Céder à la tentation

Chapitre 23 - Sofia

Mes yeux ne semblent pas parvenir à décider s'ils doivent s'arrêter sur Carter ou sur son père et font donc des aller-retour de l'un à l'autre depuis plusieurs minutes déjà. 

La tension entre les deux hommes est palpable tandis que nous prenons place dans le salon.

On pourrait faire tenir tout mon appartement rien que dans cette pièce ! Me dis-je en m'installant dans le fauteuil qu'on me désigne. Mais l'endroit est agrémenté avec beaucoup de goût.

Des tons pastels ornent les murs et une baie vitrée monumentale qui, en journée, doit baigner l'espace de lumière, offre une vue imprenable sur l'énorme jardin que nous venons de traverser.

Je ne suis pas particulièrement branchée aménagement intérieur, mais il me semble que tout ici a été choisi avec énormément de soin et offre un rendu fantastique.

— La décoration vous plait ? me demande la femme qui me fait soudainement face.

Comme si c'était encore possible, mon cœur se met à battre plus fort. J'ai l'impression terrible qu'il peut exploser d'un instant à l'autre. Heureusement pour moi, lorsque je relève les yeux vers elle, le sourire sincère qu'elle m'offre me fait du bien et a le mérite de me rassurer un peu.

— C'est magnifique, dis-je en me levant pour accepter la main qu'elle me tend.

— Mariana Coleman, la mère de Carter, me dit-elle simplement.

De toute évidence, Carter tient beaucoup de son père. La mâchoire carrée, la stature, la couleur de cheveux... Mais c'est incroyable de constater à quel point ses grands yeux verts sont similaires à ceux de sa mère.

Et à l'heure actuelle, ils me scrutent avec précision, jugeant certainement du niveau d'attention que l'on doit m'accorder dans cette pseudo réunion de famille.

— Sofia Smiles. Je suis une... collègue de votre fils.

Carter, qui était assis sur le fauteuil à côté du mien, se lève pour venir la saluer.

— Bonsoir, Maman, désolé pour tout ça, je ne voulais pas te faire peur.

Mariana le serre dans ses bras avec un sourire bienveillant.

— Et bien, tu aurais pu emprunter la porte d'entrée, mais je suis heureuse que tu sois là, malgré tout, lui dit-elle.

— Je peux savoir pourquoi tu es ici ? Lance son père à l'attention de Carter, qui se crispe immédiatement, interrompant les retrouvailles entre sa mère et lui.

Il s'assied à nouveau à mes côtés, et j'en profite pour saisir sa main. Durant les trois ans que nous avons passé ensemble au sein de Porter Industries, jamais je ne l'ai vu avec cette ombre dans les yeux et cela me fait énormément de peine pour lui.

Le regard de son père se porte sur nos mains entrelacées et je regrette instantanément mon geste. D'autant que je viens de me présenter comme sa collègue. Je ne suis pas certaine que ce soit le moment idéal pour leur dévoiler notre début de... relation ?

Moi-même, j'ignore comment définir ce que je vis avec lui...

Je cherche à la retirer, mais Carter m'en empêche, m'offrant un sourire rassurant.

— Je suis à Los Angeles pour affaires, répond-il.

J'observe son père qui lui lance un regard dédaigneux. Seigneur, j'ai beau tout faire pour garder mon calme, je suis clairement à deux doigts de me lever et de le gifler pour mettre fin à cette situation absurde. Sérieusement, c'est quoi son problème ?

— Et de quel genre d'affaires parle-t-on exactement ? lui demande-t-il.

— Une fusion, répond Carter qui tente visiblement de se montrer le plus bref possible, refusant de baisser les yeux face à l'homme qui se tient toujours debout devant nous et nous toise.