Chapitre 32 - Carter

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Je m'apprête à commander à dîner dans l'un des restaurants de la rue adjacente lorsque je vois passer Sofia.

À cette heure pourtant tardive, elle semble tout juste sortir de nos locaux.

Je me demande un instant si elle cherchait à m'éviter.

En dehors de notre rencontre inopinée devant le bureau de Clarisse tout à l'heure, elle ne m'a pas adressé la parole depuis notre soirée chez moi.

Je fais de mon mieux pour respecter son choix et lui laisser le temps qu'elle a réclamé pour assimiler ce que je lui ai révélé, mais l'attente me paraît interminable.

Elle me manque.

Je ne peux m'empêcher de la suivre des yeux pendant qu'elle avance parmi la foule.

Ses cheveux lui tombent en cascade dans le dos. J'ai remarqué qu'elle aimait les relâcher en fin de journée.

Et voilà mon esprit qui se perd à nouveau, se remémorant comment elle appréciait lorsque je les faisais glisser entre mes doigts, il y a quelques jours à peine...

Je ne suis pas du genre à m'en remettre au destin, mais je me dis que si elle passe ici et maintenant, juste sous mes yeux, c'est une opportunité incroyable. Une occasion que je devrais peut-être saisir.

Mais alors que j'hésite, mes yeux se portent à leur tour sur un homme qui semble la suivre.

J'aperçois Sofia qui se retourne, comme si elle avait ressenti cette présence, et l'individu en question qui se décale, probablement pour éviter qu'elle ne le voie.

SI j'avais encore des doutes, je n'en ai plus. Ce salopard lui colle au train.

Je sors immédiatement du restaurant et je lui emboite le pas.

J'accélère pour ne pas la perdre de vue et réduis rapidement la distance qui nous sépare tandis que l'on s'éloigne de l'artère principale et que la foule diminue.

Je l'observe plaquer une main sur l'épaule de ma belle et la pousser dans la ruelle adjacente.

Je ne suis qu'à une dizaine de mètres tout au plus, mais ces quelques pas que je dois encore faire pour la rejoindre me semblent durer une éternité. S'il lui arrive quoi que ce soit, je ne me le pardonnerai jamais.

Ce salopard l'a collée contre un mur et l'empêche de se débattre.

— Changement de plan, mon pote ! Declaré-je à l'homme en les rattrapant enfin.

Surpris, il relâche sa prise sur Sofia qui vient immédiatement se placer derrière moi.

Elle a les yeux rouges et remplis de larmes, les deux premiers boutons de son chemisier sont défaits et elle semble terrifiée.

Il y a de quoi.

— Est-ce que ça va ? lui demandé-je.

— Oui, parvient-elle à me dire entre deux sanglots.

Je respire à nouveau maintenant que je la sais en sécurité. Mais l'homme que je viens de déranger n'est pas décidé à abandonner la partie si facilement.

— T'es qui, toi ? me lance-t-il d'un ton dédaigneux.

— Quelqu'un que tu aurais préféré ne pas croiser aujourd'hui, lui rétorqué-je.

— La demoiselle et moi, on était occupés.

J'ai l'impression que mon sang se met littéralement à bouillir dans mes veines. Mon cœur, qui battait déjà à cent à l'heure, semble à présent sur le point d'exploser. Je vais tuer cette ordure.

Céder à la tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant