux...
Rêveuse, elle ne remarqua pas l'ombre passer devant eux avant de s'arrêter. Une clé fut mise dans la serrure et ouvrit la porte que l'ombre traversa avant de la refermer.
Ce fut en entendant la porte de métal claquer qu'elle ouvrit brusquement les yeux. Willow était encore endormie et confuse, mais put très bien voir le fusil pointé sur elle. Elle releva le regard vers le tireur et tomba sur le soldat qui l'avait enfermée un peu plus tôt.

«-Qu'est-ce que vous faites? Demanda soudainement Enjo en s'asseyant sur le bord du lit »

Ils continuèrent à se fixer dans les yeux sans bouger, l'un aussi menaçant que l'autre.

«-Je me doutais bien avoir reconnu cette étincelle haineuse dans vos yeux. Souffla-t-elle, agacée
Qu'est-ce que je vous ai fait, à vous? »

Il ne répondit pas, mais à la place, agrippa un peu plus la gâchette. Willow essaya de rester calme mais commençait à sérieusement s'inquiéter. Elle serra les dents et siffla.

«-Si vous tenez tant que ça à me tuer, tirez maintenant. Je suis de nature impatiente. Siffla-t-elle »

Il s'agaça, mais ne fit rien. Il tremblait, elle pouvait le voir aussi bien que la goutte de sueur roulant le long de sa tempe droite. Willow en était surprise, et confuse.

«-Enfoirée. Déclara-t-il seulement »

Sur ces mots, il tira. Willow vit directement la balle voler vers elle et eut à peine le temps de pencher sa tête sur la gauche. Un trait de sang coula de sa pommette, la petite boule de plomb s'enfonça dans le mur de béton avant de tomber au sol. Le soldat écarquilla les yeux d'horreur et recula sous le choc. La jeune femme se leva doucement et s'approcha lentement, les mains toujours liées. Il la mit précipitamment en joue, la faisant tout de suite réagir. Elle donna un violent coup entre les jambes, puis un dans le visage, et dans les tempes. Elle dévia rapidement le flingue et le poussa contre le mur, le plaquant, le fusil sous son menton. Elle le fixa dans les yeux, sérieuse, meurtrière.

«-Pour qui travaillez-vous? Demanda-t-elle

-Va au diable! »

Sur ce, elle tourna la pointe de l'arme sur son pied et tira sans hésiter. Il cria de douleur, le membre en sang, incapable de se tenir debout. Il tomba contre le mur, maintenant assis sur le sol. Elle le suivit et replaça le fusil devant sa tête. Enjo les regarda, sur le bord du lit, les bras croisés, intéressé de savoir jusqu'où tout cela irait.

«-Je n'ai pas l'intention d'écouter une fois de plus toutes ces insultes sans menace. Prévint-elle
Répondez seulement. Fit-elle
Pour qui travaillez-vous? Demanda-t-elle

-J'en sais rien.

-Qui vous a demandé de me tuer? Questionna-t-elle

-Personne.

CLAN ROUGEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant