Céder à la tentation

Chapitre 3 - Sofia

Après une matinée de travail harassante, je prends l'ascenseur pour rejoindre mon frère dans son bureau, trois étages plus hauts.

J'avoue être déçue de ne pas y trouver Carter.

Lui et moi nous croisons plus qu'autre chose ici, mais aucune de nos rencontres ne me laisse indifférente. En l'occurrence, celle d'hier soir m'a laissée... humide.

Et c'est loin d'être la première fois.

Pourquoi faut-il qu'un connard pareil soit aussi sexy ?

Je veux dire... Sérieusement... Qui peut résister à un mètre quatre-vingt de muscles et de sourire ravageur ?

Et ses yeux... Vert émeraude avec une pointe de gris en leur centre. Je n'ai jamais vu un tel regard chez qui que ce soit d'autre. Et quand il a le malheur de croiser le mien, je perds tous mes moyens.

Oui, quand Carter est dans les parages, je deviens folle.

Je fais en sorte de ne rien laisser paraitre, évidemment.

Hors de question qu'il soupçonne quoique ce soit !

Et puis, il n'y a pas qu'à moi qu'il fait cet effet. Il suffit de regarder autour de lui quand il passe quelque part... Les hormones des femmes de cette boîte réagissent au moins autant que les miennes.

Ça s'affole dans tous les sens, ça minaude et je vois même quelques boutons de chemisiers qui sautent.

Certes, Carter est incroyablement sexy, mais je ne me résoudrais jamais à adopter ce genre d'attitude pour le séduire. Non, je vaux bien mieux que ça. N'est-ce pas ?

En y repensant, le coup du pied plaqué contre la paroi d'ascenseur hier soir était peut-être un peu limite.

Disons que je me suis... laissée emporter. Une fois. Rien qu'une fois.

Ça ne se reproduira plus.

Parce que Carter est hors limites.

Proscrit. Interdit. Hors de question. Inenvisageable, Sofia. Rentre-toi ça dans la tête !

Evan m'assassinerait. Enfin, non. Mon frère le tuerait lui. Et je ne veux la mort de personne sur la conscience.

Quand ces deux-là se croisent dans les couloirs, la température dégringole instantanément. Une rencontre inopinée entre eux est plus efficace que la clim à fond en pleine chaleur.

J'ai toujours l'impression de me trouver dans un western quand ça se produit et je m'attends presque à voir l'un des deux dégainer. Le duel de regards, le silence glacial... Il ne manque plus que l'amarante qui virevolte à leurs pieds.

J'ignore l'origine de leur querelle, mon frère ayant constamment refusé d'aborder le sujet avec moi. Mais ce que je peux dire avec certitude, c'est qu'elle est encore d'actualité malgré les années.

Alors je fais profil bas et j'attends que l'orage passe.

Et en général les choses se règlent d'elles-mêmes. Ils sont forcés de collaborer et chacun d'entre eux a appris à faire avec.

C'est la sonnerie de l'ascenseur m'indiquant l'ouverture des portes qui me tire de ma divagation.

Comme à mon habitude, je traverse le couloir en direction du bureau d'Evan, saluant au passage les autres employés, que je connais bien.

John, qui travaille dans le bureau juste à côté de celui de mon frère, me rejoint alors que je m'apprête à frapper à la porte.

— Eh, salut la plus belle me dit-il avec un sourire charmeur.