Chapitre 9 - Sofia

1.3K 101 15
                                    


Je n'avais pas anticipé que ce petit numéro me ferait autant d'effet.

Pour être honnête, je ne l'avais même pas prévu.

Lorsque l'hôtesse a adressé ce sourire plus que charmeur à Carter, j'ai vu rouge. Pourquoi ? J'ai du mal à me l'expliquer, mais je me suis dit que ce serait une bonne idée de jouer au jeune couple.

Et j'ai... Oh, mon dieu, maintenant qu'elle s'est éloignée, je prends enfin conscience de ce que j'ai fait. Et c'est mauvais. Très mauvais.

Mais qu'est-ce qui m'est passé par la tête ?

Est-ce que je viens sérieusement de faire croire que je suis sa fiancée ?

Je ne peux pas avoir fait une chose pareille, n'est-ce pas ? Je veux dire, j'ai eu un tas d'idées absurdes dans ma vie, mais celle-là, je la place tout en haut de la liste. Elle écrase les autres, et de loin !

J'ai pris la main de Carter. Et je lui ai lancé cette phrase horriblement bateau.

Sofia, merde !

Le pire dans tout ça, c'est qu'il a semblé ravi. Cela ne lui a causé aucun problème et il est bien volontiers entré dans mon jeu. Heureusement d'ailleurs, sans quoi je me serais probablement offert le plus grand moment de solitude de toute mon existence.

Ces derniers jours passés avec lui ont mis mes nerfs à rude épreuve. Mais j'ai tenu bon !

Et là... Je craque. Dès notre vol aller. Alors que nous sommes assis dans l'avion depuis peu et que nous allons passer les prochaines soixante-douze heures tous les deux.

Tu as vraiment choisi le moment idéal, Sofia !

Tu es coincée avec lui pendant encore au moins cinq heures à plusieurs kilomètres au-dessus du sol. J'imagine qu'aller me cacher dans les toilettes et n'en ressortir qu'au moment de l'atterrissage n'est pas une option envisageable... C'est du pur génie, ma grande !

Il y a bientôt trois ans que Carter et moi travaillons dans la même compagnie, mais jamais nous n'avions été amenés à associer nos efforts comme nous l'avons fait. Je pense que je me suis un peu monté la tête.

Ça arrive lorsque deux personnes passent énormément de temps ensemble.

Des affinités se créent.

Oui, des liens, c'est ça...!

Inutile de me voiler la face plus longtemps. Carter me plait, de toute évidence. Depuis un bon moment déjà. Mais cette proximité n'a fait qu'exacerber ce que je dissimulais si bien jusqu'alors et que notre étroite collaboration a mis au grand jour.

Et puis, je dois bien avouer que ces derniers jours passés ensemble n'ont pas été trop désagréables au final, contrairement à ce que je m'imaginais.

Est-ce que j'irais jusqu'à dire que j'ai apprécié sa présence ? Cela m'ennuie de l'admettre, mais... oui. Un peu. Rien qu'un tout petit peu.

J'ai beau essayer de continuer à me convaincre que je dois le détester, tout comme mon frère. Mais rien n'y fait.

La vérité c'est que ces moments partagés dans l'intimité de nos bureaux m'ont permis de le découvrir sous un nouvel angle. Et il est loin d'être l'enfoiré arrogant dont il renvoie pourtant si bien l'image !

J'ignore pourquoi il ne cherche pas à s'en défaire.

Mais ce qui est certain, c'est qu'en ma présence, il a commencé à laisser entrevoir une autre partie de lui. Une partie plutôt agréable, d'ailleurs.

Et cela ne m'aide pas à garder les idées claires.

Il était plus facile de le tenir à distance avant que nous ne passions toutes nos journées enfermés dans vingt mètres carrés, ou que nous embarquions pour un vol à l'autre bout du pays. Nous nous croisions dans les couloirs, échangions deux ou trois mots lorsque c'était absolument indispensable et je m'en sortais très bien comme ça.

Céder à la tentationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant