Céder à la tentation

Chapitre 6 - Carter

J'ai passé l'essentiel de ma soirée à imaginer la façon dont j'allais aborder cette première journée seul avec Sofia.

Et pour dire vrai, je n'ai pas franchement trouvé de solution.

Je suis connu pour ne pas être commode ici, alors je pourrais la jouer patron tyrannique. Je ne pense pas l'être, mais il semblerait que demander aux employés de donner le meilleur d'eux-mêmes me fasse parfois passer pour un salaud.

Je suis certain que c'est déjà comme ça qu'elle me considère même si, dans les faits, elle et moi sommes rarement amenés à nous côtoyer au bureau.

On ne va pas se mentir, elle me plait. Si ce n'était pas le cas, je ne me poserais même pas la question de savoir comment je dois me comporter avec elle.

Mais je suis là, à tourner comme un lion en cage en attendant son arrivée.

D'ailleurs, elle devrait déjà être là. Elle qui est toujours si ponctuelle en temps normal...

Peut-être a-t-elle appris que nous devions collaborer et l'a-t-elle refusé ?

Non, c'est peu probable.

Elle s'est systématiquement montrée extrêmement investie dans son travail et je doute sincèrement qu'elle puisse adopter un comportement pareil, juste parce que nous allons devoir faire équipe.

Cette nana me fait clairement perdre la tête et on a même pas encore commencé à coopérer. Ça promet !

— Bonjour Carter, me dit soudainement une voix que je reconnais immédiatement.

Je me retourne en direction de la porte par laquelle Sofia vient de faire son entrée.

Le soleil est au beau fixe à l'extérieur et elle a opté pour une délicieuse petite robe d'été fleurie rouge et blanche qui met parfaitement en valeur ses si jolies courbes. Pas trop décolletée ceci dit. Et heureusement pour moi, car je pense que j'aurais eu bien du mal à ne pas le regarder.

Elle est sexy, mais pas vulgaire. Quoiqu'elle porte.

Mais ce n'est probablement pas sur sa tenue que je devrais me concentrer.

— Tu es en retard, lui dis-je un peu sèchement.

Alors que j'hésitais il y a quelques secondes encore, il apparait que mon cerveau ait choisi de passer en mode sale con. Bien joué, Carter !

Tant pis pour la bonne impression ou ce qu'elle va penser de moi.

Elle semble légèrement gênée et moi... Je regrette immédiatement ce que je viens de dire.

— Je sais, je suis désolée, me répond-elle en poursuivant son chemin jusqu'au bureau de Clarisse, prenant soin d'éviter mon regard.

Je l'observe faire, mais choisis de ne pas insister. Elle a les yeux de quelqu'un qui a passé une nuit trop courte... Brièvement, je me dis qu'un homme en est peut-être à l'origine et une pointe de jalousie me traverse. Après tout, j'ignore tout de sa vie en dehors d'ici...

Elle dépose une liasse de documents et s'immobilise, attendant visiblement que je lui donne mes consignes.

— Tu n'as pas l'air surprise de me trouver ici. James t'a prévenue ? demandé-je.

— Oui, Clarisse et lui m'ont appelé hier.

Étant données mes relations plus que glaciales avec son frère, je me dis qu'il serait probablement judicieux de mettre les choses au clair dès maintenant.

— Ça ne te pose pas de problème ?

Elle se redresse légèrement et me fait face. Si ses yeux pouvaient lancer des poignards, j'en prendrais sans doute un en plein cœur à ce moment précis.